Les écoles secondaires de Montréal s’attaquent au sexting

Les écoles secondaires de Montréal s’attaquent au sexting
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La procédure d’intervention SEXTO a été déployée ces derniers mois dans la majorité des écoles secondaires de Montréal afin de contrer le phénomène inquiétant du sexting chez les adolescents. En obtenant un taux de récidive inférieur à 3 %, policiers et judiciaires estiment avoir « mis dans le mille » avec cette méthode qui privilégie la prévention plutôt que la poursuite pénale des jeunes.

Un cas typique de sexting est celui de deux jeunes qui se fréquentent et qui échangent des photos d’eux nus via leur téléphone portable. Au moment de la rupture, celui qui ne l’accepte pas diffuse largement des photos de son ex-compagnon. On peut aussi penser au cas d’une jeune qui confie à ses amis avoir reçu des photos d’une personne nue par SMS et qui les relaie pour le prouver et être acceptée.

Sauf que l’expérience peut être très traumatisante pour ceux qui voient leurs photos circuler : ils peuvent être ridiculisés par leurs pairs et même être victimes de harcèlement.

«Le sexting est un problème grandissant», constate le commandant Marco Breton, de la Section d’exploitation sexuelle du Service de police de Montréal (SPVM), qui peut impliquer plusieurs jeunes. provenant de différentes écoles étant donné que la diffusion des images via Internet se fait à la vitesse de la lumière.

C’est pourquoi il se réjouit que l’initiative SEXTO soit désormais en place dans la métropole pour faciliter le traitement des cas de sexting en milieu scolaire par les 12 à 17 ans. Il qualifie la collaboration entre les écoles montréalaises d’« excellente ».

La procédure a été imaginée en 2016 par le Service de police de la Ville de Saint-Jérôme, le Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP). Depuis, la grande majorité des corps policiers du Québec ont emboîté le pas, confirme Me Maxime Ouellette, procureur de la DPCP et responsable du projet SEXTO.

Le SPVM, dont le territoire compte un grand nombre d’établissements d’enseignement, s’est chargé de la tâche l’an dernier et a formé ses patrouilleurs et ses agents sociocommunautaires. Actuellement, près de 130 écoles de la métropole — sur 171 — y participent déjà.

Pornographie juvénile

Beaucoup d’adolescents ne le savent pas, mais lorsqu’un mineur prend une photo ou une vidéo de lui-même déshabillé ou à caractère sexuel, il peut s’agir d’une production de pornographie juvénile, une infraction au Code criminel. Le jeune qui reçoit une telle photo et la transmet à ses amis commet également un crime, soit la distribution ou la diffusion de pornographie juvénile.

Le sexting – contraction des mots « sexe » et « texting » – continue de faire des victimes. Depuis 2016, 1 415 dossiers ont été ouverts dans le cadre du SEXTO et 4 712 jeunes ont été rencontrés à travers la province, ce qui exclut toutefois les cas qui n’étaient pas signalés en milieu scolaire, mais plutôt directement à la police. À Montréal, en quelques mois seulement, 35 cas ont été signalés au SPVM via la procédure SEXTO.

Et depuis l’année dernière, Me Ouellette voit aussi circuler des cas inquiétants d’« hyperfaking », notamment où un jeune prend une photo d’une adolescente en maillot de bain, puis la « déshabille » à l’aide d’une application informatique. La diffusion d’une telle image est tout aussi traumatisante pour la victime. « J’en vois de plus en plus », confirme le commandant.

Loin des tribunaux

SEXTO propose un moyen d’intervenir « de manière extrajudiciaire », c’est-à-dire en dehors du système judiciaire ordinaire, sans procès ni casier judiciaire (appelé « dossier adolescent » pour les moins de 18 ans), dans la plupart des cas. Cela permet aussi d’agir beaucoup plus rapidement : un dossier est résolu en quatre jours maximum, alors que selon le processus traditionnel, il pouvait s’écouler 12 à 18 mois entre la plainte à la police et la décision de la DPCP de porter plainte ou non, explique M.e Ouellette.

Le dispositif offre également un cadre d’intervention clair et défini, ce qui est rassurant pour les acteurs des écoles, ont-ils rapporté à M.e Ouellette. Beaucoup sont également rassurés par le fait que l’intervention est éducative, et non punitive, puisqu’elle n’impose pas un lourd dossier judiciaire à l’adolescent. Ils ont été formés à l’utilisation du kit d’intervention — qui prône la bienveillance et le non-jugement envers les jeunes — avec une grille d’évaluation des incidents. L’école le remet ensuite à la police, qui contacte la DPCP pour déterminer si la diffusion des images constitue un acte « impulsif » – la majorité des cas – ou un acte « malveillant ».

S’il s’agit d’un acte impulsif, les jeunes et leurs parents auront une « réunion de sensibilisation » avec les policiers, qui vise à prévenir la récidive. Mais si le DPCP détermine qu’il s’agit d’un acte malveillant – visant à la vengeance, à l’humiliation ou à l’extorsion d’argent – ​​une enquête pénale pourrait être diligentée par la police, pouvant éventuellement aboutir à des poursuites, tout comme en cas de récidive.

« La majorité des jeunes n’ont pas de mauvaises intentions. Nous voulons les éduquer et les sensibiliser aux conséquences du sexting, et la réalité est que le taux de récidive est inférieur à 3% de l’ensemble des jeunes ayant bénéficié du protocole depuis 2016″, précise M.e Ouellette.

En matière de prévention, “le message est vraiment de ne pas partager d’images intimes”, souligne le commandant Breton. « C’est cette étape qui est cruciale, car ce qui se passe après est difficile à contrôler. »

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