Alain Rayes à la CAQ? « Il pourrait porter nos couleurs sans problème »

Alain Rayes à la CAQ? « Il pourrait porter nos couleurs sans problème »
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La politique a le don de transformer les coïncidences en opportunités à saisir.

Le 15 juillet, le whip du gouvernement et député caquiste d’Arthabaska, Éric Lefebvre, a épousé sa compagne, Geneviève, devant un imposant parterre d’amis, de membres de leurs familles respectives et de politiciens dans la magnifique église de Saint-Christophe, à Victoriaville.

Personne ne se doutait que neuf mois plus tard, jour pour jour, plusieurs des invités qui avaient fait la fête ensemble jusque tard dans la soirée à l’hôtel Le Victorin se retrouveraient au cœur d’une intrigue politique qui alimente les discussions à Québec et à Ottawa depuis le 36 heures.

Une trentaine de députés et ministres étaient présents au mariage d’Eric Lefebvre. Le député fédéral de la région, Alain Rayes, devenu indépendant en septembre 2022 suite à une incompatibilité de caractère et de vision avec le nouveau chef du Parti conservateur du Canada, Pierre Poilievre, était au premier rang lors du mariage de son ami Éric, qui est désormais veut lui succéder au fédéral dans Richmond-Arthabaska.

Même l’église choisie par le couple Lefebvre-Laliberté a un lien avec l’histoire politique du pays. Alain Rayes était assis non loin du banc de sir Wilfrid Laurier, que l’ancien premier ministre libéral du Canada (1896-1911) a usé en s’asseyant des milliers de fois pour assister aux messes et aux événements importants de la communauté.

Wilfrid Laurier, en tant que notable de la ville, possédait une belle résidence victorienne tout près de l’église Saint-Christophe. Il avait même acheté et fait don du carillon de quatre grosses cloches à la paroisse ; ils furent installés en 1896, l’année où Laurier devint premier ministre.

Le député d’Arthabaska, Éric Lefebvre, a proposé à son partenaire à l’Assemblée nationale en février 2018.

Photo : Radio-Canada

Il n’y avait pourtant pas beaucoup de libéraux sur place ce 15 juillet 2023, même si la scène fédérale a toujours été le théâtre où se voyait Éric Lefebvre. Il est peut-être un ancien ADQ, mais il est avant tout un conservateur fédéral.

Éric Lefebvre avait déjà porté les couleurs de Stephen Harper lors des élections de 2008, perdant la circonscription d’Arthabaska au profit du Bloc André Bellavance. Ce n’est pas faute d’avoir mis toutes ses énergies dans la bataille : il avait recruté à lui seul pas moins de 3000 nouveaux adhérents !

Déjà, en 2004, alors que Stephen Harper était un nouveau chef en quête de visibilité dans les terres arides d’un Québec dominé par le Bloc Québécois et le Parti libéral du Canada, Éric Lefebvre mettait la main à la pâte comme organisateur.

Lors de la campagne électorale de 2004, Stephen Harper s’est arrêté pendant à peine 15 minutes au comptoir d’une laiterie de Victoriaville pour manger une glace avec son équipe. Le genre d’arrêt de campagne rapide qui ne fait pas l’objet des journaux télévisés du soir, disons. Mais Eric Lefebvre a réussi à mobiliser 300 électeurs pour l’acclamer à sa sortie du bus de campagne. Le cornet de vanille était définitivement meilleur ! Et les images ont été diffusées au journal télévisé de fin de soirée…

Après sa défaite en 2008, Éric Lefebvre a trouvé du travail au cabinet du ministre conservateur Denis Lebel ; il a même été son colocataire à Ottawa pendant neuf mois.

Richmond-Arthabaska n’a jamais élu de député conservateur pendant les années au pouvoir de Stephen Harper, entre 2006 et 2015. Il a fallu attendre la forte candidature d’Alain Rayes, ancien maire de Victoriaville, pour arracher la circonscription au Bloc, en 2015.

Si quelqu’un peut garder Richmond-Arthabaska dans le giron conservateur, c’est bien Éric Lefebvre. C’est un merveilleux organisateurexplique l’ancien bras droit de Stephen Harper, Dimitri Soudas, aujourd’hui commentateur politique à Mordu, à Radio-Canada. M. Soudas souligne à quel point les gens de Victoriaville aiment d’abord les figures fortes « du lieu » avant de penser aux partis politiques.

Un mariage et un ami

Rien de bien surprenant donc de voir Éric Lefebvre faire le grand saut en politique fédérale avec Pierre Poilievre, une décision qu’il a annoncée au premier ministre François Legault mardi après-midi. Une rencontre décrite comme difficile Et plein d’émotions par l’entourage des deux hommes.

Il faut dire qu’Éric Lefebvre n’est pas un député comme les autres aux yeux du premier ministre Legault. Et cela n’est pas seulement dû à son rôle de whip, de gardien de la discipline du caucus, un travail important pour maintenir la cohésion des 89 élus du CAQ avec des intérêts multiples. Ni celui d’un excellent organisateur, d’ailleurs.

François Legault et son épouse Isabelle Brais ont assisté au mariage d’Éric Lefebvre à Victoriaville. Et pas seulement pour dire bonjour en passant. Ce sont de bons amis.

Le premier ministre, à la surprise générale, a même chanté une chanson avec le chanteur Étienne Drapeau, interprétant un passage de Épouse-moi ce qui a fait sourire le public. François Legault a prononcé un discours et le couple Legault-Brais a été l’un des derniers à quitter Le Victorin, tard dans la soirée, le sourire aux lèvres et les gardes du corps, épuisés, sur les talons.

Apprendre le départ d’Eric Lefebvre pour ses premières amours fédérales est un coup dur personnel pour le chef du CAQde ceux que seule la politique inflige aux amitiés.

Mais avec du recul, il pourrait transformer cette démission en opportunité politique. Faites du judo avec les circonstances, même si le coup fait mal.

Ce qui nous ramène au trio Legault-Lefebvre-Rayes, présent au mariage l’an dernier.

Depuis mardi après-midi, le téléphone d’Alain Rayes sonne sans arrêt. Comme si l’arrivée d’Eric Lefebvre concrétisait la disponibilité politique d’Alain Rayes.

Le chef du Parti conservateur du Québec, Éric Duhaime, l’a appelé dans les dernières heures pour s’enquérir de ses intentions.

Les organisateurs libéraux provinciaux, à la recherche de grands noms pour leur course à la direction, ont déployé de nouveaux pôles, sans plus de succès que l’automne dernier. Le banc de sir Wilfrid Laurier sera le plus proche d’un libéral qu’Alain Rayes, qui n’a pas de rouge politique dans le sang, puisse jamais trouver.

Au cours de la dernière année, cet homme politique de 52 ans a souvent répété en privé à ses proches qu’il était avant tout un CAQ sur la scène provinciale. C’est un fédéraliste nationaliste, positionné au centre-droit de l’échiquier politique.

Pourtant, dans sa région, la place était occupée par son ami Eric Lefebvre, qu’il n’allait jamais trahir. Cependant, puisque la circonscription provinciale d’Arthabaska deviendra vacante le jour où M. Lefebvre se présentera aux élections fédérales, Alain Rayes pourrait-il être tenté par un rôle à l’Assemblée nationale ?

Pas de politique provinciale à court terme pour Rayes

La réponse à court terme est sans équivoque. Non, Alain Rayes ne mettra son visage sur une pancarte d’aucun parti politique ! il a dit dans une interview avec Infos midi Mercredi parle de lui-même.

Hors antenne, un farceur, affirme Alain Rayes en interview qu’il y a [aurait] pas assez d’avocats pour sauver [s]nous sommes en couple s’il se lançait dans une nouvelle aventure politique après ce mandat à Ottawa. Plus sérieusement, il ajoute : Je veux faire autre chose que de la politique. Je n’aime pas la manière très partisane de faire de la politique de nos jours.

L’ancien maire de Victoriaville reçoit des offres des secteurs privé et public, qu’il écoute. En mars, il était dans les studios Cogeco à Montréal pour des tests et des discussions avec la direction en vue d’éventuelles collaborations médiatiques.

L’information l’envoie également diriger le Centre de services scolaire des Bois-Francs, où le directeur général, Alain Desruisseaux, a pris sa retraite le mois dernier. Selon mes informations, la possibilité de voir Alain Rayes lui succéder circule activement au sein du ministère de l’Éducation nationale.

Bref, à court terme, Alain Rayes va s’occuper d’autre chose que de politique. Mais au CAQson nom circule également, compte tenu de son profil unique pour le parti de François Legault.

Il pourrait porter nos couleurs sans problème

À plus long terme, c’est un secret de polichinelle CAQ aura besoin de sang neuf lors des prochaines élections générales dans deux ans et demi. De grands noms du Conseil des ministres tireront probablement leur révérence, comme Pierre Fitzgibbon et Christian Dubé, qui ont télégraphié au premier ministre que le mandat actuel serait le dernier.

Même au plus bas dans les sondages, le CAQ demeure en position de force dans la circonscription d’Arthabaska, selon les estimations de Philippe J. Fournier, du site d’analyse d’enquête QC125 (Nouvelle fenetre). Ce serait évidemment plus facile à maintenir avec une application star.

Les organisateurs de la CAQ mentionnent la grande réputation d’Alain Rayes, ses talents de communicateur, son côté environnemental développé (il a fait de Victoriaville un pionnier du développement durable) et ses origines égyptiennes comme autant d’atouts pour un parti en quête d’un nouveau souffle et de candidats ministériels, notamment au sein de son aile adéquiste.

Sans parler de ses talents d’organisateur de terrain : Alain Rayes a servi son ancien patron Andrew Scheer avec une superbe liste de candidats lors des élections de 2019, alors qu’il occupait le rôle de lieutenant politique au Québec.

Au CAQune Source haut placée mentionne qu’il n’y a pas d’urgence à contacter Alain Rayes, connaissant son état d’esprit actuel, et que le corps doit pouvoir se reposer par Eric Lefebvre avant de réfléchir à sa succession. Mais c’est clair qu’il pourrait porter nos couleurs sans problèmeajoute cette personne, proche du chef caquiste.

Les prochaines élections générales pourraient être différentes des précédentes sur la scène québécoise. Le chef du Parti québécois, Paul St-Pierre Plamondon, en tête des intentions de vote, promet à coup sûr un référendum sur l’indépendance s’il arrive au pouvoir. Ça m’inquiètedit Alain Rayes au bout du fil.

La tendance fédéraliste de Rayes, qui a souvent prévenu l’entourage de Pierre Poilievre que l’unité nationale serait l’un de ses plus importants défis s’il devient premier ministre, prendra-t-elle le dessus à l’approche des élections québécoises ? Voudra-t-il reprendre du service ?

En politique, surtout pour ceux qui ont le virus, l’avenir est long, comme on dit.

François Legault restera certainement attentif à cette possibilité. Et si les astres s’alignent – ​​ce qui n’est jamais certain en politique – il repensera à ce mariage mémorable de juillet 2023 où Eric Lefebvre, Alain Rayes et lui-même étaient réunis, comme un hasard qui a fait les choses.

 
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