Payeriez-vous ce photographe pour booster votre image sur Tinder ? – .

À Montréal, le journaliste Louis-Philippe Messier voyage surtout en fuite, son bureau dans son sac à dos, à la recherche de sujets et de gens fascinants. Il s’adresse à tout le monde et s’intéresse à tous les horizons dans cette chronique urbaine.

C’est le printemps, la saison de l’amour ! Pour la photographe montréalaise Marine Gibert, qui propose des séances en extérieur pour bien paraître sur les applications de rencontres, c’est aussi une période très chargée au travail.

“J’ai des retours de mes clients qui me disent que ça marche, ils ont beaucoup plus de connexions avec de belles photos professionnelles d’eux”, raconte l’ancien parachutiste militaire français de 32 ans. Elle aime particulièrement les décors du Vieux-Montréal et du Mile End pour ses clients qui veulent bien paraître pour GoSeeYou, Tinder, Bumble, Grindr, Feeld ou Hinge.

Elle estime avoir déjà photographié plus de 500 clients dans la métropole pour Tinder ces trois dernières années… et désormais, le rythme est de 6 ou 7 clients par semaine. En fin de semaine prochaine, elle a déjà six séances de prévues.

Elle facture 170 $ pour cinq photos.

Mohit Dhiman se promène pendant que Marine Gibert le prend en photo rue Le Royer dans le Vieux-Montréal.

Louis-Philippe Messier

Jugement impitoyable

Je me souviens d’une amie qui m’avait montré son Tinder et avait balayé vers la gauche pour supprimer le profil de presque tous les hommes une fraction de seconde après leur apparition. Il s’agissait d’une véritable exécution de masse.

Si elle aimait un profil sur cent lors de sa soirée, c’était une bonne prise.

C’est le genre de juge impitoyable et expéditif que les photos de Mmoi Gibert vise à amadouer.

“Je préfère payer Marine pour de belles photos qui me rendent populaire sur Tinder, Bumble et Grindr plutôt que de payer des frais d’abonnement à des applications pour que mon profil soit davantage mis en valeur”, explique Mohit Dhiman, 33 ans, informaticien analysant les applications financières.

M. Dhiman a eu la gentillesse de me permettre d’assister à sa séance photo dans le Vieux-Montréal sur le palier de l’édifice Lucien-Saulnier, devant l’œuvre en bronze de Charles Daudelin au pied du palais de justice et la très verte et très photogénique rue Le Royer.

“Je suis bisexuelle. Selon que je m’adresse aux femmes ou aux hommes, je ne choisis pas forcément les mêmes images. Pour les femmes, je prends celles qui me semblent très professionnelles et soignées.

Mmoi Gibert m’a présenté M. Dhiman comme un « client régulier »… car il en était à sa troisième séance. Nouvelle saison, nouvelles photos !

« Cela a très bien fonctionné les deux premières fois, alors je recommence », dit M. Dhiman en riant.

Quel homme ! En payant une séance photo, Mohit Dhiman s’assure de ne pas passer inaperçu dans le flot effréné des applications de rencontres où le jugement est aussi impitoyable qu’expéditif.

Marine Gibert


Mohit Dhiman pose sur le palier de l’immeuble Lucien-Saulnier.

Louis-Philippe Messier

Clientèle masculine

Avec le fléau des autoportraits dans le miroir (avec ou sans pull) qui gangrène les applications de rencontres, je n’ai aucun mal à croire que de belles photos permettent de se démarquer de la mer virtuelle des humains.

« Certains de mes clients me disent suivre les conseils de entraîneurs de séduction, mais c’est une minorité. Pour eux, mes photos professionnelles font partie d’un programme.

Presque tous ses clients sont des hommes.

« Il est nettement plus compétitif du côté des hommes dans les applications de rencontres pour attirer l’attention des femmes. Si j’ai peu de clients, c’est parce qu’on les contacte assez souvent pour qu’ils n’éprouvent pas le besoin de meilleures photos.

Craint-elle que l’intelligence artificielle la remplace en proposant gratuitement ce genre d’images ?

« Peut-être que cela arrivera un jour. Pour le moment, ces images semblent terriblement fausses. Et pour ma part, je refuse de retoucher, embellir, affiner ou améliorer l’apparence de mes clientes : je ne veux pas participer à une fausse représentation.


Mohit et Marine

Pour varier, une des photos montre le sujet assis.

Marine Gibert

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