Des centaines de travailleurs culturels sont attendus jeudi à Montréal pour manifester leur ras-le-bol

Des centaines de travailleurs culturels sont attendus jeudi à Montréal pour manifester leur ras-le-bol
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Le mécontentement grandit dans le secteur culturel. Après avoir survécu tant bien que mal à la pandémie, les artistes et travailleurs culturels se retrouvent de nouveau à genoux suite au récent budget provincial, jugé insuffisant. Soucieux de leur avenir, comédiens, auteurs, danseurs et sculpteurs se réunissent jeudi devant les bureaux du ministre Lacombe à Montréal pour manifester leur ras-le-bol et réclamer un « financement décent ».

« Nous sortons complètement abasourdis du budget provincial catastrophique du 12 mars. Il n’est définitivement pas possible de fonctionner pendant des années avec si peu d’aide. Il faut faire quelque chose, c’est urgent ! » déplore l’auteur et réalisateur Hugo Fréjabise.

Avec des collègues du milieu du théâtre, il a récemment créé la Grande Mobilisation des artistes du Québec (GMAQ), un rassemblement d’artistes et de travailleurs culturels de tous horizons. Leur objectif ? Convaincre le gouvernement Legault d’augmenter son budget alloué à la culture — et particulièrement au Conseil des arts et des lettres du Québec (CALQ), qui finance la recherche, la création, la production et la diffusion artistique.

Ce dernier dispose de 160,46 millions de dollars pour 2024-2025, alors que lors du dernier exercice, avant inflation, ce montant était de 161,18 millions. C’est donc moins d’argent en pleine période d’explosion des coûts et surtout 100 millions de moins que ce que le monde du théâtre estimait comme seuil minimum viable.

« Le gouvernement continue de dire que la culture est extrêmement importante dans notre société, qu’elle constitue l’âme d’une nation, qu’elle construit l’identité québécoise. Dans ce cas, il faut être cohérent et se donner les moyens de créer et de jouer ce rôle avec un soutien financier adéquat », insiste Hugo Fréjabise.

« Nous sommes des ouvriers, au même titre qu’un enseignant ou une infirmière. Nous méritons des conditions de travail et une rémunération décentes», ajoute la comédienne et DJ Sarah Laurendeau, également membre du comité organisateur du Grand Événement des Arts qui se tiendra jeudi après-midi. Elle rappelle que, faute de subventions, plusieurs spectacles ont été produits cet automne aux dépens des compagnies et des artistes, tandis que d’autres ont été annulés ou carrément reportés. «C’est comme un deuil quand ça arrive, ou du moins une grosse blessure qui s’ajoute à toute la fatigue que le milieu a accumulée depuis la pandémie», souligne-t-elle.

Lors de la manifestation, un autel sera érigé devant les bureaux du ministre de la Culture, rue De Bleury. Les artistes et travailleurs culturels sont invités à s’habiller en noir et peuvent laisser des photos ou des objets représentant leurs projets qui n’ont jamais vu le jour. Plusieurs personnalités prendront également la parole, dont la comédienne Sophie Cadieux, le directeur général du festival TransAmériques David Lavoie, le comédien Jean-François Casabonne et la députée solidaire Ruba Ghazal.

Compte tenu de la popularité de l’événement lancé sur les réseaux sociaux, les organisateurs s’attendent à voir plusieurs centaines de personnes manifester à leurs côtés.

Organisations de solidarité

Il faut dire que l’initiative a rapidement trouvé un écho auprès des organismes culturels, qui ont largement relayé l’information auprès de leurs membres. Parmi eux : le Regroupement québécois de la danse (RQD), l’Union des artistes (UDA), le Conseil québécois du théâtre (CQT), l’association professionnelle des diffuseurs de spectacles RIDEAU, le Regroupement national des arts du cirque En piste, l’Union des écrivains du Québec (UNEQ) ou du Regroupement des artistes en arts visuels (RAAV), pour n’en nommer que quelques-uns.

Tout le monde se dit solidaire du mouvement et soutient ses revendications ; plusieurs seront présents à la manifestation. «C’est une extension du travail que nous faisons au niveau institutionnel, de la pression que nous exerçons sur le gouvernement. Il est important d’entendre aussi la voix des artistes qui subissent directement les répercussions d’un budget insuffisant », souligne Parise Mongrain, directrice générale du RQD.

Plusieurs organismes ont également souligné le caractère assez exceptionnel de ce mouvement qui a su mobiliser l’ensemble du milieu culturel. « Voir les différents secteurs culturels – aux réalités vraiment diverses – se rassembler et faire preuve de solidarité, ce n’est pas rien ! » estime la coprésidente du CQT, Michelle Parent. « Cela démontre à quel point la détresse a atteint des sommets dans l’ensemble de l’écosystème culturel. »

« Je ne me souviens pas avoir vu une mobilisation aussi large des travailleurs culturels au cours de la dernière décennie », ajoute la présidente de l’UDA, Tania Kontoyanni, qui prendra également la parole lors de la manifestation. Elle espère que le mouvement fera changer d’avis le gouvernement, rappelant que le ministre Lacombe a fait preuve d’une certaine ouverture en ce sens lors de sa visite au Salon du livre de Paris la semaine dernière.

Une chose est sûre, le GMAQ ne fait que commencer. « Un printemps de manifestations est à prévoir ! » assure Sarah Laurendeau, précisant que deux autres rassemblements sont prévus le 16 mai et le 13 juin. « On ne lâchera rien ! »

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