Une partie de l’avenir de la filière ovine française se joue dans cette ferme de Haute-Loire. – .

Avec le programme Phénopasto, la ferme Fedatest, à Mazeyrat-d’Allier, travaille depuis l’année dernière et jusqu’en 2027 sur le phénotypage. Une démarche qui doit préparer l’avenir de la filière ovine… Explications.

« Assurez-vous de passer par le lieu-dit Pra Barnier, sinon le GPS vous fera suivre un chemin même s’il y a une route ! » Au téléphone, Camille Fleury, la vingtaine et responsable de l’exploitation Fedatest depuis deux ans, est consciente que la grande ferme avec ses nombreux bâtiments agricoles et l’imposante maison en pierre à trois étages est un peu perdue au milieu de nulle part. aller. Battue par les vents, elle domine la vallée de l’Allier et la commune de Mazeyrat-d’Allier, à laquelle est rattaché le lieu-dit Paysat bas, dont elle fait partie. C’est donc ici, à l’ouest de la Haute-Loire, que se joue une partie de l’avenir de la filière agricole ovine française.

“Dans cinq ans, il y aura plus de 50 000 mesures” sur des moutons

Le gouvernement ne s’est pas trompé en allouant une subvention importante, dans le cadre du dispositif France 2030, à l’un des programmes développés à la ferme : Phénopasto. Cette dernière représente un budget total de 3 millions d’euros sur cinq ans (de 2023 à 2027), dont 540 000 € pour Fedatest et ses partenaires du Massif Central. Géré par le Syndicat Régional d’Amélioration Génétique Ovine depuis 1979, le site de 125 hectares est divisé en plusieurs entités
. L’agence Feda-Expé est en charge des protocoles expérimentaux.
« Avant, nous étions dans une logique purement techno-économique. Désormais, il faut prendre en compte d’autres critères pour adapter les races ovines locales au changement climatique », explique Camille Fleury. Le projet Phénopasto, porté par Fedatest et le Centre départemental d’élevage ovin des Pyrénées-Atlantiques (Cdeo 64), avec le concours de l’Institut de l’élevage (Idele) et de l’Institut national de recherche agronomique (INRAE), doit répondre à ces enjeux majeurs.
Pour ce faire, les cinq salariés de Feda-Expé se relaient pratiquement 24 heures sur 24 pour s’occuper du troupeau mais aussi pour récupérer un maximum de données pour réaliser du phénotypage sur environ 2 000 brebis blanches du Massif Central (BMC) ; en d’autres termes, l’observation de toutes les caractéristiques apparentes d’un organisme dues à des facteurs héréditaires.

«Nous voulons pouvoir calculer les paramètres génétiques et dans quelle mesure nous pouvons les transmettre aux générations suivantes», indique Camille Fleury, ingénieur agronome de formation. Pas question pour autant d’être trop invasif.

Les gens imaginent qu’il y a un trafic de moutons, mais ce n’est pas le cas. On les pèse, on prend note de l’état de graisse corporelle, on analyse les parasites. Il y a juste plus de mesures qu’ailleurs. Dans cinq ans, il y en aura plus de 50 000.
Si la structure voulait mettre en place des protocoles plus invasifs, elle devrait de toute façon en faire la demande au comité d’éthique.

La vingtaine de personnes qui suivent le projet Phénopasto ciblent certaines choses en particulier. Tout d’abord, les caractéristiques d’efficacité. « Nous allons regarder les quantités de nourriture dont nos moutons ont besoin avec du fourrage local, notamment parce que nous allons être touchés par des étés de plus en plus secs. » Celle-ci sera couplée à une mesure des émissions de méthane par les animaux.

Un appareil arrive de Nouvelle-Zélande
Pour cela, Feda-expé devrait prochainement « se doter d’un dispositif qui arrive tout droit de Nouvelle-Zélande et qui permettra à Idele et INRAE ​​d’observer tous les flux réels d’entrée et de sortie ». Viennent ensuite les traits de résilience. Les moutons résisteront-ils aux parasites ? Vont-ils surmonter le stress alimentaire ou les aléas climatiques ? Qu’en est-il de la survie des agneaux ?
De plus, un soin particulier est apporté pendant la période d’agnelage. Dès la mise bas, la mère et son ou ses agneaux sont placés dans des enclos séparés afin de les surveiller, comme c’est le cas ce mois d’avril. Devant chaque carré de bois se trouve un petit tableau de suivi, afin que chaque collaborateur puisse avoir les éléments à portée de main.
Concernant le parasitisme, 1 650 béliers BMC et 120 béliers Limousin sont suivis. «Le but est de pouvoir réduire les antiparasitaires qui, à force d’usage, deviennent inefficaces par accoutumance», explique Camille Fleury. Afin de disposer d’un panneau complet, une sonde météo permet d’analyser, sur place, la température, le vent, le rayonnement solaire ou encore les précipitations, afin de suivre l’incidence des aléas.
Une fois toutes ces données collectées, une plateforme de services génétiques en ligne devrait être créée pour accompagner l’adaptation des races locales aux changements de leur environnement – ​​tout en préservant les pratiques traditionnelles. L’intégration de ces nouveaux critères devrait permettre aux éleveurs de travailler avec des animaux plus « robustes » et capables de produire. « Il faut garder à l’esprit que la génétique est une question de compromis : on ne peut pas tout avoir », estime Camille Fleury.

Autant de problématiques que les agriculteurs se sont emparées. Car, si le projet est subventionné, une « part importante reste autofinancée ». Cet investissement dans l’outil collectif face au changement climatique reflète, selon le chef d’exploitation, la volonté d’adaptation des éleveurs. « C’est ça aussi qui est passionnant de travailler sur des demandes qui viennent du terrain. Parce que les agriculteurs sont les premiers concernés et les premiers à vouloir améliorer leurs pratiques.»

Julien Vaurillon

Les structures présentes sur le site de Mazeyrat-d’Allier : ROM Sélection (organisme de sélection des races ovines du Massif Central) ; SAS ROM (centre d’insémination, centre d’évaluation des jeunes béliers et vente de reproducteurs) ; Fedatest, (centre de soins infirmiers ovins du Grand Sud) ; Feda-Expé ? (ferme expérimentale et génétique).
#Français

 
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