Depuis leur déménagement du centre de dialyse de l’hôpital Aristide Le Dantec vers le hangar des pèlerins de l’aéroport Léopold Sédar Senghor de Yoff, les patients hémodialysés sont dans un désarroi total. Ils font face à plusieurs difficultés comme l’inaccessibilité du site, le manque de sécurité et d’eau, le coût élevé des médicaments, l’indisponibilité d’une ambulance et des cas d’infections récurrents.
Depuis 20 mois qu’ils ont quitté l’hôpital Aristide Le Dantec en construction pour se rendre au hangar des pèlerins de l’aéroport de Yoff, les patients hémodialysés vivent un calvaire indescriptible. Le porte-parole de l’association des hémodialysés du hangar des pèlerins de Yoff, Alioune Cissé dénonce la qualité de l’eau. « Malgré les efforts des autorités, la mauvaise qualité de l’eau affecte la santé des populations », affirme-t-il. Au-delà de la qualité de l’eau, ces patients sont confrontés à des problèmes d’échographie et de radiographie. « Notre souhait était de nous retrouver dans un hôpital ; de cette façon, si nous avons des problèmes, ils pourront être résolus. Il y a aussi l’inaccessibilité du centre», précise M Cissé. Alors, il demande aux nouvelles autorités de les emmener dans un hôpital pour avoir des soins de qualité comme tous les patients dialysés. « Il faut avoir une vision sociale des patients, c’est-à-dire prendre en charge leurs échographies, leurs radiographies et les différentes problématiques auxquelles nous sommes confrontés. Un jour sur deux, nous sommes là pour faire des dialyses », raconte Alioune Cissé.
Sonnant la même trompette, Anna Sambou énumère leurs difficultés qui sont : le transport, le manque d’eau et le manque de sécurité puisque le hangar est enclavé. « Nous souhaitons également un support analytique. Nous prenons des injections pour l’anémie et souhaitons que les médicaments soient accessibles. Nous demandons une ambulance puisqu’il n’y en a pas ici. De nombreux patients souffrent de douleurs articulaires et nous n’en connaissons pas la cause. Ici, les gens vont et viennent à leur guise. Nous avons souvent des infections. Nous voulons être transférés dans des hôpitaux », affirme-t-elle. Quant à Ibrahima, il met en avant la récurrence des cas d’infections. « Les appareils sont en panne. Le cathéter infecte rapidement les patients et l’environnement. Nous sommes ici depuis deux ans et nous souffrons vraiment», explique-t-il. Avant que le centre ne soit transféré dans le hangar des pèlerins, « je n’avais aucun problème mais maintenant je marche avec des béquilles. Je ne suis pas le seul. Parce que nous n’avons pas la qualité de dialyse requise. La dialyse doit être effectuée dans un hôpital et non dans un hangar. Nous demandons aux autorités de nous aider car la santé est une priorité.
PROFESSEUR FARY KA : « TOUS LES PATIENTS OBTENENT DES INFECTIONS MAIS IL N’Y A PAS D’AUGMENTATION ANORMALE DES CAS »
De son côté, le professeur Fary Ka, chef du service de néphrologie de l’hôpital Le Dantec relocalisé au Hangar des Pèlerins, se dit surpris d’entendre parler d’infections de patients. « La dialyse répond à des normes que nous respectons car l’eau est contrôlée et je ne vois pas le lien entre le hangar et les infections », soutient le professeur Ka. Il reconnaît toutefois l’existence de cas d’infections. « Tous les patients ont des infections mais il n’y a pas d’augmentation anormale des cas. Il y a des infections pulmonaires et actuellement une vague de grippe. Les patients porteurs de cathéters infectent leurs cathéters. Ceci est valable pour tous les patients mais ce n’est pas spécifique au hangar. J’aurais compris qu’ils parlent de problèmes d’accessibilité mais pas d’infections », dit-il.
