Le brouillard se dissipe autour de la réforme fiscale en Thaïlande

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La réforme fiscale touche particulièrement les retraités étrangers, qui ne payaient pas d’impôts jusqu’à présent.

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La réforme fiscale qui touche depuis le 1er janvier les Suisses de l’étranger en Thaïlandeeuh Janvier 2024 comportait plusieurs zones d’ombre. Les autorités ont donc apporté des précisions ces derniers mois, notamment concernant la fiscalité des retraites.

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17 avril 2024 – 13h00

« La réforme a-t-elle un impact sur les paiements du 2e ou du 3e pilier ? », « la Convention contre les doubles impositions a-t-elle été modifiée ? », « si on peut prouver que l’on vit de l’épargne, faut-il faire une déclaration fiscale ? » : en voici quelques-unes. des questions des Suisses de l’étranger qui nous sont parvenues après notre premier article sur la réforme fiscale entrée en vigueur au début de cette année en Thaïlande.

>> Une réforme fiscale qui inquiète les Suisses en Thaïlande

Incertains, bon nombre des quelque 10400 Suisses de l’étranger établis dans le pays fin 2023 ont appelé à l’aide pour tenter d’y voir plus clair.

Pour rappel, la réforme fiscale élaborée par le gouvernement thaïlandais prévoit qu’à partir du 1er janvier 2024, les étrangers résidents, c’est-à-dire ceux qui séjournent au moins 180 jours par an en Thaïlande, devront désormais payer des impôts sur les revenus étrangers transférés en Thaïlande. le pays.

Par exemple, un retraité suisse, célibataire et sans enfants à charge, qui percevrait la rente de vieillesse AVS maximale de 2450 francs suisses par mois, sans cotisation du 2e ou 3e pilier, devrait payer un peu moins de 3000 francs suisses. impôt sur le revenu par an.

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Les personnes de plus de 65 ans bénéficient d’une exonération sur les premiers 4’736 francs suisses (190’000 THB) de revenu imposable au lieu du seuil normal de 3’739 francs suisses (150’000 THB) (Source : Mazars Thaïlande) / Taux de conversion : 1 CHF = 40,12 THB

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Toutefois, seuls les revenus acquis du 1euh Janvier 2024 sont concernés. Toute personne pouvant prouver que ses revenus sont antérieurs à cette date ne sera pas imposée sur ces montants, même s’ils ont été transférés en Thaïlande après le 31 décembre 2023.

La Thaïlande a également prévu d’exonérer certaines catégories de retraités étrangers, notamment ceux qui disposent d’un visa LTR (« visa long term »), valable dix ans. Pour l’obtenir, il faut disposer d’une pension d’au moins 80 000 $ par an, soit 40 000 $ par an et investir 250 000 $ en Thaïlande, dans l’immobilier par exemple.

Qu’entend-on exactement par revenu ?

Pour Martin Liebenow, conseiller fiscal allemand et directeur fiscal chez Mazars en Thaïlande, le pays n’applique qu’une « interprétation fine » du principe du revenu mondial. Celui-ci définit que les personnes assujetties à l’impôt dans un État (par exemple en raison de leur résidence) sont imposables sur leurs revenus mondiaux, quel que soit le lieu où ces revenus ont été perçus.

Depuis l’annonce de la réforme, une certaine incertitude règne cependant quant à ce que le fisc thaïlandais considère comme un revenu. Article 40Lien externe de l’impôt du même nom clarifie désormais la situation.

Liste des fonds désormais considérés comme des revenus

1. Revenus professionnels (pensions incluses),
2. Tout argent, bien ou avantage obtenu d’une position ou de l’exécution d’un travail,
3. Redevances provenant du patrimoine professionnel, droits d’auteur ou tout autre droit (testament, acte juridique, décisions de justice, etc.),
4. Revenus d’intérêts, de dividendes et de plus-values,
5. Revenus de la location de biens immobiliers,
6. Les revenus des professions libérales,
7. Contrats de services,
8. Revenus provenant d’entreprises, de commerce, d’agriculture, d’industrie, de transport ou de toute autre activité non spécifiée aux (1) à (7).

« La Thaïlande a décidé de taxer uniquement l’argent transféré sur son territoire. Les revenus qui restent sur des comptes à l’étranger ne sont donc pas imposables en Thaïlande », ajoute Martin Liebenow.

Par virement, les autorités entendent tout virement bancaire d’un pays étranger vers une banque thaïlandaise, les paiements avec des cartes de crédit étrangères, les rapatriements d’espèces et le recours à des prestataires de paiement en ligne, tels que Stripe ou PayPal.

Pour éviter toute confusion, Martin Liebenow conseille d’avoir deux comptes bancaires : un sur lequel placer votre capital (c’est-à-dire votre épargne passée acquise avant le 31/12/2023) et l’autre sur lequel verser vos revenus. gagné à partir du 01.01.2024.

Et l’AVS dans tout ça ?

En raison de l’exonération fiscale facile et du coût de la vie relativement bas, de nombreux Suisses ont choisi de prendre leur retraite en Thaïlande. Le tollé a donc été particulièrement important au sein de cette population lors de l’annonce de la réforme fiscale.

Il est désormais clair que les pensions sont considérées comme des revenus et seront imposées, avec quelques nuances selon le pilier concerné.

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La Suisse a conclu un accordLien externe (CDI) visant à éviter la double imposition avec la Thaïlande. Cet accord ne s’applique toutefois qu’à la prévoyance professionnelle (2e pilier). L’article 17 prévoit que le droit d’imposition applicable aux revenus du 2ème pilier de droit privé appartient à la Thaïlande. Cela signifie que les avoirs du 2e pilier sont imposés uniquement en Thaïlande, sans retenue à la Source en Suisse.

L’article 18 couvre les revenus du 2e pilier suisse du droit public (c’est-à-dire les personnes employées dans la fonction publique) et prévoit une imposition exclusive en Suisse. Si le contribuable possède également la nationalité thaïlandaise, il sera toutefois imposé en Thaïlande.

Cet accord ne s’applique pas aux rentes AVS (1euh pilier) ni les prestations de retraite individuelles (3e pilier). Cela signifie que « chaque Etat peut imposer selon son droit interne », indique le Secrétariat d’Etat aux questions financières internationales (SFI). Le droit suisse ne prévoit aucun précompte mobilier sur les rentes AVS (1er pilier) versées aux non-résidents, selon le SFI. En revanche, il est possible d’être imposé en Suisse (à la Source) et en Thaïlande sur les actifs du 3ème pilier.

>Martin Liebenow, conseiller fiscal allemand et directeur fiscal chez Mazars en Thaïlande.
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Martin Liebenow, conseiller fiscal allemand et directeur fiscal chez Mazars en Thaïlande.

Mazars

Dans le cas d’une fiscalité dans les deux pays, « vous devez demander à l’organisme suisse qui effectue le prélèvement de vous délivrer une attestation fiscale en anglais (retenir le certificat), qui prouve le montant de vos impôts, conseille Martin Liebenow. Cela vous permettra de déduireLien externe cette somme de vos impôts en Thaïlande ».

En fin de compte, pour le SFI, « la seule chose qui a changé, c’est le fait que la Thaïlande n’a pas, dans le passé, exercé un droit d’imposition auquel elle avait droit au titre du CDI, ce qui a conduit à des années de double non-imposition.

Ne joue pas avec le feu

Selon les informations que Martin Liebenow a obtenues auprès du ministère des Finances thaïlandais, les formulaires de déclaration fiscale devraient être disponibles en décembre 2024. La date limite pour préparer sa déclaration a été fixée au 31 mars 2025. « Il n’y aura pas de prolongation du délai. délai possible. Et tout retard sera sanctionné par des pénalités», prévient le conseiller fiscal.

Pour compléter leur déclaration, les Suisses en Thaïlande auront besoin d’un numéro d’identification fiscale international (ITIN), à demander au service fiscal local. Une personne qui n’a aucun revenu à déclarer, parce qu’elle vit par exemple de ses économies passées, n’a aucune obligation d’acquérir un tel numéro.

Si la mise en œuvre de la réforme risque de prendre plusieurs mois, Martin Liebenow invite toutes les personnes qui seraient concernées par celle-ci à ne pas chercher à passer inaperçues : « Ne pas se signaler aux autorités reviendrait à commettre une fraude fiscale avec préméditation, ce qui est un crime.

Pourquoi cette réforme finalement ?

La Thaïlande souhaite devenir membre de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). A ce titre, cette dernière pousse la Thaïlande à réguler son mode de taxation, afin de ne pas « ressembler à un paradis fiscal au même titre que les îles Caïmans et autres Bermudes », déclare Martin Liebenow.

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De plus, en maintenant un système permettant de contourner facilement le paiement de l’impôt sur le revenu, la Thaïlande s’est privée d’un gain important. Elle compte désormais y remédier. Cependant, le gouvernement n’a fourni aucune indication sur le montant qu’il espère récolter grâce à cette nouvelle taxe.

Où trouver des informations ?

Martin Liebenow conseille vivement à toutes les personnes concernées de consulter un fiduciaire en Suisse et en Thaïlande pour clarifier leur situation personnelle, car chaque cas est unique.

Pour avoir une idée du montant à payer, le conseiller recommande d’utiliser l’outil de calculLien externe mis à disposition par une société de gestion de portefeuille.

Des informations sont également disponibles sur le site de la Société Suisse de BangkokLien externe en allemand et en français. Et l’Ambassade de Suisse à Bangkok a organisé une séance de questions-réponsesLien externe avec plusieurs représentants du ministère thaïlandais des recettes.

Relu et vérifié par Samuel Jaberg

 
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