Cherbourg. Fondatrice de La Chaudrée, Thérèse Pignol est décédée

Cherbourg. Fondatrice de La Chaudrée, Thérèse Pignol est décédée
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Par Nicolas Lépigeon
Publié le

17 avril 24 à 7h31

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Un sourire illumine la scène de l’auditorium de La Cité de la Mer, à Cherbourg (Manche), en ce soir de 18 février 2011. Le public est debout, applaudissant pendant de longues minutes celui qui a été élu » Personnalité de l’année 2010 » par les lecteurs et la rédaction de La Presse de la Manche.

Thérèse Pignoln’est pas tout à fait à l’aise avec les honneurs, et son sourire trahit son grande humilité . «Elle dont le charme et la gentillesse n’ont d’égal que la générosité et l’élégance», disait alors notre journaliste Annie Jeanne. Elle qui travaille dans son coin a vu son travail et celui de tous les bénévoles vendredi soir. La chaudrée reconnu comme il se doit. Cela fait plus de 15 ans que Thérèse Pignol a cristallisé des idées généreuses en actions concrètes. Depuis plus de 15 ans, presque chaque jour, elle et ses amis préparent un repas pour les plus démunis. »

L’aventure a commencé en 1996, sur les marches du théâtre

A l’annonce de son élection, sa première réaction fut : « Oh mon Dieu, tu ne vas pas écrire un article sur moi ? » Avant de changer d’avis, non pas pour se mettre en avant, mais pour mettre en valeur son collectif formé de dizaines de bénévoles aussi généreux qu’elle.

L’aventure a commencé en 1996, avec moins de dix personnes, avec le distribution des premiers repas devant le théâtre italien : une soupe, une orange et un café. Au départ, il y avait sept bénéficiaires. Grâce au bouche à oreille, ils ont rapidement atteint la trentaine. Après plusieurs déménagements, l’ancienne bibliothèque Amont-Quentin, à Octeville, devient leur cachette. Et les bénévoles sont venus par dizaines, se relayant aux fourneaux dans une ambiance conviviale.

« Il faut écouter »

« C’est toujours très bon ! » Je n’aime pas cuisiner, avouait Thérèse Pignol. Je m’occupe du service, je vois si le travail des bénévoles se passe bien, je discute avec les bénéficiaires… Il faut écouter ! »

En effet, au-delà des repas, c’est un peu de chaleur humaine qui est distribuée depuis près de 30 ans. « Vous redonnez, Madame, une certaine dignité à ceux qui sont sans grade et sans nom. À La Chaudrée, l’intolérance n’a pas droit d’entrée. A La Chaudrée, on ne juge pas. Nous donnons ! », a encore témoigné Annie Jeanne. Pendant deux heures, autour d’un repas chaud – parfois le seul de la journée – les bénéficiaires ne pensent plus à leurs soucis.

Né à Cherbourg, ce grande damea toujours vécu dans le Cotentin . “J’aime beaucoup cette ville, au bord de la mer, j’y ai mes racines et toute ma famille”, a-t-elle souligné. Son parcours professionnel débute à l’âge de 14 ans, lorsqu’elle rejoint l’usine. Puis elle s’est mariée à 20 ans et a élevé ses quatre enfants. Avant de travailler comme secrétaire, jusqu’à sa retraite à 55 ans.

A soixante ans, elle décide de profiter de son temps libre « pour se rendre utile, aider et apporter quelque chose aux gens qui en ont besoin ». Après avoir lu un article de presse, elle franchit le pas et rejoint les Restos du Cœur. « A l’époque, c’était à Maupas, je suis resté deux saisons. J’ai aimé rencontrer des gens, prendre contact avec les bénévoles et les bénéficiaires. » Après « une petite pause », cela devient un moment trésorierdu Secours Populaire.

«Ensuite, j’ai voulu créer quelque chose moi-même. J’ai découvert que beaucoup de pauvres ne savaient pas cuisiner, ce qui m’a donné l’idée de créer un association qui cuisine pour eux et leur sert des repas. Pour fonder La Chaudrée, j’ai reçu beaucoup d’aide d’amis, et après un appel La Presse de la Manche, il y avait neuf volontaires… »

Vous connaissez la suite, jusqu’à ce que vous allumiez le clignotant en avril 2017 après 21 ans de bons et loyaux services: « Est-ce que ça va me manquer ? Je ne sais pas. Pour être honnête, je ne me suis même pas posé la question. La Chaudrée ne m’appartient pas, la jeunesse prend le dessus, tout va bien… »

L’hommage de la Ville à la « femme de cœur »

Thérèse Pignol nous a quitté jeudi 11 avril 2024à l’âge de 91 ans. La commune de Cherbourg-en-Cotentin a tenu à lui rendre hommage. « Femme de cœur, d’une grande générosité, solidaire et combative, elle a consacré une grande partie de sa vie au service des plus démunis. Sonengagement, à bien des égards, était exemplaire. C’est le monde associatif, mais aussi tous ceux qu’elle a aidé qui la pleurent aujourd’hui, souligne le maire, Benoît Arrivé. Elle laisse derrière elle une association, composée d’une quarantaine de bénévoles, qui permet chaque année de distribuer des milliers de repas aux plus démunis six jours sur sept, onze mois par an. »

La Presse de la Manche présente ses sincères condoléances à sa famille et à tous ses amis, ainsi qu’à sa deuxième famille de La Chaudrée.

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