– Droit de vote pour les étrangers : une question de « bon sens »
Les partisans de l’élargissement des droits politiques des étrangers lancent leur campagne. Ils veulent réparer une « injustice ».
Publié aujourd’hui à 16h36
«Je suis arrivé à Genève en 1981. J’y ai passé presque toute ma vie. Pourquoi n’ai-je pas le droit de voter ? C’est avec ces mots sérieux d’Angelo, un quinquagénaire, que s’est tenue la conférence du comité d’initiative « Une vie ici, une voix ici ! s’ouvre. Ce comité interpartis défend le « oui » du 9 juin sur le droit de vote des résidents étrangers. Mardi, ils ont présenté leurs arguments à la presse.
Si dans deux mois l’objet est accepté, tous les habitants étrangers du canton ayant vécu huit ans pourront voter aux élections communales et cantonales. Ils seraient également éligibles au pouvoir législatif et à l’exécutif. Pour l’instant, seuls les cantons de Neuchâtel et du Jura autorisent les non-Suisses à glisser un bulletin de vote dans l’urne. “Nous ne proposons donc pas de révolution, le droit de vote pour les étrangers n’est pas une idée exotique”, juge le Vert Pierre Eckert.
«C’est un projet mesuré, absolument pas extrême», estime Dario Ciprut, président de l’association pour les droits politiques des habitants de Genève (CPGE). Il souligne qu’en Ville de Genève, où les étrangers peuvent s’exprimer politiquement depuis 2005, l’expérience a été très positive.
40% de la population sans droit de vote
L’élue socialiste Xhevrie Osmani ajoute que Genève est l’un des cantons qui comptent le plus d’étrangers en Suisse : « Près de 40% de la population n’a pas le droit de vote. Et l’accès à la naturalisation est très restrictif. Son homologue Rosita Fibbi, du Swiss-Immigrant Contact Center, affirme que les exigences linguistiques élevées empêchent de nombreuses personnes d’obtenir la nationalité suisse.
Cet état de fait entraînerait de nombreuses injustices, selon les initiateurs. « Genève compte de nombreux travailleurs d’origine étrangère, qui ne peuvent pas s’exprimer sur des sujets qui les concernent directement. Ils n’ont par exemple pas pu voter sur le salaire minimum ou sur les horaires d’ouverture des magasins», constate Davide de Filippo, président de la Communauté d’action syndicale de Genève.
Le front en faveur du texte est large, mais très ancré à gauche. Seul représentant d’un parti de droite, Laurent Seydoux (LJS) estime qu’il est totalement injuste que des personnes impliquées dans la vie de la ville ne puissent pas s’exprimer. « Leur donner le droit de vote relève du bon sens ! s’exclame-t-il.
Jean-Bernard Busset, député du Centre, s’exprime timidement : “Mon parti s’est prononcé contre, mais j’espère encore convaincre une minorité de faire campagne pour cet objet.”
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