Comment détecter les abus ? – .

Selon une étude menée par le Dr Éric Mercier, professeur adjoint à la Faculté de médecine de l’Université Laval et clinicien-chercheur au Centre de recherche du CHU de Québec en plus d’être urgentologue à l’Hôpital de l’Enfant-Jésus, une simple question posée lors d’une consultation aux urgences a établi que 5% des personnes âgées sont victimes de violences physiques ou psychologiques. L’étude a été réalisée dans huit centres hospitaliers du Québec, dont à l’Hôtel-Dieu de Lévis, entre mai et août 2021.

Journal de Lévis (JDL) : Dans quel contexte l’étude a-t-elle pris forme et pourquoi ?

Dr Mercier : La maltraitance des personnes âgées est un problème très complexe. Nous savons que cela existe. Des études longitudinales au Canada estiment qu’environ 10 % des personnes âgées de la communauté sont victimes de maltraitance.

En revanche, on sait que les urgences sont le lieu où se rencontre la clientèle la plus vulnérable. Nous savons que c’est un excellent endroit pour détecter la maltraitance des enfants, la violence domestique et les problèmes qui présentent des similitudes avec la maltraitance des personnes âgées. Donc, l’idée était de se positionner et de voir comment on pouvait détecter cette maltraitance aux urgences pour orienter les patients vers des ressources, leur faire comprendre qu’il y a des ressources et même on les accompagne un peu face à ça. problématique là-bas.

Actuellement, le taux de détection est [minime], on ne les détecte presque jamais. On les trouve occasionnellement, mais le taux de détection serait probablement compris entre 0,01 % et 0,05 %. Nous sommes donc confrontés à un problème courant dans la communauté, un problème pour lequel les urgences pourraient servir de dépistage, mais nous manquons évidemment cette opportunité.

JDL : Comment avez-vous établi la stratégie d’interrogation des patients ?

Dr Mercier : En médecine, ce qu’on veut faire, c’est trouver le meilleur outil de dépistage qui puisse exister. Donc, on va faire des questionnaires qui sont complexes, on va essayer de les valider, mais la difficulté qu’on a souvent c’est qu’on ne va pas pouvoir l’introduire dans la pratique clinique.

Nous avons posé la question un peu à l’envers. Si nous demandons franchement à ceux qui ont la possibilité de répondre, nous le diront-ils ? Nous avons posé deux questions aux patients : pensaient-ils avoir été victimes d’abus ou avaient-ils été témoins de comportements qui équivalaient à de l’abus ? ou négligence.

JDL : Les patients à qui on a posé la question étaient-ils disposés à y répondre ?

Dr Mercier : Les gens ont été surpris, mais je dirais agréablement surpris qu’il y ait un intérêt pour cela. L’autre chose est que les gens ont répondu positivement. Une personne sur vingt a répondu « Oui », soit 5 %. Nous ne sommes pas dans les 10% de la communauté que nous estimons donc probablement avoir manqué, mais nous savons que nous avons potentiellement découvert un cas sur deux ou sur trois de maltraitance qu’il y a. dans la communauté actuellement.

JDL : Que vous apprend cette étude pour les urgences ?

Dr Mercier : La conclusion est qu’on peut utiliser les urgences comme lieu de dépistage de la maltraitance envers les aînés et que si on pose la question, il y a une proportion importante de personnes qui répondront.

Dans le contexte actuel, je suis loin d’être convaincu qu’il faille dépister tout le monde de manière universelle, car cela devient alors une question un peu vide de sens. Mais, quand on a certains facteurs de risque, quand la personne fait plusieurs consultations un peu inexpliquées ou quand c’est une personne qui a une addiction, il faut au minimum avoir un faible indice de suspicion pour oser se poser la question.

 
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