Une agence genevoise soupçonnée d’espionnage pour le compte des Emirats

Une agence genevoise soupçonnée d’espionnage pour le compte des Emirats
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Au moins trois enquêtes, en France et en Suisse, visent le cabinet d’enquête genevois ALP Services et son patron Mario Brero. Ils sont soupçonnés d’avoir orchestré une campagne d’enregistrement et de désinformation contre des personnalités en Europe pour le compte des Émirats arabes unis (EAU).

Une décision de la Cour des plaintes du Tribunal pénal fédéral rendue publique lundi et relative à la procédure en cours indique en substance que le Ministère public de la Confédération (MPC) a ouvert une enquête le 5 décembre 2023 contre les deux dirigeants et, alternativement, la SA et la Sàrl.

Cette enquête fait suite à la révélation à l’été 2023 d’une vaste opération de fichage et de désinformation menée par les entreprises concernées à la demande des Émirats arabes unis. Des centaines de personnes auraient été enregistrées entre 2017 et 2020 en raison de liens supposés avec les Frères musulmans ou le Qatar. Des campagnes de dénigrement dans les médias ou sur le Web ont suivi.

Les infractions portent sur l’obligation de déclarer une activité couverte par la loi sur les services de sécurité privée. L’enquête concerne également des griefs tels que des actes commis sans droit par un État étranger, un service de renseignement politique, une violation de la loi sur la protection des données, une calomnie et une diffamation.

Cette procédure fait suite à une plainte du Département fédéral des affaires étrangères et d’un particulier. De son côté, le Ministère public genevois a ouvert une enquête le 1er octobre 2023 également à la suite d’une plainte. La procédure de Genève a été reprise par le MPC. Selon l’AFP, l’islamologue Tariq Ramadan et un ministre belge figurent parmi les plaignants.

Médiapart

En France, l’affaire a également débuté l’année dernière, lorsque Mediapart a publié une série d’articles, en partenariat avec le consortium européen European Investigative Collaborations (EIC), accusant Mario Brero et ALP Services travaillant pour le compte des renseignements émiratis.

Au menu, selon le site d’enquête, transmission d’informations à un agent des renseignements émirati, diffusion d’informations pour nuire aux adversaires des Emirats, publication de faux articles attaquant le Qatar et les mouvements liés aux Frères musulmans…

Les Frères musulmans sont désignés par les Émirats, comme par de nombreux pays de la région, comme organisation terroriste.

Selon Mediapart, l’agence privée suisse aurait notamment transmis entre 2017 et 2020 aux services de renseignement d’Abou Dhabi les noms d’un millier d’Européens et de plus de 400 organisations prétendument liées aux Frères musulmans dans 18 pays européens, dont plus de 200 personnes et 120 organisations en France, les qualifiant, souvent à tort, d’islamistes proches des Frères musulmans.

En France, cette liste aurait notamment contenu, selon Mediapart, l’ancien candidat socialiste à la présidentielle Benoît Hamon, l’adjointe au maire de Marseille et ancienne sénatrice Samia Ghali, le parti La France insoumise de Jean-Luc Mélenchon, le Centre national de la recherche scientifique. (CNRS) ou encore l’auteure et militante antiraciste Rokhaya Diallo.

“Préjugé”

En France, Mediapart et l’un de ses journalistes ont porté plainte mi-janvier, a annoncé le site d’investigation à l’AFP.

Selon une Source proche du dossier, la Brigade de Répression de la Délinquance Personnelle (BRDP) est également saisie de cette plainte visant, selon la nouvelle présidente de Mediapart Carine Fouteau, à « dénoncer l’inscription que nous estimons illicite (…) d’un de nos journalistes, assimilé à tort à un communicateur des Frères musulmans et, ce faisant, remis aux services secrets émiratis.»

“Cette inscription porte indûment atteinte à sa sécurité et à sa réputation, ainsi qu’à celles du journal”, selon elle.

“Coopérer”

“Mediapart a, dans le cadre de sa plainte, fourni au parquet de Paris un document interneALP Des services qui recensent les Français dont les noms ont été transmis aux autorités émiraties”, a précisé Mme Fouteau, déclarant à Mediapart “par principe, prête à coopérer avec la justice afin de contribuer à la manifestation de la vérité et d’éviter, quel que soit le pays, que de tels événements ne se reproduisent plus.

Interrogé par l’AFP, l’avocat de Mario Brero n’a pas réagi dans l’immédiat, tout comme les autorités émiraties. Contacté par Keystone-ATS, ALP Les services n’ont pas non plus répondu.

Mario Brero avait déjà été condamné en 2014 en France pour avoir collecté illégalement des informations sur le mari de l’ancien patron du groupe nucléaire français Areva, Anne Lauvergeon. Le tribunal a annulé la peine. (BB.2023.205-206 du 26 mars 2024)

 
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