La campagne contre les parcomètres gourmands est lancée

La campagne contre les parcomètres gourmands est lancée
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Les partis bourgeois, le Parti des artistes et les milieux économiques ont huit semaines pour convaincre les Fribourgeois d’accepter leur initiative réclamant une heure de stationnement gratuit.

L’horloge à l’oeil est défendue (de gauche à droite) par le libéral-radical David Krienbühl, l’UDC Pascal Wicht et l’artiste Claudio Rugo. © Jean-Baptiste Morel

L’horloge à l’oeil est défendue (de gauche à droite) par le libéral-radical David Krienbühl, l’UDC Pascal Wicht et l’artiste Claudio Rugo. © Jean-Baptiste Morel

Publié le 15/04/2024

Temps de lecture estimé : 4 minutes

Le comité de l’initiative communale «Pour la première heure de stationnement gratuite à Fribourg» a officiellement lancé sa campagne lundi matin. «Nous allons être très présents dans les prochaines semaines jusqu’au vote du 9 juin», a indiqué le directeur de campagne, David Krienbühl, secrétaire général de l’Association fribourgeoise du commerce, de l’artisanat et des services (AFCAS). Des sucres pour le café seront distribués dans 80 établissements publics de la capitale cantonale, tandis que des annonces apparaîtront dans les médias et sur Internet.

Claudio Rugo, président du Parti des Artistes, réalise de courtes vidéos avec des commerçants de la ville de Fribourg. L’alternative indépendante, associée aux partis bourgeois, croit fermement en cette cause. « Fribourg s’est développée depuis le Moyen Âge grâce à ses voies de communication : elles ont profité aux corporations qui ont fait la prospérité de la ville. Présentement, le conseil municipal fait tout pour gêner ces communications en limitant la circulation dans la ville», affirme le conseiller général au chapeau melon.

David Krienbühl, également élu au parlement municipal et président par intérim du PLR de la ville, utilise un langage similaire. Les commerçants de la ville souffrent d’une baisse de leur chiffre d’affaires. “Le Conseil municipal impose des mesures dogmatiques qui portent atteinte aux conditions-cadres favorables à l’économie locale.” Il cite le prix élevé des places de stationnement en ville, la suppression de quelque 600 places sur le domaine public ou encore la limitation de vitesse à 30 km/h. Allié à cette offensive, le TCS veut « soutenir la liberté de choix des moyens de transport pour que l’accessibilité à la ville reste possible pour tous, familles nombreuses, personnes à mobilité réduite et personnes âgées », explique sa secrétaire générale, Elena Ramos.

« Fribourg doit rester une commune ouverte et accueillante »
Simon Murith

Mauvaise image

«Fribourg doit rester une commune ouverte et accueillante, car en tant que capitale cantonale, elle concentre commerces, artisanat et services à la population, cela implique une responsabilité», souligne Simon Murith, président du Centre Ville. Or la politique de mobilité actuelle conduit à « entretenir une mauvaise image de la ville et incite les entreprises à quitter son territoire ».

Les partis de gauche, majoritaires dans la ville, ont réfuté le mois dernier les arguments des initiateurs en rappelant que les difficultés du commerce à Fribourg « sont avant tout liées à un contexte systémique, avec des loyers parfois élevés et de grandes surfaces en périphérie qui saignez les magasins de la ville. Ils ont également souligné les nuisances de la circulation, la nécessité de promouvoir les transports en commun et la mobilité douce, ainsi que la perte financière que représenterait pour la ville une heure de stationnement gratuit.

Question d’image

Pascal Wicht (udc) conteste l’idée selon laquelle cette initiative coûterait cher à la ville en la privant de revenus financiers. Il constate que les revenus des parcomètres ont chuté d’environ 5 à 4 millions par an « en raison de la suppression de 600 places de stationnement. En fait, les revenus diminuent à cause des politiques du conseil municipal. Nous pouvons les améliorer en stimulant le commerce en ville : un commerçant qui ne gagne rien ne paie aucun impôt.

Les initiateurs l’avouent, leur initiative a un aspect psychologique. « Oui, ce service gratuit va envoyer un signal positif à l’opinion publique. Le désamour pour Fribourg, qui grandit dans le reste du canton, ne repose pas uniquement sur des éléments objectifs. Il faut changer l’image de la ville», affirme le député libéral vert Daniel Savary.

Après ce qu’ils espèrent être une victoire le 9 juin, les initiateurs ne s’arrêteront pas là. «Le Conseil communal envisage de doubler le prix des vignettes de stationnement pour les habitants, qui coûtent déjà 400 francs par an. Nous sommes prêts à lancer un référendum», promet Pascal Wicht. Le comité a huit semaines pour convaincre les citoyens de la ville.

Une cause commune pour la carpe et le lapin

L’alliance de la droite, du Centre et de Claudio Rugo contre le prix des parcomètres surprend à première vue. A Fribourg, les partis bourgeois ont peu de valeurs communes avec le président du Parti des Artistes, qui n’aime rien tant que jouer les fauteurs de troubles au parlement municipal. Ce mariage de carpe et de lapin est pourtant plus fusionnel qu’on pourrait le croire. Les tourtereaux sont réunis par la volonté de contrecarrer les plans de la double majorité de gauche au pouvoir à Fribourg. Ils bénéficient du soutien des commerçants et du TCS, qui pèse lourd dans le vote municipal. Ensemble, ils peuvent rêver de victoire aux élections du 9 juin.

Certes, la cause du prix des parcomètres n’est pas la plus flamboyante qui soit. Certains y voient une approche populiste. Proposer une heure de stationnement gratuite aux automobilistes ne changerait pas grand chose à la politique de mobilité mise en œuvre à Fribourg, d’autant que les parkings privés ne sont pas concernés par la mesure. Mais les prix des parcomètres à Fribourg (2 francs de l’heure et 3 francs en zone spéciale) sont très élevés. L’initiative peut s’avérer attractive dans un contexte où les hausses massives de prix frappent durement les ménages. La majorité politique a également compris le danger, puisqu’elle a également décidé de mettre en place un comité de campagne qui inclura des associations. L’issue de ce bras de fer sur les parcomètres, dans huit semaines, s’annonce intéressante à plus d’un titre.

 
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