Un éleveur du Tarn-et-Garonne récolte près de 500 000 euros après la mort de l’ensemble de son troupeau

Un éleveur du Tarn-et-Garonne récolte près de 500 000 euros après la mort de l’ensemble de son troupeau
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NARRATIF – Les 103 porcs laineux de Pierre-Guillaume Mercadal ont dû être abattus après avoir contracté une maladie. Au moins 75 % du montant récolté grâce à une cagnotte servira à créer un Samu social agricole.

Son nom est devenu un symbole de“extrème droite” pour les uns, de la lente agonie du monde paysan pour les autres. Depuis plusieurs mois, l’éleveur de porcs laineux Pierre-Guillaume Mercadal fait régulièrement parler de lui dans les médias locaux. Pour un litige qui l’oppose à la mairie de Montjoi (Tar-et-Garonne) notamment, concernant une route communale cédée à un riche propriétaire anglais et qui rend difficile l’accès à son exploitation. Cette polémique a été mise en lumière par l’influenceur Papacito, à travers deux vidéos qui lui ont valu un procès en février dernier.

Mais l’affaire a récemment pris une nouvelle tournure. En mars dernier, l’ensemble du troupeau de Mercadal, composé de 103 animaux, a dû être abattu après avoir contracté une maladie rare. Il suggère un empoisonnement intentionnel. Sa principale Source de revenus a de toute façon été réduite à néant. Cette affaire a fait l’objet, vendredi 5 avril, d’une troisième vidéo de Papacito et d’une cagnotte. L’élan de solidarité est immense : à ce jour, près de 483 000 euros ont été récoltés, alors que l’objectif initial était fixé à 50 000 euros.

Création d’un Samu social agricole

Initialement, Pierre-Guillaume Mercadal comptait utiliser la moitié des bénéfices de la cagnotte pour acheter un troupeau entier et installer un système de surveillance élaboré pour son exploitation. Mais vu l’ampleur du succès, l’éleveur n’en gardera que 25 %, voire 20 ou 15 % si le montant augmente encore, explique-t-il à Figaro. La majeure partie de l’argent récolté sera utilisée pour « créer un Samu social agricole, pour offrir aux agriculteurs un accompagnement fiscal, juridique et comptable »mais aussi psychologique, « en leur permettant de se mettre au vert quelques jours »dit Mercadal. « Le projet, c’est d’essayer de sauver ce qui peut l’être et d’éviter les suicides »il résume.

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A terme, l’obtenteur espère obtenir le statut d’utilité publique, pour « lever de gros fonds » et étendre le projet à l’ensemble du territoire. Il envisage même de créer un « plateforme associative pour aider les agriculteurs à vendre leurs produits sans que personne n’en tire profit ». Mais cette étape reste, de son propre aveu, “vœu pieux”. « Vous imaginez la charge de travail que cela représente »il chuchote.

Mercadal soupçonne un empoisonnement

Concernant la mort de son cheptel, Pierre-Guillaume Mercadal évoque un “empoisonnement” et une “massacre”sans nommer aucun coupable. « Pour moi, c’est un service commandé à mon adversaire le plus haut placé », murmure-t-il, énigmatique. Dans la vidéo de Papacito, qui montre crûment le“euthanasie” porcs, l’éleveur apparaît particulièrement dévasté par la perte de ses animaux. Pour les deux hommes, il n’y a aucun doute : l’empoisonnement était intentionnel. Car la maladie d’Aujeszky, dont semblaient souffrir les porcs, ne touche habituellement que deux animaux par an, selon le vétérinaire Nicolas Ploux, interviewé en 2022 par Le Chasseur Français TV. Et qu’aucun autre cas n’a été enregistré dans les fermes environnantes.

« Les chasseurs locaux ne croient pas qu’il s’agisse d’une maladie naturellement contractée et les vétérinaires sont plus que surpris », explique Pierre-Guillaume Mercadal. Mais aucune preuve ne pourra jamais étayer ses accusations : les animaux ayant été testés positifs à une maladie, ils n’ont pas été autopsiés.

Différend sur un chemin

Pierre-Guillaume Mercadal et Papacito avaient déjà précédemment sollicité la générosité de leurs soutiens, dans la première vidéo du YouTubeur, datée de novembre 2022. Ils avaient récolté plus de 275 000 euros, investis principalement dans le fonctionnement de l’éleveur. Toute l’histoire remonte en réalité à 2017, lorsque Pierre-Guillaume Mercadal décide de s’installer à Montjoi. Il constate alors que la route municipale qui mène à son terrain a été vendue à un riche Anglais, propriétaire d’une propriété à côté. En réponse, l’éleveur a lancé plusieurs procédures pour contester la manière dont s’est déroulé le transfert. Car le chemin qu’il doit désormais emprunter est difficile à franchir.

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Mais depuis le début de l’affaire, le maire de Montjoi Christian Eurgal fait la sourde oreille. Jusqu’à l’épisode de maladie du bétail. Parce que les véhicules des services vétérinaires et d’équarrissage n’ont pas pu accéder à la propriété… en raison de l’impraticabilité du chemin. Les quatre syndicats agricoles locaux (Coordination rurale, FDSEA, Jeunes agriculteurs et Confédération paysanne) ont alors pris les choses en main, dénonçant d’une seule voix la situation dans un communiqué. Et la préfecture du Tarn-et-Garonne a fini par se charger de la réhabilitation de la route rurale. Des travaux exceptionnels ont été lancés fin mars en ce sens.

De son côté, Pierre-Guillaume Mercadal indique que « la paix a été faite avec les Anglais ». Un accord compensatoire a été conclu, en échange de l’arrêt de tous les procès en cours. Ce document est toujours gardé secret, à la demande du propriétaire britannique. Mais l’histoire pourrait trouver ici son épilogue.

De nombreux essais

L’éleveur reste néanmoins concerné par plusieurs procédures judiciaires. En septembre 2022, il a été condamné à 5 000 euros d’amende avec sursis, pour avoir retenu contre son gré le maire de Montjoi dans sa mairie. Les médias locaux ont rapporté un “séquestration”. Il le nie formellement. « Le maire a refusé de me signer un accusé de réception de lettre recommandée »dit Mercadal. « Alors je me suis assis sur une chaise devant la porte pendant 20 minutes »explique-t-il en assurant qu’il n’a pas «jamais touché ni menacé» le conseiller.

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Le maire de Montjoi a également déposé trois nouvelles plaintes pour harcèlement moral, suite aux vidéos de Papacito. Il a été placé sous protection judiciaire après avoir reçu de nombreuses menaces de mort. En février dernier, l’agriculteur a également été placé sous contrôle judiciaire pour des faits répétés d’outrage et de harcèlement, à l’encontre de Jean-Michel Baylet, maire de Valence-d’Agen et propriétaire de La dépêche. Le quotidien vient également de porter plainte contre lui, pour l’avoir qualifié de « revue collaborative ». L’intéressé préfère sourire : « Ils m’accusent de harcèlement, mais ils ont écrit 41 articles sur mon dossier, tous incriminants. Et ils ne sont jamais venus sur ma propriété depuis sept ans..

En janvier dernier, Pierre-Guillaume Mercadal défrayait encore la chronique en déposant un cadavre de cochon sur le bureau de Christian Eurgal. Car avant que l’ensemble de son troupeau ne soit touché par la maladie, cinq de ses animaux avaient été retrouvés morts, dont quatre abattus. Tous ces gestes provocateurs, toutes les vidéos et les invectives, Mercadal “supposer” : «Je n’ai frappé personne, je n’ai insulté personne. Que dois-je faire pour lutter contre cette situation ? Rentrer à la maison et me suicider ?.

 
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