Le budget a besoin de changements audacieux pour remédier à la baisse de productivité du Canada

Le budget a besoin de changements audacieux pour remédier à la baisse de productivité du Canada
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Un poulet Light Sussex à l’écloserie True North Heritage à Langley, en Colombie-Britannique, le 15 décembre 2014.DARRYL DYCK/Le Globe and Mail

Mark Wiseman est un gestionnaire de placements et dirigeant d’entreprise canadien qui est conseiller principal pour le Boston Consulting Group et membre du conseil d’administration de NOVA Chemicals.

À la suite de solides rapports sur l’emploi et l’économie aux États-Unis et d’un chômage croissant et d’une croissance flasque au Canada, il est temps que les Canadiens prennent conscience du malaise qui s’est installé dans notre économie.

Alors que le gouvernement fédéral finalise son prochain budget, nous devrions nous poser une question simple : que faisons-nous pour combler l’énorme écart de productivité entre le Canada et les autres pays développés ?

Il s’agit d’une question cruciale pour notre prospérité actuelle et future, même si je crains que le budget ne réponde pas de manière convaincante.

Il y a plus de 15 ans, le Groupe d’étude sur les politiques en matière de concurrence présidé par LR (Red) Wilson a publié un rapport complet qui identifiait les problèmes de faible croissance, de fragmentation du marché et d’obstacles réglementaires inefficaces, laissant le Canada derrière ses pairs.

Trimestre après trimestre, année après année et décennie après décennie, le déficit de productivité du Canada n’a fait que s’aggraver. Aujourd’hui, l’OCDE prévoit que le Canada sera l’économie la moins performante des 38 économies avancées au cours des 40 prochaines années.

Statistique Canada a indiqué que la productivité du travail a chuté au cours de six trimestres consécutifs et de 11 des 12 derniers trimestres, à seulement 72 pour cent de celle de nos homologues américains.

Ce n’est pas un déclin. Nous sommes en chute libre, contribuant à la hausse des biens et des services et à un gaspillage d’opportunités pour les travailleurs canadiens. En termes simples, notre niveau de vie accuse un retard croissant sans nous en rendre compte. Le Canada est devenu une nation de complaisance.

Pour arrêter l’hémorragie, l’économie canadienne a cruellement besoin d’une transformation culturelle. L’action des décideurs politiques a été inexistante, timide ou inefficace. Parallèlement, les entreprises canadiennes sont devenues en proie au contentement et au pouvoir.

Nous avons besoin de toute urgence de changements réglementaires et politiques audacieux et complémentaires qui créent les conditions dans lesquelles les entreprises doit innover et repousser les limites. Comment pouvons-nous y arriver?

Premièrement, nous devons accroître la concurrence pour forcer les entreprises à être plus productives. Les récentes modifications apportées à la Loi sur la concurrence constituent une première étape nécessaire. Mais d’importantes lois désuètes, des incitations opaques à la recherche et au développement et des barrières provinciales bien ancrées au commerce et à la gestion de l’offre continuent de restreindre la concurrence de manière plus générale. Des lois telles que la Loi sur les banques, la Loi sur Investissement Canada et la Loi sur le CRTC, par exemple, placent la barre très haute pour les nouveaux venus étrangers, au détriment de l’innovation et de la concurrence.

La proposition la plus notable du rapport Wilson était un renversement des examens de l’ONU sur la Loi sur Investissement Canada, qui ont été utilisés avec succès pour protéger les entreprises canadiennes de la concurrence extérieure. Les investisseurs étrangers ne devraient pas avoir à démontrer explicitement qu’une transaction « présente un avantage net pour le Canada » pour aller de l’avant. Le gouvernement devrait plutôt devoir démontrer qu’il est pas afin de bloquer une transaction.

En protégeant le statu quo, nous générons de grandes entreprises indifférentes à l’innovation – confiantes qu’elles seront probablement protégées contre de nouveaux concurrents, comme l’ont été les sociétés de télécommunications, ou suffisamment grandes pour les arracher, comme l’ont été les banques.

Le Hamilton Center for Industrial Strategy, un groupe de réflexion basé à Washington, a constaté qu’en 2021, les entreprises américaines ont dépensé environ 10 fois plus que les entreprises canadiennes en R&D, sur une base ajustée au PIB.

C’est stupéfiant – et la tendance s’aggrave. La même étude a montré que les dépenses en R&D des entreprises canadiennes dans les secteurs avancés ont diminué, passant de 68 pour cent en dessous de la moyenne mondiale à 78 pour cent en dessous de celle-ci entre 2013 et 2021, et que les dépenses des entreprises canadiennes sont restées inférieures à la moyenne mondiale dans tous les secteurs.

Nous avons créé une prophétie auto-réalisatrice de léthargie et d’insularité, faisant du Canada un endroit peu attrayant où investir et où la mesure ultime du niveau de vie – le PIB par habitant – continuera de se détériorer.

En effet, corrigé de la croissance démographique, notre PIB réel par habitant s’est détérioré. Dans les années 1980, nous étions en avance sur la moyenne des économies avancées, mais aujourd’hui, nos performances sont nettement à la traîne. Depuis 2015, le PIB réel par habitant du Canada n’a augmenté que de 0,4 pour cent par an, soit un point de pourcentage en dessous de la moyenne des économies avancées.

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Produits alcoolisés dans un magasin SAQ à Montréal le 7 décembre 2021.Graham Hughes/La Presse Canadienne

De nombreuses raisons expliquent ce résultat, mais l’innovation et la concurrence sont des éléments clés sous-développés dans l’économie canadienne par rapport à nos pairs. Moins de 2 pour cent des entreprises canadiennes intègrent la R&D dans leur stratégie commerciale. Les incitations gouvernementales à l’innovation, bien que coûteuses, n’ont pas réussi à faire avancer les choses.

Une étude de The Logic, un bulletin d’information économique, a révélé qu’un quart du financement des incitatifs fiscaux du gouvernement par le biais du programme phare de recherche scientifique et de développement expérimental allait à des filiales étrangères plutôt qu’à des entreprises canadiennes, et le système global d’incitatifs à la R&D a été critiqué pour son manque de Transparence.

En ce qui concerne notre secteur agricole, la vache sacrée de la gestion de l’offre, par ses restrictions à l’importation, ses quotas de production et ses contrôles des prix, protège le marché pour un groupe protégé d’acteurs sédentaires, entravant l’innovation et maintenant les prix artificiellement élevés pour les consommateurs canadiens.

En 2022, le gouvernement a engagé jusqu’à 4,8 milliards de dollars pour aider les agriculteurs soumis à la gestion de l’offre qui ont perdu des parts de marché. Au début de l’année, il a injecté 89 millions de dollars dans l’industrie de la volaille pour aider les transformateurs protégés à s’adapter aux changements du marché.

Tout gouvernement financièrement redevable aux intérêts des acteurs traditionnels sera incapable d’adopter la réforme à grande échelle dont nous avons besoin pour encourager la concurrence et favoriser un choix significatif pour les consommateurs et une croissance de la productivité.

Mais le plus grand dragon à vaincre sera peut-être la libéralisation du commerce interprovincial.

Cela fait plus de six ans que les provinces ont signé l’Accord de libre-échange canadien (ALEC), un accord historique qui était censé ouvrir la voie à l’ouverture du commerce entre les provinces. Mais pendant cette période, les progrès ont été glacials, les provinces continuant d’entraver le fonctionnement d’une économie nationale par la mobilité de la main-d’œuvre et les restrictions d’éligibilité.

Seules cinq provinces autorisent le transport sans restriction d’alcool à travers les frontières provinciales. En Colombie-Britannique, certains camions ne peuvent circuler que la nuit, mais en Alberta, ils ne peuvent circuler que le jour, ce qui ne laisse aux camionneurs qu’une petite fenêtre de temps pour traverser la frontière.

La ZLEC entrave également le développement de la main-d’œuvre. Au Québec, le programme d’études des infirmières auxiliaires ne couvre pas l’obstétrique ou la pédiatrie, contrairement aux autres provinces; et en Alberta et en Saskatchewan, l’exigence de formation pour les travailleurs sociaux est un diplôme de deux ans, ce qui diffère d’ailleurs au Canada.

Cette inefficacité a un coût. En fait, le FMI a conclu que cela équivaut à un tarif de 21 pour cent, alors que des chercheurs de la London School of Economics ont soutenu que ces restrictions coûtent à l’économie canadienne jusqu’à 99 milliards de dollars américains par an. La modélisation de Deloitte montre que la suppression de ces barrières à elle seule pourrait entraîner une augmentation du PIB national de 80 milliards de dollars, et les salaires des Canadiens augmenteraient de plus de 5 pour cent.

La coopération fédérale et provinciale doit éliminer ces obstacles. Malheureusement, si l’on en croit la dernière réunion des premiers ministres, nous pouvons nous attendre à un leadership économique timide et absent et à des solutions de fortune lorsqu’une intervention chirurgicale majeure est nécessaire.

Le temps est venu d’usurper massivement les mesures désuètes et les intérêts particuliers qui empêchent un marché libre au Canada. L’opposition à ces changements est prévisible, mais les conséquences d’une démarche progressive continue et superficielle sont encore plus graves.

Nous avons somnolé dans une crise de productivité. Si le prochain budget concernait réellement l’économie, il devrait être axé sur la façon dont nous pouvons nous en sortir au plus vite.

 
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