Un projet de lieu de mémoire au camp Beausoleil qui abritait des tailleurs de pierre italiens en Creuse

Un projet de lieu de mémoire au camp Beausoleil qui abritait des tailleurs de pierre italiens en Creuse
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Il y a tout juste un siècle, les Italiens arrivaient en Creuse pour travailler dans les carrières de pierre. Des centaines de personnes sont venues exploiter le granit à Maupuy à partir de 1920. Beaucoup de ces ouvriers vivaient dans des casernes en bois installées à 150 mètres de l’étang de Courtille à Guéret, le camp de Beausoleil.

« Ils étaient onze au départ, ils sont arrivés le 31 décembre 1920 au camp de Beausoleil »raconte Daniel Sechuitti, arrière-petit-fils d’un de ces ouvriers. « Ils venaient travailler parce qu’il y avait de la pauvreté chez eux, plus encore qu’ici. » Les conditions de travail étaient dures : “Ils venaient tailler des pavés, ils montaient là-bas à pied, jusqu’à Maupuy, en prenant leurs sacs, et ils mangeaient toute la journée.” Les conditions de vie étaient basiques aussi : « Au début il n’y avait ni eau courante ni électricité mais ils l’ont installé, ils ont fait des puits, un lavoir, des jardins… »

C’est ce terrain que la mairie et les associations franco-italiennes souhaiteraient racheter et réhabiliter. C’est sur un terrain privé. L’idée est d’en faire un lieu de mémoire pour que l’on se souvienne de cette page de notre histoire. Au plus fort de l’exploitation des carrières en 1933, la Grande Carrière du Maupuy comptait 300 ouvriers. En 1936, 160 tailleurs de pierre vivaient au camp de Beausoleil, dont les trois quarts venaient d’Italie. Les carrières cessèrent progressivement d’être exploitées dans l’après-guerre.

Certains ouvriers avaient aménagé un potager ou construit de petits ateliers derrière la caserne en bois de Guéret. © Radio-
Marie-Jeanne Delepaul

Rechercher des témoignages

Le camp, aujourd’hui abandonné, est composé de cinq cabanes résumés réalisés à partir de planches. Il y a l’ancienne cantine, vestiges d’ateliers, mais l’herbe recouvre désormais les potagers des ouvriers. A l’intérieur des bâtiments, d’anciens papiers peints fleuris décorent les murs.

Un comité de pilotage vient d’être créé par la mairie pour réfléchir au projet de mémoire. L’une des premières étapes est la recherche de témoignages et de documents d’archives. « Nous voulons souligner qu’il s’agit d’une histoire d’intégration réussie de migrants venus travailler. Beaucoup ont pris racine ici, cela fait partie de l’histoire de la Creuse », explique Gilles Brunati, conseiller municipal à Guéret. Le projet touche beaucoup Daniel Sechuitti, président de l’association El Fogolar : « Nous devons faire quelque chose pour conserver la mémoire, pour que les gens se souviennent. »

Les conséquences du projet restent à définir : installation d’une stèlerénovation d’un chalet, ou encore création d’un sentier de randonnée entre Beausoleil et Maupuy.

La caserne du camp Beausoleil est située sur un terrain privé. © Radio-France
Marie-Jeanne Delepaul
  • Si cette histoire des carriers italiens et du camp Beausoleil vous intéresse, une conférence est organisée le 31 mai à 18h dans la salle Saint-Sulpice-le-Guérétois
 
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