Qui est Benoît Labre, ce saint du XVIIIe siècle passé par le Lot ? – .

Qui est Benoît Labre, ce saint du XVIIIe siècle passé par le Lot ? – .
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Par Marie-Cécile Itier
Publié le

14 avril 24 à 7h00

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Saint Benoît Labre (1748-1783) parcourut pendant sept ans quelque 30 000 kilomètres dans le plus grand dénuement, allant de village en village, d’églises en sanctuaires, prier Dieu. Entre le Nord où il est né et Rome, il s’arrête quelques jours dans le Lotprès de Lalbenqueoù se déroule un pèlerinage à Saint-Hilaire du 12 au 14 avril 2024, en souvenir de sa mort.

Du Nord à Rome, en passant par Lalbenque dans le Lot


Né le 26 mars 1748 à Amettes (Pas-de-Calais), dans une famille aisée de Picardie, Benoît-Joseph Labre était l’aîné d’une famille pratiquante de quinze enfants. À l’âge de seize ans, alors qu’il fut envoyé chez un oncle prêtre en vue de devenir prêtre, il comprit qu’il voulait être moine : « Je veux être moine contemplatif et non curé de campagne. Je vivrai de plantes comme les anciens ermites », a-t-il déclaré. A 19 ans, il tente d’entrer dans différents monastères (dont l’abbaye de Sept-Fons), il est trop faible et souffre de terribles crises d’angoisse qui le font douter de sa vocation. L’abbé de la Grande Trappe finit par lui dire : « Dieu te veut ailleurs ». Il ne cherche pas à le conserver à tout prix.

À partir de ce jour, il comprend que Dieu lui demande un détachement total. Commence alors une vie d’errance absolue. Le jeune homme parcourt les routes d’Europe (de l’Espagne à la Pologne, de l’Allemagne à la Sicile) pour prier sans cesse et toujours. Nourri par la Parole, aimant le silence, il marche avec le Christ.

Pourquoi est-il attiré par Rome ?

Son vœu lui ordonnait de ne s’arrêter nulle part et de ne jamais croire qu’il aurait pu atteindre un objectif. Mais « guidé par une soif d’absolu qui le porte vers une errance éternelle », il est attiré vers le tombeau des martyrs et le deuxième lieu de sainteté est Rome. « Belle ville sainte », répète Benoît à qui veut l’entendre, allant de clocher en clocher en balbutiant quelques mots d’italien, « toujours désireux de découvrir une Rome toute nouvelle, toute blanche ».

Il passera des journées entières dans les églises. Il va prier au tombeau de saint Pierre et à celui de saint Paul au sud de la ville. Il se rend là où est enterré saint Lurent, ce saint populaire, ami des pauvres comme lui et martyr de l’Antiquité.

Épuisé, il meurt le 16 avril 1783, à l’âge de 35 ans. Le jour de sa mort, des enfants couraient dans les rues de Rome en criant : « Le saint est mort ! Le saint est mort ! « . Cela montre si son message évangélique s’est répandu.

Il fut canonisé par le pape Léon XIII le 8 décembre 1881. Après sa mort, les foules découvrirent que partout où il allait, il avait cherché à faire le bien.

Sa maison ? Les arches du Colisée

Son endroit préféré, pour lui, est le Colisée. A l’époque, le lieu était dégradé. Une partie des fondations a été supprimée pour construire la Rome baroque et elle a trouvé un abri régulier dans un trou creusé entre les pierres.

Pour Benoît Labre, le Colisée n’est pas seulement un édifice en démolition où l’on peut s’abriter, mais il repose (et s’élève) sur la terre qu’a arrosée le sang des martyrs chrétiens. Dans ce lieu, il est heureux de se joindre aux processions et au chemin de croix. Et il vit parmi les siens, les pauvres que la ville rassemble ici. Mais personne ne lui prête attention « grâce à son immobilité patiente qui fait croire à l’insignifiance de son esprit ».

Le saint patron des exclus, des exilés, des réfugiés, des routards, qui à sa manière avait déjà aboli les frontières de l’Europe bien avant nous, est célébré le 16 avril. Il voulait être le dernier des derniers. Pour y parvenir, la première chose qu’il a lâchée a été le regard des autres.

Les jeunes marchent comme Benoît Labre

« Lors de plusieurs voyages en Inde, rencontrant chaque jour des ermites errants sur les sentiers, j’étais moins gêné par leur saleté que fasciné par leur regard. Savez-vous combien d’entre eux vivent aujourd’hui en Inde et mènent cette vie ? Plus d’un million. À leur suite, des milliers de jeunes de notre région, chercheurs d’Absolu, marchent comme Benoît Labre, sans savoir où les mènent leurs pas. Terriblement déçus par les paradis de la consommation, ils ne cessent de se demander : vivre pour quoi ? Vivre pour qui ? »
Homélie du Père Stan Rougier le 2 septembre 1984, lors de la messe télévisée célébrée à Amettes, devant la maison natale de Saint Benoît Labre.

Il choisit la voie de l’altruisme

« Il est l’un des saints les plus spéciaux de l’histoire de l’Église » selon le pape Benoît XVI. « Cela ne représente bien sûr pas un exemple à diffuser, mais c’est un indicateur, un doigt tendu vers l’essentiel. Il nous montre que Dieu seul suffit. Il nous montre qu’au-delà de ce qu’il peut y avoir dans ce monde, au-delà de nos besoins et de nos capacités, ce qui compte c’est de connaître Dieu » (homélie du 16 avril 2012).

Ce saint homme est mort comme il a vécu : sale, horriblement sale, à tel point qu’on disait que son odeur pestilentielle s’exhalait à des mètres à la ronde. L’homme ne s’était pas lavé depuis longtemps, cela faisait partie de son sacerdoce, de son martyre dans une manière d’exprimer sa foi que les soi-disant puristes ne comprenaient pas du tout. Il a cependant su conquérir le cœur d’écrivains comme André Dhôtel qui lui a consacré une biographie en 1957, ou de poètes comme Paul Verlaine qui lui sont venus en aide : « Saint Benoît Labre, seule gloire religieuse du XVIIIe sièclee siècle, mais quelle gloire immense ! Et pourquoi désespérer à jamais d’un pays avec de tels saints, amoureux de la misère et fous de désagréments ! Et quelle pierre d’achoppement pour nos cerveaux chancelants aujourd’hui ! » conclut l’auteur de « Fêtes Galantes ».

Benoît-Joseph Labre ne fait pas partie de ces saints glorifiés par des statues grandioses ou des tableaux de maîtres.

C’est un saint humble et discret dont le nom circule entre des moments de silence recueilli. « Ce qui me touche chez lui, dit le frère Augustin Laffay, c’est sa générosité. Une gratuité qui amène les individus à échapper à une logique de calcul et crée un élan. Benoît Labre a vécu à une époque où l’on commençait à vanter le progrès technique et industriel comme une Source de bonheur et il a montré qu’il existait une autre voie désintéressée. Ce que j’aime chez lui, c’est qu’il a le choix. Il n’agit pas comme une tête brûlée, il a une soif d’absolu. Le gisant qui l’incarne dans l’église de Santa Maria dei Monti le représente comme un clochard couché. Mais comment geler un homme qui ne peut pas être gelé ? Rome serait honorée de célébrer à la place qui lui revient Benoît Labre, voyageur céleste qui a cheminé vers le bonheur de la Providence en errant dans la main de Dieu.

André DECUP

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