en Charente, les écoles multiplient les efforts, même en campagne

en Charente, les écoles multiplient les efforts, même en campagne
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Une équipe pédagogique solidaire

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Depuis son arrivée en 2019, Florence Mérour n’a qu’un seul maître mot. Ambition. Dans ce domaine, la Charente n’est pas la mieux notée ces dernières années, notamment en termes de poursuite d’études supérieures. “Il faut leur donner accès au baccalauréat, leur ouvrir le champ des possibles.” Elle ne le cache pas. « Nous avons dû retrousser nos manches, en équipe. » Entourée d’Élodie Posat (CPE), Florence Boulesleix (infirmière) et Noémie Certain (gestionnaire), la proviseure mène un immense projet.


Florence Merour, directrice du collège de Montemboeuf.

Quentin Petit

Baisse démographique, désertification, restructuration des écoles primaires… Cette spirale négative ronge dangereusement le dynamisme de ce territoire. Ambition académique avec. « Nous avons décidé d’ancrer un projet cohérent avec l’économie de notre bassin de vie. Le manque d’ambition n’est pas une fatalité ici », assure-t-elle. « J’ai un élève brillant et passionné par les animaux. Son objectif n’est cependant pas de devenir ingénieur. Nous ne devons pas pousser plus haut à tout prix. Il faut les écouter tous et leur donner les clés de leur réussite. Il est faux de dire que nous nous limitons à des études courtes. Il y a de beaux parcours. »

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La proximité, une chance

Dans une petite structure scolaire comme celle-ci, la proximité entretenue est bien plus que de la chance. Un environnement nettement moins présent dans les grandes villes et les classes surpeuplées. « On connaît tout le monde, les étudiants s’ouvrent. Tout cela favorise une prise en charge globale. Oui, il faut y consacrer beaucoup de temps, accepter d’être demandé, disponible, ça ne s’arrête jamais si on veut être là pour tout le monde”, explique-t-elle.

Infographie CL

Il faut oublier le côté « ce n’est pas pour moi ».

Dans les campagnes, le manque d’ambition n’est pas seulement dû à l’éloignement des zones urbaines. Elle est souvent la conséquence d’un malaise plus profond, plus récent, qui affecte une ambition déjà devenue difficile. « Derrière les petites histoires, il y a souvent les plus grandes. Les étudiants sont marqués par des problèmes sociaux, familiaux et souvent même judiciaires. On peut parler de violences, beaucoup sont ici livrés à eux-mêmes très tôt », relate Florence Boulesleix, infirmière. « Ils traversent des moments de grande fragilité. Les divorces en sont souvent la cause. L’ambition passe au second plan à ce stade. Le collège doit être cette oreille attentive et bienveillante. »

Débarrassez-vous des préjugés ruraux

A Montemboeuf, l’environnement d’apprentissage fait la différence. Salles blanches, accès « judicieusement » au numérique et stages dans les lycées voisins. « Nous leur faisons découvrir des entreprises locales chaque semaine. Notre forum d’orientation interne attise la curiosité. De l’industrie, de l’événementiel, de l’informatique, de la santé et sécurité ou de l’agriculture. Nous avons par exemple reçu Georgia Shriane, avocate internationale. Nous leur donnons également accès à la culture et aux voyages.

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L’internat de l’établissement, labellisé « excellence », fréquenté par des enfants aux vies difficiles, offre un accueil reconnu dans le département. « Son accompagnement rapproché de chacun pour un projet personnel construit, cohérent et réussi » crée un environnement sécurisé et propice aux études.

En Nord Charente, Pierre Ulrich, directeur du collège Champagne-Mouton, accorde également une grande importance à la réussite de ses élèves. « Sur nos territoires, nous cumulons beaucoup d’obstacles, notamment des transports plus longs, plus chers… L’équipe pédagogique est à la pointe de ce défi. »

Dans ces environnements éloignés, les professionnels de l’éducation veulent vaincre les préjugés. « Le côté ‘c’est pas pour moi’, il faut l’oublier. C’est un défi chaque année. Mais il est essentiel de semer des graines pour l’orientation au collège.»

Dans les classes, « certains élèves alimentent les rêves, il faut les accompagner. Nous essayons de leur montrer la réalité des métiers qu’ils aimeraient exercer et nous essayons toujours de les présenter aux autres en même temps. »

A Montemboeuf, Florence Merour ne cache pas son visage. « Cela n’est possible que grâce à la coopération de tous les acteurs impliqués dans l’éducation de l’enfant, mais aussi grâce à un travail basé sur la confiance avec les parents. Cela nous mobilise à plein temps, parfois beaucoup plus. Nos ressources humaines restent très limitées dans nos petites structures rurales… »

A l’Académie, des chiffres encourageants

Conseiller technique chargé de l’orientation à l’académie de Poitiers, Yannick Thévenet suit de près la poursuite des études des élèves dans les lycées. « Pour les baccalauréats généraux, les chiffres de l’académie sont pour la première fois supérieurs à ceux du niveau national (infographie ci-contre). » L’académie porte un regard individualisé sur l’enseignement secondaire. « Angoulême n’a pas les mêmes besoins que Cognac ou Confolens. Nous identifions les besoins de chacun. On a de bons résultats, il faut les éduquer à faire des choix, en leur donnant toutes les cartes. » Pour ce faire, ils disposent de différents dispositifs, comme les Cordées de la Succès. Leur objectif est de lutter contre l’autocensure et de susciter l’ambition académique des étudiants. « Le projet CODA, plus local, accompagne les étudiants dans leur réflexion et la construction de leur cursus avec les universités de Poitiers et de La Rochelle. Le but est de donner du sens et de déconstruire les idées reçues. Montrez la diversité des parcours professionnels possibles et ne vous réduisez pas à une quinzaine de métiers. »

 
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