SÉNÉGAL-ENVIRONNEMENT-PATRIMOINE / Siwaal, un site sacré témoin de l’histoire du village de Thiobon – Agence de presse sénégalaise – .

Du correspondant de l’APS, Modou Fall

Thiobon (Bignona), 11 avril (APS) – Situé dans l’aire marine protégée (AMP) de Kaaloola Blouf-Fogny, Siwaal (pierres de diola) est un site sacré, témoin de l’histoire du village Thiobon, localité de la commune. de Karthiack, dans le département de Bignona (sud).

Pour rejoindre ce village « traditionnellement reconnu à Blouf pour son hospitalité, son savoir-faire en matière d’aménagement », il faut passer par Tobor, Bignona et Tendiem. En chemin, un paysage luxuriant défile sous le regard captivé des voyageurs, à l’image de ce groupe de journalistes et d’agents de l’AMP qui ont pris place à bord.un bus dans le cadre d’une caravane dans les aires marines protégées de Casamance.

Ces parties de la région possèdent un véritable trésor constitué d’une flore riche comprenant des manguiers, des orangers, des citronniers, des palmiers, des anacardiers, entre autres espèces végétales.

Après trois heures de route, la caravane arrive à Thiobon. Le véhicule doit cependant emprunter une piste latéritique pour entrer dans le village.

Composé principalement d’indigènes Diolas, ce village d’agriculteurs et de pêcheurs fondé par une famille Mané vers les années 1800, se distingue par son site sacré, situé à proximité du quai.

Sur place, les femmes trient les graines d’arachide. Après les salutations d’usage, ils invitent les visiteurs à prendre une collation. “Prenez, prenez !”, dit l’un d’eux avec beaucoup d’insistance.

Dans ce village du département de Bignona, la transformation des produits locaux est la principale activité des femmes. Ils sont également actifs dans la recherche d’huîtres, de crevettes, entre autres fruits de mer vivant dans les mangroves.

Vers midi, le village redevient calme. Les enfants étant allés à l’école, les femmes, laissées presque seules au foyer, s’occupent des affaires domestiques. Seuls quelques habitants sont visibles dans les rues ou sur la place publique qui fait office de marché.

« Thiobon est un village traditionnellement reconnu pour son hospitalité », précise Ousmane Coly, notable et président de l’aire marine protégée Kaaloola Blouf-Fogny, qui regroupe neuf villages pour une superficie de plus de 83 000 mètres carrés.

Thiobon a été l’un des premiers villages islamisés dans le département de Bignona et le premier dans l’arrondissement de Tendouck, informe Ousmane Coly. Selon lui, « Thiobon est le premier village de Blouf à posséder également une mosquée construite dans les années 1950 par ses ancêtres ».

Ce village de près de 3 000 habitants compte deux écoles primaires et un collège. Elle est entourée au sud par le Mlomp, à l’est par Karthiack, au nord par Kabiline et à l’ouest par le marigot de Diouloulou.

Le Thiobon vient de « Ehimbane » (tomate diola)

Durant la période coloniale, les Français débarquaient au quai de Thiobon où ils construisaient leurs habitations. Ils pratiquaient le maraîchage, plus précisément la culture de tomates. C’est de là que vient le nom Thiobon, « Ehimbane », c’est-à-dire la tomate, en Diola, explique M. Coly.

« Les Diolas ne parlaient pas français à l’époque, dit Thiobon au lieu de +c’est bon+. Comme les Blancs étaient bien accueillis, ils disaient toujours ‘c’est bien’ pour montrer leur satisfaction », raconte le notable.

Siwaal érigée en AMP en 2020

Autour des aires marines protégées, les populations s’organisent selon des processus de construction territoriale. Dans la plupart des cas, ces AMP incluent une dimension religieuse. C’est le cas du site de Siwaal. Le site est entouré de pierres, d’eau et de diverses espèces d’arbres.

Situé dans la zone marine protégée de Kaaloola Blouf-Fogny, il est considéré comme sacré et spirituellement important. Il revêt une grande importance culturelle pour la communauté locale qui y pratique ses rituels. Les familles « Diédhiou » du village de Thiobon continuent de mener des activités sacrificielles sur ce site qui, selon elles, a été découvert par leurs ancêtres.

« Voici un lieu sacré. Nous y recevons pas mal de monde venant de tout le Sénégal. Nous accueillons les autorités, les lutteurs et même les footballeurs professionnels et les étudiants. C’est un lieu de prière», explique Bakary Walo Diédhiou, le conservateur des lieux. Il rappelle que le célèbre lutteur « Yékéni » y venait pour préparer ses combats.

Visiblement ravi de recevoir les visiteurs, le vieux Diédhiou prend son temps pour montrer comment formuler ses vœux pour qu’ils soient exaucés au plus vite par Dieu.

L’équipement de la pirogue naufragée à Erongol retrouvé à Siwaal

L’histoire de Thiobon, c’est aussi la confluence des bolongs à l’embouchure de Baïla, Diouloulou et Kafountine. Ce lieu s’appelle Orongol (la réunion des bolongs, en Diola). Erongol est le lieu par lequel les gens passaient pour cultiver dans les îles. Ils considéraient ce lieu de rencontre des bolongs comme mystérieux, en raison du mouvement de l’eau, se souvient Ousmane Coly.

Par ailleurs, « vers les années 1950, dit-il, une pirogue s’est renversée à Erongol (…) ». Un accident autour duquel le plus grand mystère continue de demeurer, même si le matériel des naufragés, à savoir les Kadiandous (houes) et les chaussures ont été retrouvés à Siwal, près du quai Thiobon, informe-t-il.

« En conséquence, Siwal est devenu un site sacré car il est en corrélation avec Erongol. Aujourd’hui, lorsqu’une pirogue se retourne de l’autre côté, à des centaines de mètres d’Erongol, nous retrouvons les bagages sur le site de Siwaal”, a-t-il déclaré, ajoutant que les gens viennent aujourd’hui de partout pour implorer Dieu.

Ousmane Coly raconte qu’une mystérieuse lumière était visible la nuit sur ce site. Et les populations ignoraient son origine. «C’est un lieu plein de mystère», affirme le notable.

« Chérif Mamina Aïdara a chassé les mauvais esprits d’Erongol »

« Pendant des années, nous avons dû désamorcer la bombe. Comme la traversée était difficile, nous avons dû demander de l’aide aux chérifs, en l’occurrence Chérif Mamina Aïdara qui a fait des prières pour apaiser Erongol », se souvient-il.

“Un taureau noir était [sacrifié] dans la rivière. Et l’animal a disparu. Et on se rend compte que, durant ces années, Erongol est devenu passif », ajoute-t-il. Selon lui, lorsqu’une personne s’approchait d’Erongol, elle restait silencieuse jusqu’à ce qu’elle passe devant le lieu de rassemblement des bolongs, ce qui était considéré comme dangereux.

L’île de Kareungueul investie par les pêcheurs maliens et guinéens

«Nous poursuivrons notre route vers l’île de Kareungheul, qui sera érigée en AMP en 2020», déclare aux visiteurs le conservateur de l’aire marine protégée Kaaloolal Blouf Fogny, le capitaine Augustin Sadio.

Depuis le quai Thiobon, le groupe prend place dans deux pirogues, l’une en fer et l’autre en bois. Chacun enfile son gilet de protection. Et c’est le coup d’envoi de cette visite. Tout au long du trajet, votre regard se pose sur un bolong entouré de rangées de mangroves.

« Cette île est un camp appelé Keureungueul. Ici, on voit la présence de pêcheurs et de transformateurs. Ce sont des Maliens et des Guinéens. Ils capturent le poisson et le transforment en le fumant. Cette activité ne rime pas avec la conservation de l’AMP, déplore le capitaine Augustin Sadio.

Le capitaine Sadio indique que ces pêcheurs ont été installés par le village de Thiobon, soulignant qu’il est interdit de s’installer dans la mangrove et d’utiliser ses bois pour fumer.

« Nous avons sensibilisé ces pêcheurs pour leur faire savoir que l’activité qu’ils exercent est interdite. C’est un problème que nous essayons de gérer », ajoute le conservateur de l’AMP Kaaloolal Blouf-Fogny.

A l’avenir, il souhaite construire un camp et un point de vue sur l’île de Kareungueul pour mieux surveiller cette zone située à deux pas du fleuve Casamance.

MNF/ASB/OID/ASG

 
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