Groupe Juste pour rire | Tentacules à vendre – .

La façon dont nous nous apprêtons à disperser les nombreuses composantes du Groupe Juste pour rire nous montre l’ampleur de l’empire tentaculaire que Gilbert Rozon a réussi à créer au fil du temps. Le rapport de mon collègue Julien Arsenault, publié mercredi, montre à quel point cette gigantesque entreprise est le curieux mélange d’un OBNL et d’une entreprise commerciale, dotée de divers canaux qui donnent accès à l’argent public (subventions, crédits d’impôt, etc.).


Publié à 1h20

Mis à jour à 6h13

Festivals (Juste pour rire, Juste pour rire, Zoofest), émissions de télévision et de radio françaises et anglaises, tournées d’humoristes, productions de spectacles musicaux, tout cela est maintenant à vendre. Même la marque, toujours puissante au Canada et en Europe, souligne-t-on, a de la valeur. Le plus offrant pourra même mettre la main sur tinter par Serge Fiori.

Lire « Juste pour rire aux enchères : il se passe des choses en coulisses »

Fondé en 1983, Juste pour rire a profité de l’essor fulgurant de l’humour, cet énorme sein du show-business auquel on boit insatiablement, pour devenir un empire. Et c’est à partir d’une modeste manifestation subventionnée de quelques spectacles que cette entreprise colossale a été construite.

Cette construction me fascine en même temps qu’elle me révolte. Quand je parle aux « professionnels du domaine », ils me disent tous la même chose : les niveaux de gouvernement offrent cette possibilité, pourquoi s’en priver ?

Vous savez quoi ? Ils ont tout à fait raison. Le système permet ça, c’est parti, des pigeons dans la bonbonnière. Gilbert Rozon, comme d’autres acteurs du secteur culturel, en a vite compris les rouages. Il savait déterminer les ficelles sur lesquelles tirer pour que cette activité soit très lucrative.

Au Québec, plusieurs modèles de festivals cohabitent. Il y a les « standards », ceux qui s’appuient sur des subventions publiques et des sponsors privés. Il y a ceux qui incluent différentes manières de croître, des entrées payantes, par exemple. Et il existe des hybrides, qui sont un mélange d’OBNL et d’entreprises commerciales.

Nous entendons constamment parler de la crise des festivals. La réflexion que nous menons doit absolument prendre en compte tous ces modèles, la nature des festivals, leurs objectifs et leur contexte géographique.

Bref, on voit bien qu’exiger davantage d’argent public n’est pas la seule solution. C’est un travail qui doit être fait en fonction de la réalité de chacun. Cet exercice mérite un grand sérieux. Des questions importantes doivent être posées, notamment sur la fameuse cohabitation des intérêts commerciaux et des aides publiques, même si l’on nous répète sans cesse que cela représente une faible part du financement.

Et pendant qu’on y est, pouvons-nous regarder l’éléphant dans la pièce ? Comment des investisseurs étrangers, la plupart du temps peu intéressés par la culture québécoise, peuvent-ils obtenir de nos poches des subventions et des crédits d’impôt, pour une participation financière légèrement inférieure à 50 % (49 % suffisent) ?

Les festivals ont du pain sur la planche. Beaucoup de pain.

Gilbert Rozon réclame les 17 millions que lui doit l’actionnaire américain Creative Artists Agency après la vente du groupe Juste pour rire. En voyant cela, je n’ai pu m’empêcher de penser au fameux projet de musée Juste pour rire à Montréal qui a englouti des millions de dollars en argent public.

Un retour dans le temps est nécessaire.

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Gilbert Rozon

Après quatre années de préparation, le Musée… pour rire (qui deviendra le Musée Juste pour rire – MJPR) est inauguré le 1euh Avril 1993 sur le boulevard Saint-Laurent. Le projet (entité indépendante nommée Académie nationale de l’humour) bénéficie d’un soutien financier important de trois niveaux de gouvernement : Québec (5,5 millions), Ottawa (5,5 millions) et la Ville de Montréal (2,5 millions). Son fondateur, Gilbert Rozon, promet une fréquentation annuelle de 400 000 visiteurs.

Dix mois plus tard, on ne rigole plus : le musée est un gouffre financier. Sous la plume de Stéphane Baillargeon de Devoir (qui a largement traité de cette question), on apprend que plusieurs responsables du ministère de la Culture et des Communications (MCC) s’étaient opposés au projet, en vain.

Gilbert Rozon n’a d’autre choix que de sortir son chéquier. Une coalition de 200 comédiens et industriels se forme pour sauver le musée. Une entente est signée avec les Caisses Desjardins et Power Corporation promet de l’aide. Pierre Marc Johnson accepte la présidence du conseil d’administration. Le musée a rouvert ses portes en juillet 1994.

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Le musée Juste pour rire, en 2008

En février 1998, le musée transforme l’un de ses espaces en discothèque sans demander l’avis de Québec (MCC) et de Montréal (SHDM), qui prennent en charge l’hypothèque de 9,3 millions de dollars. Conscient de cela, le MCC a réduit son aide. Cinq mois plus tard, le MJPR rouvre ses portes avec une exposition pour les enfants.

En janvier 2005, Liza Frulla annonçait une subvention de 450 000 $ pour la création d’un site Internet regroupant les numéros d’humoristes. Quatre ans plus tard, le MJPR devient un centre de création, de recherche et de diffusion spécialisé dans l’humour. Le concept est nul.

Finalement, le 31 décembre 2010, après 17 années marquées par de nombreuses opérations de sauvetage, l’institution coule.

Alors, quand je vois Gilbert Rozon (qui aurait investi 10 millions de sa poche dans ce projet) se tourner vers la justice pour réclamer son dû, cette triste saga me vient à l’esprit.

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PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE

Émily Bégin, Guillaume Lemay-Thivierge et Théodore Lemay-Thivierge

Action dans les comédies musicales

En mettant en avant la surabondance de grandes productions musicales dans une chronique, ai-je été un prophète de malheur ? On vient d’apprendre qu’Émily Bégin et le fils qu’elle a eu avec Guillaume Lemay-Thivierge, Théodore, quittent la production de Chat. Les deux artistes évoquent des problèmes d’horaire.

Il y avait aussi Serveuse qui a failli tomber au combat lors du naufrage du Juste pour rire. Heureusement, la production a été reprise par ComédiHa!.

Et puis il y a Tootsie, qui devait être créée durant l’été à Saint-Denis, qui a été reportée à l’automne. Un mois après l’annonce, on apprenait que la drag queen Gisèle Lullaby (Simon Gosselin) avait été embauchée pour accompagner José Dufour dans sa transformation scénique.

L’équipe reconnaît que cette décision vise à « garantir le respect des enjeux et considérations propres aux » communautés LGBTQ+. Même si le scénario raconte l’histoire d’un homme se glissant dans la peau d’une femme, nous ne voulons prendre aucun risque.

 
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