Comment la Suisse peut-elle mettre en œuvre l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme ? – .

Comment la Suisse peut-elle mettre en œuvre l’arrêt de la Cour européenne des droits de l’homme ? – .
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Condamnée pour sa politique climatique insuffisante, la Suisse est désormais confrontée à un casse-tête.

La balle est dans le camp du Conseil fédéral. © Clé de voûte

La balle est dans le camp du Conseil fédéral. © Clé de voûte

Publié le 10/04/2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

Et maintenant? Après les cris d’horreur ou de victoire, la Suisse devra corriger sa politique climatique pour ne plus violer les droits humains. Ce mardi, la Cour européenne des droits de l’homme (CtEDH) a condamné le pays pour non-respect de l’article 8 de la Convention, qui consacre « le droit à une protection effective, par les autorités de l’État, contre les graves effets néfastes du changement climatique sur la vie ». santé, bien-être et qualité de vie. Une décision contraignante qui s’impose aux autorités exécutives, législatives et judiciaires.

Problème : la Cour EDH frappe fort avec un arrêt qui fait du bruit mais qui ne dit pas vraiment ce qu’il faut faire pour respecter la Convention européenne des droits de l’homme en matière climatique. « Dans la présente affaire, compte tenu de la complexité et de la nature des questions en jeu, la Cour ne peut être précise ou prescriptive quant aux mesures à mettre en œuvre pour se conformer effectivement à cet arrêt », a-t-elle écrit. .

« Comprenez-le »

Nicolas Kolly ne trouve pas cela très grave. « La Cour ne semble pas avoir totalement maîtrisé le sujet », regrette le conseiller national de l’UDC. Les Fribourgeois attendaient de la Cour des orientations, des recommandations, des prescriptions, mais « tout ce qu’elle nous dit, c’est de nous contenter de sa décision ». Pour l’avocat, la décision est donc peut-être historique, mais elle ne changera finalement pas grand-chose à la politique suisse. « Nous continuerons à faire de la politique comme avant. Nous continuerons à prendre des décisions et à réduire les émissions de CO2 comme c’est déjà prévu », explique-t-il.

« Nous continuerons à faire de la politique comme avant »
Nicolas Kolly

Pas tout à fait, corrige l’écologiste Christophe Clivaz. Pour le Valais, il y a déjà un point sur lequel la Suisse doit travailler. “Le pays a été condamné notamment parce qu’il manque d’instruments de mesure des limites nationales applicables aux émissions de gaz à effet de serre”, rappelle le conseiller national. Au fond, la Cour considère que la Suisse ne sait pas suffisamment où elle en est en matière de réduction des émissions. « La loi climat a fixé l’objectif du zéro net d’ici 2050, mais si l’effort est fait trop tard, cela ne permettra pas de contenir suffisamment le réchauffement climatique comme l’exigent les Accords de Paris », illustre l’élu.

Financement ciblé

Pour le reste, un nouveau casse-tête se présente. «Le Conseil fédéral ne fait aucun commentaire», a déclaré mercredi le porte-parole du gouvernement André Simonazzi. «Il a été informé par le chef du Département fédéral de l’environnement (UDC Albert Rösti, ndlr). Il s’agit d’un arrêt qui compte 300 pages et la prochaine étape est son étude par les services concernés.

Pour Christophe Clivaz, il faut que tout aille vite. «La balle est dans le camp du Conseil fédéral. Il doit faire cette analyse afin de savoir dans quel domaine il est nécessaire de proposer des changements législatifs», estime-t-il. Il rappelle que des secteurs entiers ont été épargnés par les objectifs intermédiaires de réduction des émissions inscrits dans la loi climat, comme le secteur aérien, l’agriculture ou la finance. “Ce sont trois secteurs sur lesquels il est possible de travailler rapidement.”

Au Département fédéral de l’environnement (DETEC), le porte-parole Harald Hammel souligne que «la Suisse a pris des mesures décisives pour protéger le climat». Il évoque la loi climat, qui prévoit l’abandon des énergies fossiles d’ici 2050 et le vote du 9 juin sur l’approvisionnement en électricité, qui doit décarboner les systèmes électriques. « Le Parlement a également adopté de nouvelles mesures pour réduire les gaz à effet de serre dans la loi révisée sur le CO.2. Bref, la Suisse semble donc sur la bonne voie.»

La démocratie directe

Il n’en demeure pas moins que le pays risque de parvenir à la quadrature du cercle démocratique. Que se passe-t-il si le Conseil fédéral fait des propositions au Parlement, que celui-ci les accepte, mais que celles-ci sont balayées par la population lors du vote, comme ce fut le cas pour la loi CO ?2 en 2021 ? « Il faudra alors respecter la décision populaire qui prévaut », souligne Nicolas Kolly. De son côté, Christophe Clivaz estime que la démocratie directe est certes un défi, mais que « si la population refuse un projet, le Conseil fédéral et le Parlement doivent proposer d’autres solutions plutôt que de se contenter du minimum comme ils l’ont fait. fait dans le cadre de la révision de la loi CO2 adopté en mars » après le refus populaire.

Pour l’écologiste, l’arrêt de la CEDH met aussi les partis politiques face à leur responsabilité. Son espoir : qu’une fois cette phase de tension passée, les partis sensibles aux droits fondamentaux « comme le Centre et le PLR ​​» deviennent plus proactifs en matière climatique et « que cela change un peu la donne ».

La candidature d’Alain Berset ne doit pas en pâtir

La condamnation de la Suisse met-elle en péril la candidature d’Alain Berset au poste de secrétaire général du Conseil de l’Europe, l’organisme qui a créé la Cour européenne des droits de l’homme (CEDH) ? « Le timing n’est pas idéal pour lui. Depuis mardi, il y a une rébellion en Suisse contre la CEDH», commente l’UDC Nicolas Kolly.

Dans un commentaire, Cliquez estime que « les juges de Strasbourg sont en train de poignarder Alain Berset ». Pour le site d’information, le Fribourgeois est en partie responsable de la politique climatique suisse jugée insuffisante par la CEDH, ce qui mettrait à mal sa candidature.

Pas d’accord !, rétorquent plusieurs sources à Berne et à Strasbourg. Pour Damien Cottier, ces propos démontrent une mauvaise compréhension du système. « Il n’y a aucun lien entre la décision de la Cour et la candidature d’Alain Berset », estime le conseiller national du PLR. Membre de la délégation suisse auprès du Conseil de l’Europe, il rappelle que le suivi des arrêts de la Cour ne relève pas de la responsabilité du secrétariat général.

Selon lui, « qu’un pays soit condamné par la Cour EDH n’est pas exceptionnel. Il y a des dizaines d’arrêts par an. Et ce n’est de loin pas la première fois qu’une décision est débattue dans un pays sans que cela n’empêche les parlementaires du Conseil de l’Europe de faire leur travail.»

 
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