A La Réunion, la communauté mahoraise stigmatisée après des violences entre gangs

A La Réunion, la communauté mahoraise stigmatisée après des violences entre gangs
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Le député réunionnais Jean-Hugues Ratenon (La France insoumise), à ​​l’Assemblée nationale, le 16 mai 2023. EMMANUEL DUNAND / AFP

« Quand nos jeunes réussissent dans le sport, ils sont réunionnais. Quand ils commettent des actes délinquants, ils sont mahorais. » Pesant chaque mot, soucieux de ne pas aggraver les tensions, Mohamed Bamcolo, délégué du département de Mayotte à La Réunion, assure qu’il décrit un « triste réalité, qui n’est pas nouvelle et qui se renforce ».

A La Réunion, département de l’océan Indien de 885 700 habitants, connu pour mettre en avant sa mixité et ” vivre ensemble “ Culturelles et religieuses, plusieurs épisodes de violences entre bandes rivales et quartiers, suivis d’affrontements nocturnes avec la police, ont libéré, ces dernières semaines, une voix jusqu’alors contenue, en désignant la communauté mahoraise comme coupable.

La diffusion sur les réseaux sociaux de ces scènes ou de ces jeunes exhibant armes à feu, sabres et sacs « au plomb » faire grève, amplifiée, selon une Source judiciaire, “un sentiment d’insécurité”. Cette stigmatisation est palpable à l’écoute des émissions de radios libres, comme Radio Free-DOM, très populaire sur l’île, qui reproche aux Mahorais de venir en nombre à La Réunion ou de confier leurs enfants à des proches qui y sont installés. En raison des multiples crises dans le département le plus pauvre de France mais aussi des différences de prestations sociales. Les minima sociaux comme le RSA sont moitié inférieurs à Mayotte et le salaire minimum est de 8,80 euros brut de l’heure contre 11,65 à La Réunion et en France. En 2018, selon l’Insee, la part des natifs de Mayotte dans la population de La Réunion était estimée à 1,1 %.

« Des familles sans contrôle »

Suite à plusieurs rixes entre bandes, le député réunionnais Jean-Hugues Ratenon (La France Insoumise, LFI) a écrit, le 7 mars, au préfet de La Réunion Jérôme Filippini pour lui demander de « ne laissez pas La Réunion devenir une deuxième Mayotte en termes de violences ». Le parlementaire réclame «l’expulsion du territoire des violents», « arrêter les transferts de détenus vers la Réunion » Ou « l’arrêt immédiat de l’arrivée d’enfants, dans des familles sans contrôle, qui se retrouvent à la rue ».

Des mots qui « nourrir les idées de mouvements extrémistes, racistes et xénophobes », condamne le sénateur de Mayotte Saïd Omar Oili (Rassemblement des démocrates progressistes et indépendants), dans une lettre adressée à la présidente du groupe LFI à l’Assemblée nationale, Mathilde Panot. Mi-mars, une pétition « Stop à la délinquance de Mayotte », lancée en ligne, réclamait des mesures illégales telles que « la fin de la liberté de circulation inter-îles » ou encore la priorisation des Réunionnais dans l’attribution des logements sociaux, niant l’appartenance de Mayotte à la France.

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