le procureur de la République de Gap se confie

le procureur de la République de Gap se confie
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C’est une femme sans aucun doute passionnée par son métier. Marion Lozac’hmeur a pris ses fonctions de procureur de la République près le tribunal judiciaire de Gap en décembre dernier et mène désormais la procédure pénale dans les Hautes-Alpes. Un magistrat qui a tout de suite saisi les problématiques de ce territoire alpin, à l’activité criminelle logiquement marquée par les flux touristiques, mais aussi aux graves enjeux environnementaux.

Il y a la sécurité et le sentiment d’insécurité, souligne le procureur. Et les deux sont tout aussi importants« . La magistrate n’évite aucune question centrale et dessine un exercice de sa fonction qui ne laisse aucune place au laxisme, ni, à l’inverse, à une approche déshumanisée. Sans détour et avec franchise, Marion Lozac’hmeur a accepté de répondre aux questions de Provence. Entretien.

Avez-vous des objectifs particuliers en tant que nouveau procureur du tribunal de Gap ?

Il y a un domaine qui me tient particulièrement à cœur, non par goût personnel mais parce que le territoire l’exige : c’est la question du droit de l’environnement et de la préservation de ce qui est sans doute l’une des plus belles sources de France. Nous travaillons donc avec le Parc National des Écrins. A Embrun, une brigade environnementale issue de la gendarmerie sera mise en place. Il y a une chose importante dans ce territoire : la cohabitation entre ceux qui profitent de la nature et ceux qui y travaillent. Cette cohabitation doit être la plus apaisée possible, c’est une obsession que nous partageons avec le préfet. Nous garantissons cet équilibre.

Une antienne qui revient au niveau national et parfois local, remettant en cause l’action des tribunaux, voire des procureurs, accusés de laxisme. Comment les percevez-vous a priori des controverses ?

J’applique une politique pénale nationale, sur mon territoire, en lien avec mon parquet. Et je crois beaucoup, non pas à l’idée de devoir rendre des comptes à la population et à tous les élus locaux, mais « de montrer ». Il est important, je crois, que nous soyons très clairs sur nos actions et nos priorités, que nous les assumions, que nous disons ce que nous pouvons faire, ce que nous ne pouvons pas faire, et que nous l’expliquions. Être dans une forme de transparence avec les élus, la population.

C’est notamment pourquoi je vous rencontre, et pourquoi je vais organiser des rencontres avec des élus, etc. Je crois que la justice doit être vue, et pas seulement à travers des audiences. (qui sont publiques, NDLR). Il n’y a aucun problème à expliquer quelles sont mes priorités et pourquoi, sur certaines questions, je choisis une alternative parce qu’elle ne mérite pas de condamnation, alors que pour d’autres, c’est une priorité absolue. Si on touche un élu ou un policier par exemple, les poursuites sont immédiates. Je n’hésiterai jamais à m’expliquer.

Dans ce contexte, que pensez-vous des autorisations d’enregistrement audiovisuel des audiences ?

J’y suis favorable. La seule question est le montage. Parce qu’on peut faire dire n’importe quoi à quelqu’un avec des parties de phrases. Mais les choses qui ont déjà été faites et diffusées sur les chaînes de télévision sont remarquables. Je pense que la Justice a longtemps été entre elle et un peu au-dessus de tout. Et encore une fois, il ne s’agit pas de rendre des comptes, mais de dire « Nous rendons la justice au nom du peuple français. » Il faut donc expliquer comment nous le faisons, pourquoi nous le faisons, quelles sont nos limites, et le rendre responsable. Nous sommes payés par les Français pour rendre la justice.

 
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