Un chercheur en éducation qui a réussi à obtenir une grâce après avoir exploité sexuellement deux adolescents dans les années 1990, ce qui lui a permis de devenir une sommité dans son domaine, risque désormais six ans de prison pour des abus qui ont marqué à vie un garçon de 11 ans.
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« Ma confiance a été trahie au plus haut degré. […] J’ai beaucoup souffert pendant les longs mois où j’ai dû subir ses attouchements et pendant les années qui ont précédé ma dénonciation, où je me suis senti obligé de garder le silence par peur”, a écrit la victime de Thierry Karsenti dans une lettre.
L’agresseur de 55 ans était en observation ce matin après avoir été reconnu coupable en juillet dernier de contact sexuel avec un garçon de 11 ans. Son identité est protégée par le tribunal.
Karsenti entrait dans sa chambre tôt le matin, touchait sa poitrine et descendait jusqu’à son pénis. Il lui demanda de se retourner sur le dos et en profita pour lui caresser les fesses.
« Les abus se sont produits dans la maison [de la victime], dans sa chambre, dans son lit. «C’est l’endroit au monde où un enfant devrait pouvoir se sentir le plus en sécurité», a déploré le procureur de la Couronne, M.e Anne Gauvin, qui réclame six ans de détention.
Pas la première fois
Me Gauvin a longuement insisté sur le fait que Karsenti est un récidiviste. En 1992, il a été condamné à trois ans de probation et à 180 heures de travaux d’intérêt général pour exploitation sexuelle de deux mineures. Sa suspension de casier a été révoquée à la suite de la nouvelle condamnation.
À l’époque, Karsenti avait touché deux adolescents âgés de 14 à 16 ans qui étaient sous son autorité et avaient confiance en lui, a-t-on appris ce matin au palais de justice de Longueuil. Il était alors entraîneur de tennis de table.
Karsenti a réussi à obtenir une grâce, ce qui lui a permis de bâtir une carrière prolifique dans l’éducation.
L’ancien professeur de sciences de l’éducation à l’Université de Montréal a même occupé la Chaire de recherche du Canada sur les technologies de l’information et de la communication en éducation.
Il est connu pour avoir conseillé un ancien ministre de l’Éducation nationale sur l’élaboration du Plan d’action numérique dans l’éducation et l’enseignement supérieur. Il a également conçu une plateforme pour le ministère de l’Éducation permettant aux étudiants de faire des activités en ligne pendant que les cours étaient suspendus en raison de la pandémie.
Sa carrière s’est arrêtée brutalement après sa deuxième arrestation, en 2021.
Marqué à vie
Sa dernière victime doit encore vivre avec de nombreuses séquelles, même si le garçon a longtemps tenté d’oublier les mauvais souvenirs et de se dissocier de ses émotions.
« Mon défi dans ma vie d’adulte qui commence sera d’accepter […] les marques physiques et psychologiques de ces agressions. Il va falloir que j’apprenne à aimer cette vie qui m’appartient et qui aurait été bien différente si on m’avait permis de vivre mon enfance en toute légèreté”, a-t-il déclaré.
Sa mère a encore du mal à regarder les photos de son fils à l’âge de la maltraitance : « Je me replonge dans cette immense douleur, en imaginant ce qu’il a dû endurer en silence », a-t-elle expliqué au tribunal dans une lettre.
De son côté, Karsenti espère s’en tirer avec deux ans moins un jour de prison. La juge Ann-Mary Beauchemin rendra sa décision en août prochain.
Selon la loi actuellement en vigueur, Thierry Karsenti ne pouvait plus obtenir de grâce aujourd’hui puisqu’il était en position d’autorité au moment de ses crimes sexuels.
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