À Fribourg, le Groupe R mise sur une structure atypique

À Fribourg, le Groupe R mise sur une structure atypique
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La structure, qui chapeaute notamment le Commerce du Fer fribourgeois, est discrète mais très active. Son propriétaire, Charles Rossier, dévoile sa stratégie.

Arrière-petit-fils du fondateur du Commerce du Fer fribourgeois, Charles Rossier est propriétaire du Groupe R. © Charles Ellena

Arrière-petit-fils du fondateur du Commerce du Fer fribourgeois, Charles Rossier est propriétaire du Groupe R. © Charles Ellena

Publié le 05.04.2024

Temps de lecture estimé : 5 minutes

C’est une structure discrète, active dans le secteur de la construction. Basé à Fribourg, le Groupe R, qui regroupe six entreprises, dont Commerce de fer fribourgeois SA, emploie plus de 300 personnes en Suisse romande. La structure, dont le chiffre d’affaires oscille entre 100 et 200 millions de francs, a gagné en visibilité ces derniers mois, avec le lancement d’une nouvelle gamme d’aciers d’armature sans carbone, la création d’une nouvelle société dans le domaine des systèmes de fermeture, Secu-R SA, ou un projet d’extension du site Favre SA à Corcelles-près-Payerne. Le propriétaire du groupe, Charles Rossier, 43 ans, arrière-petit-fils du fondateur du Commerce de fer fribourgeois, dévoile sa stratégie.

Quand le Groupe R a-t-il été créé ?

Charles Rossier : Notre organisation actuelle date de 2015. J’ai repris les entreprises familiales en 2008. Depuis, nous n’avons cessé de nous développer. Avec la taille atteinte, il valait la peine de disposer d’un système de gestion et de gouvernance plus puissant que celui en place dans une PME standard.

« Le groupe ne doit pas voler la vedette à nos sociétés »
Charles Rossier

En 2017, vous fondez la société Groupe R Management SA. Pour quoi?

Nos entreprises ont une histoire impressionnante de plus de 600 ans. Le groupe ne doit pas voler la vedette à nos sociétés mais leur être utile, pour qu’elles puissent s’épanouir et perdurer. Dans cette optique, j’ai décidé de centraliser les activités managériales, administratives, financières, informatiques, marketing, ressources humaines et une partie de la logistique dans une société de gestion et d’accompagnement, pour accompagner le développement d’un groupe de PME. Cette entité, Groupe R Management SA, regroupe aujourd’hui une quarantaine de spécialistes. Il permet aux autres sociétés du groupe de se concentrer sur leurs activités quotidiennes.

Quel est l’intérêt d’une telle organisation ?

Cette centralisation permet d’avoir l’excellence en gestion dans des entreprises qui ne seraient pas assez grandes pour se le permettre. C’est une structure atypique pour un groupe de PME. Dans notre secteur, nous sommes l’une des rares entreprises familiales et indépendantes. Notre organisation nous permet également de rivaliser avec les grands groupes internationaux, qui disposent de capacités d’achat assez monumentales.

Quel est le cœur de métier du Groupe R ?

La base de notre activité est le domaine de la construction. Nous vendons des aciers et des métaux et proposons des outils, des machines de construction et des conteneurs ainsi que divers produits liés à la technologie du bâtiment. Tous les domaines sont importants mais la production d’acier d’armature représente 40 à 50% de notre chiffre d’affaires. Avec une production annuelle de 100’000 tonnes, nous sommes un acteur majeur en Suisse romande.

Vous façonnez des aciers à béton sur cinq sites et au travers de deux sociétés, Favre SA (Corcelles-près-Payerne, Satigny/GE, Marin-Epagnier/NE, La Chaux-de-Fonds) et CFR Commerce de fer SA (Romont). Ne serait-il pas plus efficace de centraliser cette production ?

Cela entraînerait certes des économies d’échelle, mais nous serions privés de deux atouts essentiels : la proximité et la réactivité. Notre présence nous permet d’être à l’écoute de nos clients, mais aussi de travailler avec le ferroviaire pour l’approvisionnement en matières premières, dans une volonté de réduire l’empreinte carbone de l’acier. Puis, reconstruire aujourd’hui un nouveau site industriel sur 40 000 ou 50 000 m2, Ce n’est pas une option. Les quelques parcelles disponibles ne disposent pas de liaison ferroviaire. Et puis, si nos entreprises sont encore là aujourd’hui, c’est parce qu’elles disposent d’un savoir-faire et d’un réseau de clients.

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Quelles ont été les grandes évolutions depuis la création de votre groupe ?

Nous essayons d’innover dans tous nos domaines d’activité. Dans certains départements, nous avons développé des marques propres et créé une nouvelle société. En termes d’outil de production, nous avons construit un grand site industriel à Satigny, près de Genève. Récemment, nous avons été les premiers en Suisse à proposer des aciers d’armature sans carbone, une idée lancée il y a un peu plus d’un an. Si nous faisions partie d’une entreprise internationale, les développements seraient plus lents, et si nous avions une structure plus petite, nous ne pourrions pas nous lancer dans de tels projets.

En termes d’investissements, qu’avez-vous en préparation ?

Nous renouvelons constamment les machines de production et les modernisons. Nous acquérons des terrains, nous construisons de nouvelles salles. Nous investissons également dans le solaire, avec l’installation prévue d’un total de 10 000 m2 de panneaux photovoltaïques sur nos sites de Romont et Corcelles-près-Payerne. Nous améliorons les méthodes de production chaque année. Il y a beaucoup de réflexions, également en matière informatique. Nous ne nous endormons pas.

Comment se portent le marché de la construction et votre entreprise ?

Le contexte est plutôt favorable, puisqu’il y a un besoin de nouveaux logements en Suisse, mais le marché est très concurrentiel. Pour l’année en cours, les perspectives sont bonnes et meilleures qu’en 2023, année qui a vu le secteur enregistrer des volumes inférieurs à la moyenne des dix dernières années. Cette baisse est liée à la hausse des taux d’intérêt et à l’incertitude. Certains porteurs de projets n’ont pas démarré leurs travaux ou les ont reportés.

Avez-vous de nouvelles acquisitions d’entreprises en vue ?

Les choses se discutent. Pendant la période morose du Covid, toutes les opportunités se sont fermées. Il existe aujourd’hui de nombreux mouvements liés à la transmission des PME. Comme c’est un exercice que nous avons fait plusieurs fois, nous sommes expérimentés. Il est extrêmement intéressant d’accueillir une équipe et une culture d’entreprise, qui doivent être liées à un groupe.

 
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