Qui lit des livres en Belgique ? Qui sont les stars de l’édition ? Aperçu de nos tendances littéraires – .

Qui lit des livres en Belgique ? Qui sont les stars de l’édition ? Aperçu de nos tendances littéraires – .
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A l’occasion du Salon du livre, Deuzio, le supplément détente et loisirs des journaux L’Avenir, La Libre, La DH fait le point sur le marché du livre et le monde de l’édition en Belgique francophone.

Dès ce jeudi, à Tour & Taxis, les visiteurs se précipiteront pour obtenir une dédicace de leur auteur préféré et faire le plein de livres. L’année dernière, près de 80 000 personnes ont visité les stands du Salon du livre, rendez-vous incontournable des lecteurs de tous bords. Cette édition, qualifiée d’« exceptionnelle », a démontré la volonté des Belges francophones de redécouvrir le monde des pages que l’on tourne pour s’évader, apprendre ou se cultiver. Benoît Dubois, directeur de l’Association des éditeurs belges (ADEB) confirme : « Ce sont surtout les livres d’épanouissement et de confort personnel qui ont connu un essor. Mais aussi des livres pratiques, du yoga, de la cuisine et le secteur jeunesse, dont le développement a été incroyable. Mais si les ventes de livres se sont envolées pendant la période de confinement, selon ce spécialiste, on devrait progressivement revenir à des niveaux proches de ceux que l’on connaissait avant le Covid. Car les ventes de livres neufs sont en berne depuis un an et demi.

Grands lecteurs et seconde main

Aujourd’hui, chacun a repris sa vie « normale », dont le rythme effréné ne laisse pas toujours assez de place à la lecture. Eh bien, cela dépend… « Le nombre de lecteurs diminue mais ceux qui lisent achètent de plus en plus de livres. » Nous avons donc affaire à des dévoreurs de pages qui se tournent de plus en plus vers le livre de poche pour faire des économies. Le marché de l’occasion est également en plein essor depuis plusieurs années. Il existe de nombreux magasins et sites Web qui proposent des livres déjà publiés. On peut notamment citer, à Bruxelles et Waterloo, Pêle-Mêle, spécialiste du recyclage culturel, avec une offre impressionnante de livres d’occasion. En ligne, Livr’ensemble et le classique 2emain vous permettront presque certainement de trouver votre bonheur. Même de grandes marques comme la Fnac ou Amazon s’y lancent.

Cette tendance de la seconde main fait du bien au portefeuille et à la planète mais n’est évidemment pas l’affaire des éditeurs belges francophones. Cela dit, nous n’allons pas noircir le tableau. Le domaine de la production éditoriale est très riche en Belgique. Environ 250 éditeurs, tous genres confondus, avec une prédilection pour la bande dessinée, les livres jeunesse, les ouvrages scientifiques et juridiques et les livres scolaires. « Cela représente environ 90 % de notre production », précise le directeur de l’ADEB.

Paradoxalement, l’essentiel de cette production éditoriale (90 %) est exportée vers la France et les autres pays francophones. Dupuis, Casterman en BD, Mijade, Versant Sud, CotCotCot et Alice Édition côté jeunesse ont une très bonne réputation hors de nos frontières. « Le Versant Sud et CoCotCot se sont démarqués au Salon du livre de Bologne », ajoute Benoît Dubois. Étonnamment, même si le nombre de lecteurs diminue, le secteur de l’édition publie beaucoup plus de livres qu’auparavant. « Le monde du livre est dans une période de surproduction. Les chiffres sont stupéfiants.

On arrive ainsi à plus de 10.500 titres mis sur le marché en Belgique francophone en 2022. Chaque année littéraire, une centaine d’ouvrages paraissent dans les magasins et librairies. « Les éditeurs espèrent connaître le prochain grand succès, ils ont donc intérêt à augmenter le nombre de parutions. » Cet afflux de marché s’explique aussi par l’autopublication. « Avant, nous recevions deux à trois appels par semaine à l’ADEB de quelqu’un qui cherchait des informations à publier. Nous sommes désormais passés à un appel par jour. Les chiffres de ventes de certaines stars du livre font rêver…

Des noms attrayants

Le directeur de l’ADEB constate en effet que les best-sellers sont ceux qui continuent d’enregistrer de bons scores. “Joël Dicker, Guillaume Musso, Éric-Emmanuel Schmidt, Amélie Nothomb se portent bien.” Les noms font vendre, observe encore le spécialiste. “Non seulement les nouveautés de ces célébrités sont en tête des ventes, mais aussi les rééditions de leurs livres.” Avec ses douze millions d’exemplaires vendus, le Suisse Joël Dicker (La Vérité sur l’affaire Harry Quebert) est entré dans le classement des 100 millionnaires suisses de moins de quarante ans.

Amélie Nothomb est une habituée du salon du livre de Bruxelles, ici le 28 février 2015. ©OLIVIER PAPEGNIES / COLLECTIF HUMA

A côté de ces gros vendeurs, un genre s’est imposé ces dernières années, la nouvelle romance (voir ci-contre). Son public ? Adolescents et jeunes adultes. Contrairement à ce que l’on entend souvent, lit-on, la génération smartphone. « Les mangas connaissent un énorme succès. C’est une bonne nouvelle à exploiter car c’est une porte d’entrée vers la littérature.

Et nos auteurs belges alors ? « Ils sont sortis de l’anonymat grâce notamment à Amélie Nothomb (NDLR : présente encore cette année au Salon du livre). Les Français ont également mis fin à leur habitude de rabaisser les Belges et voient désormais leurs qualités.» Cela dit, ils sont principalement vendus en Belgique. La preuve, quand on regarde les meilleures ventes de nos librairies indépendantes en 2023, on retrouve plusieurs Belges. Jérôme Colin arrive même en troisième position avec Les dragons, derrière deux bandes dessinées (Astérix : L’Iris blanc et Gaston Tome 22 : Le Retour de Lagaffe) et Goncourt, Veiller sur elle de Jean-Baptiste Andrea. L’ADEB travaille donc à sensibiliser les éditeurs belges pour les inciter à attirer des auteurs de notre pays qui fréquentent souvent les maisons d’édition parisiennes.


Écrire un best-seller : mode d’emploi

Quel écrivain ne rêve pas de connaître la recette miracle d’un best-seller ? Évidemment, s’il en existait un, nous le saurions. Mais cela n’a pas empêché certains de réfléchir sérieusement à la question. Sorti en 2016, le livre Le code best-seller, anatomie d’un roman à succèsa tenté d’identifier la formule de la gloire littéraire en analysant les plus grands succès figurant sur la célèbre liste des New York Times. L’idée principale, notent les auteurs, est d’accrocher le lecteur (sans blague). Et pour y arriver ils libèrent 5 clés. D’abord le choix de trois ou quatre thèmes prédominants, occupant au moins 1/3 du livre. Puis, parmi ces thématiques, privilégiez l’intimité, la chaleur humaine, l’empathie. On peut y ajouter la vie domestique, les enfants, les nouvelles technologies, le mariage et même… les impôts et la mort.

Une fois qu’on a ces deux premiers critères, il faut faire attention au rythme. Les best-sellers jouent souvent sur la combinaison espoir – déception – espoir – déception. Ou des bosses et des creux qui rythment le récit. Une autre clé réside dans l’utilisation d’un langage courant plutôt que de formules alambiquées. Enfin, les personnages doivent agir et non souffrir : attraper, demander, tenir, aimer reviennent plus souvent dans les best-sellers que les verbes passifs comme vouloir ou manquer.

Des chercheurs de la Northeastern University de Boston ont également tenté de trouver une recette. Pour eux, trois critères principaux semblent importants : le genre, la période de publication et la première publication. Si les premiers chiffres de ventes sont bons, le livre aura plus de chances de devenir un best-seller, il est donc préférable de le sortir pendant la période des fêtes de fin d’année. Enfin, les romans de fiction et les biographies apparaissent plus fréquemment sur les listes de best-sellers. Et bien sûr, écrire en anglais est un atout…


Nouvelle romance et romantisme

Le nom de Colleen Hoover ne vous dit peut-être rien, mais pour certains lecteurs, c’est une reine. L’auteur américain (série de romans Hopeless, Slammed, Maybe) est une référence parmi les amateurs de nouvelle romance. Un genre héritier des romans Arlequin, qui connaissent un énorme succès depuis Cinquante Nuances de Grey, paru il y a dix ans. Ces romances contemporaines abordent des thèmes tels que le harcèlement, la violence conjugale et les conflits familiaux mais agrémentées d’une touche d’érotisme. L’écriture est simple et la frontière entre imagination et réalité est floue, ce qui rend les lecteurs accros.

Autre grande réussite, la romance qui, comme son nom l’indique, mêle romance et histoire fantastique. Références : La Saga d’Auren, les romans de Sarah J. Maas ou de Rebecca Yarros.


En ligne et en librairie

Comme nous l’avons dit, les Belges ont de plus en plus tendance à acheter des livres de poche. Pour s’approvisionner, ils se tournent évidemment vers la vente en ligne, en plein essor. Mais le marché belge francophone conserve sa spécificité par rapport au marché néerlandophone ou anglophone. “Les librairies indépendantes ont toujours la cote auprès des lecteurs et représentent un tiers des ventes de livres.», commente Benoît Dubois, directeur de l’ADEB. Viennent ensuite les chaînes culturelles comme la Fnac et le Club ainsi que la vente en ligne (22 %, un chiffre énorme). Les magasins spécialisés (bricolage, jardinage, cuisine, etc.) et les grandes surfaces alimentaires complètent ce panorama des points de vente de livres en Belgique.

 
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