après l’inceste, « la réparation prend du temps »

après l’inceste, « la réparation prend du temps »
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La question de l’inceste reste encore très souvent taboue. Pour Christelle Villéger, trésorière de l’association Say and Heal, elle-même victime d’inceste dans son enfance, il y a encore beaucoup de progrès à faire sur cette question. Elle revient pour La Nouvelle République sur le film Une familleréalisé par l’auteure Christine Angot et diffusé dans les cinémas Studio.

Le documentaire suit la réalisatrice alors qu’elle confronte les membres de sa famille au sujet du viol incestueux que son père lui a fait subir pendant son enfance et qui est resté silencieux jusqu’à la publication de son livre. Incesteen 1999, ce qui a amené son histoire au débat public.

« Des chocs psychologiques qui provoquent aussi des dégâts physiques »

« Je ne m’attendais pas à ce genre de film.indique Christelle Villéger. On voit que Christine Angot a de la colère en elle, on la ressent dans ses réactions et lorsqu’elle parle avec les membres de sa famille. Ses réactions sont légitimes, notamment auprès de sa belle-mère et de sa mère. »

La trésorière de Say and Heal fait la comparaison avec sa propre expérience. « Ma mère avait du mal à m’en parler, à me dire ce que je voulais entendre. Ce n’est que très récemment, avec mon apparition dans l’émission Ça commence aujourd’huisur France 2, qu’elle m’en a parlé. J’attends ça depuis longtemps. »

De même, la question de l’impact intergénérationnel de l’inceste est également posée dans le film. “C’est souvent le casconfirme Christelle Villéger. Les générations d’en haut se défendent en disant qu’il ne sert à rien de ressusciter de vieilles histoires. Les nouvelles générations, en revanche, en parlent déjà davantage. Avant, on préférait se taire pour oublier, maintenant, on a tendance à en parler, pour que ça s’arrête. »

Quant à aller confronter les membres de sa famille, ” Il faut le fairemaintient-elle. Mais il ne faut pas y aller en colère, si vous voulez des explications. »

Car Christelle Villéger met en avant la justice réparatrice, qui permet de se réparer et de se reconstruire. Un voyage “ce qui prend du temps”et ce, grâce à un accompagnement thérapeutique solide. «J’ai suivi une thérapie pendant plus de dix ans avant de trouver le bon thérapeuteelle explique. Les chocs psychologiques comme le viol et l’inceste provoquent également de nombreux dégâts physiques. »

Le travail thérapeutique permet ainsi de s’adapter au parcours de chacun. « Avec un psychologue, on part du bas et on progresse. Il y a des moments où on monte bien, et d’autres où on descend, mais on ne redescend jamais aussi bas qu’au début. »

L’association Say and Heal, qui compte une cinquantaine de victimes dont une demi-douzaine d’hommes, permet aux victimes de se retrouver « dans un groupe où nous n’avons pas la gêne que nous aurions autrement. Cela supprime une barrière. »

Parmi les ateliers qui aident aux réparations, certains peuvent aider au déclenchement. « Pour moi, c’est lors du week-end thérapeutique, en discutant avec d’autres victimes d’inceste, que ça a déclic. Ensuite, l’escrime ou le théâtre m’ont aidé dans mon parcours de réparation. »

 
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