« Ces filles, comment font-elles pour supporter tout ça ? crie la mère d’Alais, la jeune prostituée battue à mort à Montpellier

« Ces filles, comment font-elles pour supporter tout ça ? crie la mère d’Alais, la jeune prostituée battue à mort à Montpellier
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A la cour d’assises de l’Hérault, la famille de la jeune fille battue à mort le 10 février 2020 par un proxénète prend la parole, de manière poignante. Verdict attendu demain vendredi 29 mars pour les deux accusés, qui comparaissent libres et risquent la réclusion à perpétuité.

Sur les écrans du tribunal correctionnel de l’Hérault, ce jeudi 28 mars, se dévoile un patchwork d’images en couleurs de la vie d’Alaïs, avant qu’elle ne soit battue à mort, à l’âge de 19 ans, le 10 février 2020 à Montpellier. Une petite fille qui grandit, dans ses bras, en vacances, à la plage, chez des cousins, et devant des gâteaux d’anniversaire. Aux commandes, une mère, criant sa rage et sa douleur.

Violée au collège à 13 ans

“On parle d’une prostituée, d’une pute, mais Alaïs c’était ça !” s’écrie Stéphanie, le bras tendu vers les photos de sa fille. “C’était autre chose !” Et Stéphanie raconte, entre deux sanglots déchirants. « Elle a eu une enfance belle et pétillante. Et en septembre 2014, au collège, à l’âge de 13 ans, elle a été violée par un garçon de troisième, qui était « populaire », un peu « mauvais garçon ». Procédure de deux ans. Et puis il y a eu des tumeurs qui sont arrivées, de plus en plus importantes. Et bien non, c’est toi la pute, en fait. C’est toi qui es la pute. Cela s’est transformé en combat. Changement d’établissement, hospitalisation psychiatrique, scarification. Il a bénéficié d’un sursis car il était mineur. Elle est passée d’un malheur extrême à un côté insoumis, elle n’avait plus confiance dans la société.

Fugues et mauvaises rencontres

Alaïs commence à s’enfuir, “et puis elle a rencontré ce genre de personnes” et décide de se prostituer, ce que sa mère ne découvre que bien plus tard, au lendemain de son agression. “J.Il découvre ce monde de la prostitution, et la souffrance de ces filles, comment font-elles pour supporter tout ça ? Elle pleure. « Mon sentiment est la colère, ma vie est souterraine, à perpétuité. »

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Jacques arrive à la barre. “J.Je suis le grand-père maternel d’Alaïs, le grand-père d’une famille dévastée et brisée, traumatisée après ce qui est arrivé à Alaïs par l’entreprise barbare d’un trio dont les actes n’ont pas de nom, et qui lui a ôté la vie et ses espoirs. Je voudrais essayer de me remémorer des choses plus heureuses de sa vie, et m’incliner devant le courage qu’elle a eu face à cette sauvagerie, devant le sacrifice qu’elle a fait.

« Toutes les institutions ont échoué »

Déclarée en mort cérébrale le lendemain du crime, la famille a autorisé le prélèvement d’organes. « Elle a permis à cinq enfants de vivre. Il y en a qui prennent la vie, il y en a qui la donnent.

Jaques parle de sa famille et de ses 13 petits-enfants, « Les cousins, les frères et sœurs et tout le monde était heureux. À 14 ans, elle a été maltraitée, trahie, méprisée. À cause de la décision du tribunal, elle a complètement perdu confiance dans les adultes. Elle est devenue rebelle. La famille a fait ce qu’elle a pu, et je ne veux pas pointer du doigt, mais il faut le dire : toutes les institutions ont échoué. Ensuite, elle a fait de mauvaises rencontres et elle a pris la mauvaise direction.

“Ce soir-là, personne ne l’a contacté”

Il conclut, le tout avec dignité et retenue : “Je ne suis pas dans la vengeance, ni dans la haine, mais la justice doit réparer cette injustice.” Marie, la grand-mère, appuyée sur sa béquille et sur le bar. « Depuis mon arrivée cette semaine, je ne vois que du sang, je n’entends que des choses barbares. Ce soir-là, dans son appartement, personne ne l’a contacté. Au contraire, ils lui ont sauté sur les articulations des pieds et sur la tête. Ce n’est pas possible.”

Adieux en salle de réanimation

Sa tante, infirmière en soins intensifs. « Elle a eu des problèmes dans sa vie, mais elle n’a participé à aucun crime. Chacun avait son propre chemin, le sien n’était pas le bon, mais elle avait tendance à emprunter un chemin moins difficile. Elle croisa des hommes qui la massacrèrent, la lapidèrent, des lâches. Dans cette horreur, nous sommes allés lui dire au revoir en réa. Ils lui ont lavé les cheveux, ils l’ont maquillée… Dans cette chose hors sol, elle a sauvé cinq enfants, et autour de ces enfants, aujourd’hui il y a 35 ou 40 personnes qui brillent, et quelque chose qui continue d’elle.

Marylou, sa petite sœur, bouleversante

Et puis Marylou, sa petite sœur. La voix grave, calme et poignante. « Nous avions trois ans d’écart. Elle a toujours été très protectrice envers moi. Ma sœur, elle était têtue, mais elle savait être généreuse. Je la trouvais belle, j’étais jalouse d’elle.

«J’aimais ma sœur. J’ai 19 ans, je vais en avoir 20, et je suis plus âgée que ma sœur aînée, ce qui n’a aucun sens. Les anniversaires étaient vraiment difficiles. Je l’ai dépassée en âge, j’ai vécu plus longtemps qu’elle, et ce n’est pas normal.

« Vous avez vu les photos de son corps, de son état. Je lui ai tenu la main, sur son lit d’hôpital. Personne ne devrait souffrir la même chose à cause de ces gens.

Verdict vendredi 29 mars.

 
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