Lot. Le procès d’un huis clos familial au cours duquel une femme et sa fille ont lentement étouffé

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Par Jean-Claude Bonnemère
Publié le

29 mars 24 à 9h27

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B. 44 ans, a comparu devant le tribunal Tribunal correctionnel de Cahorsle jeudi 28 mars 2024, suite violence commis contre son partenaire et sa fillependant la période de janvier 2018 au 7 juillet 2023, à Figeac et Périgueux. B. est accusé d’avoir tenu à plusieurs reprises des propos humiliants et eu recours à la violence sous différentes formes…

« Je ne discute pas ! » déclare B. après une présentation minutieuse des faits par le président Philippe Clarissou.

Il avait installé un système vidéo pour surveiller sa femme…

Le 7 juillet 2023, suite à des violences physiques, le partenaire de B (trois jours d’ITT). quitte le domicile conjugal avec leur jeune fille, après 9 ans de vie commune. Dans son récit des faits aux enquêteurs, Mmoi C. fait état de violences psychologiques dues à des « propos continus, humiliants, humiliants, parfois tenus en public ». M. aurait des crises de jalousie, des dépressions nerveuses et même du chantage au suicide… B. serait allé jusqu’à installer un système vidéo dans le domicile, pour surveiller sa compagne, lorsqu’il n’est pas sur place. B. avait même l’intention de contrôler ce que Madame faisait avec son ordinateur portable.

Il apparaît que B. a traversé plusieurs périodes de consommation importante d’alcool ou de stupéfiants. Cette ambiance pesante perdure depuis 2017. Mmoi C. rapporte que son compagnon pouvait passer des heures à se parler tout seul, comme s’il vivait dans une bulle.

Mmoi C. a tenté à plusieurs reprises, en vain, d’inciter son compagnon à rechercher un soutien psychologique, jusqu’au jour où, estimant qu’elle perdait sa personnalité, elle lui a annoncé qu’elle le quittait et a porté plainte.

– « J’ai peur de lui, parce que je crois qu’il est capable de tout ! » » déclare-t-elle. Mmoi C. se dit rassurée depuis qu’elle a quitté le domicile conjugal (même si c’est la maison dont elle est propriétaire) et que B. est soumis à un contrôle judiciaire avec un bracelet anti-réconciliation.

Leur fille R., aujourd’hui âgée de 6 ans, aurait souffert des excès du comportement de son père, qui aurait pu la traiter de « tu es moche, tu es grosse… ». Au moment du coucher, il la jetait parfois violemment sur le lit ou en sortant dans la voiture, il usait de violence pour la mettre dans le siège auto. Mmoi C. dénonce les états de colère de B., sa méchanceté envers elle et envers leur fille.

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Le président du tribunal constate que les choses n’allaient pas bien non plus, avec sa première épouse et sa première fille. Pas mieux non plus, avec une seconde compagne avec qui il a vécu un temps. Mais c’est avec sa troisième épouse que la situation aurait empiré.

Les examens médicaux concernant l’enfant révèlent un stress post-traumatique et des abus psychologiques de la part de son père entraînant un effondrement de l’estime de soi.

Le prévenu estime qu’il a manqué de communication au sein du couple

– « Que reconnaissez-vous à tout ce qui vient d’être dit sur vous ? » demande le président Clarissou. Le prévenu ne dit pas un mot. Le président insiste. Le prévenu répond :

– « Je ne vois pas des choses comme ça ! » déclare-t-il.

– « Avez-vous commis ces violences ? Leur faisiez-vous tout le temps ces remarques humiliantes ? » poursuit le président.

Aucune réponse de B. Le président revient à la charge :

– « Êtes-vous conscient des ravages que vous avez causés à 5 personnes, dont votre dernier partenaire et votre fille ? » s’exclame-t-il.

Mutisme de l’accusé. Le président perd patience.

– « On a envie de vous bousculer, comme la fameuse boisson à la pulpe d’orange, qui fait spritz ! » » ajoute le président. Le prévenu semble faire des efforts. Il assure :

– « Depuis que j’ai eu connaissance de la plainte, c’est très dur, je reçois un soutien psychologique. »

B. considère qu’il a manqué de communication au sein du couple, car, estime-t-il, il a subi la même chose que ce qui lui est reproché envers sa compagne. Mmoi C. se dit inquiète pour l’avenir, par rapport à leur fille, car elle craint que les choses ne se passent pas bien pendant le droit de visite.

B. travaille comme contrôleur dans une grande entreprise nationale. Dans son expertise, le psychiatre évoque, concernant B., la recherche de relations idéalisées, qui le conduiraient à des comportements excessifs dès que les choses ne se passent pas comme il le souhaiterait. La consommation de cannabis et d’alcool encouragerait des comportements désinhibés, favorisant un glissement vers la violence.

Le cas d’école de ce que représentent les violences intrafamiliales

Me Aurélie Smagghe, représentant les intérêts de Mmoi C. et sa fille, décrit le comportement de B. comme le cas d’école de ce que représente la violence intrafamiliale, au regard de la violence psychologique.

– « Mmoi C. et sa fille sont l’archétype de ce que peuvent vivre les compagnons, les épouses, les enfants, jusqu’à ce qu’ils quittent la maison pour trouver la sécurité », déclare Me Smagghe. L’avocat insiste sur le fait que c’est Mmoi C. qui a quitté la maison qu’elle possédait pour avoir la paix. Elle dénonce un fonctionnement pathologique chez B. Elle partage 172 pages de SMS où l’on retrouve systématiquement des commentaires insultants et humiliants de B. « Tout ce que fait Madame, c’est des conneries, inutile, rien ne va ! » résume Me Smagghe. Elle se souvient d’une scène où le père menace la petite fille si elle prononce à nouveau le mot « maman », alors qu’elle n’a que 4 ans, ajoutant : « Je vais baisser ton pyjama et te donner une fessée ! » L’avocat critique le comportement pathologique de B. et la répétition des faits ; un homme qui opère sur des exigences et qui idéalise ce qu’il pense, alors que lui-même ne sait pas mettre en pratique ce qu’il attend des autres. L’avocate vide le sac, elle enfonce le clou : “Monsieur est jaloux, mais c’est lui qui est infidèle.” Elle dénonce également le fait que B. serait violent envers les animaux domestiques et enfin, elle indique que lorsque M.moi C. a voulu reprendre possession de son logement en décembre dernier, elle l’a trouvé dans un état déplorable. Elle demande au tribunal de condamner le prévenu à payer 5 000 € en faveur de l’enfant, 4 000 € pour l’ex-conjoint plus 1 500 € pour les honoraires d’avocat.

Un climat « d’insécurité émotionnelle et de dévaluation » ?

Patrick Serra, procureur adjoint, conclut de l’expert psychiatre que B. est responsable de ses actes, conscient de ce qu’il fait. Il dénonce la violence psychologique et le climat d’insécurité qu’il a créé envers sa compagne et leur fille. « Vous avez créé un climat d’insécurité affective, de dévalorisation de Madame et de votre fille ; une situation de manipulation», proteste-t-il. Il requiert 10 mois de prison avec sursis de 3 ans, avec obligation de soins et de travail. Il demande l’interdiction d’entrer en contact avec la victime, l’interdiction de se présenter au domicile conjugal, ainsi que l’interdiction de séjour à Figeac, pour une durée de 3 ans.

« On ne met pas les SMS de côté, sur une si longue période, si on n’a pas une idée en tête ! »

Lourde tâche pour Me Mustapha Yassfy, l’avocat de B. qui vise un acquittement. L’avocat prend le contre-pied des accusations portées contre son client. Selon lui, la compagne de B. avait décidé de le quitter depuis longtemps. « On ne met pas de côté les SMS, sur une si longue période, depuis 2015, si on n’a pas une idée en tête ! ” il dit. L’ancien président affirme que chacun a son propre caractère. « Il parle comme il parle, il n’y a pas de vice caché ! » s’emporte-t-il. Me Yassfy estime que si elle l’avait vraiment voulu, Mmoi C. était libre de partir. Il estime que son client est aussi une victime, car il se plaint des agissements de sa femme, qui, par exemple, « ne voulait pas qu’il se laisse laisser pousser la barbe, sous peine de le quitter ». L’avocat rappelle qu’en août dernier la famille est allée passer deux jours à Toulouse et il montre les photos sur lesquelles Mme C. et le petit apparaissent radieux. « Alors Madame part en vacances avec l’homme qui la harcelait depuis des années ! » s’exclame l’avocat, paraissant dubitatif, « rêveur », par rapport aux accusations portées contre son client. L’avocat pose la question : « Est-ce qu’on va juger tous les couples qui connaissent des problèmes ? »

Me Yassfi prévient le tribunal des conséquences désastreuses qu’aurait une condamnation pour son client, à partir du moment où il prête serment pour exercer ses fonctions. Il demande la libération de B. et à tout le moins en cas de condamnation, l’exclusion de la mention au casier judiciaire B2. Il demande également une réduction des sommes attendues par la partie civile.

Le jugement

Après en avoir délibéré, le tribunal a condamné B. à 10 mois de prison avec sursis pour une durée de 3 ans.
Il est soumis à une obligation de soins et de travail.
Il lui est interdit d’avoir des contacts avec la mère et la fille, sauf décision contraire du juge aux affaires familiales.
Il est également interdit à B. de se rendre au domicile de Mme C. Il devra verser à son ex-compagne la somme de 2 500 € et à sa fille 3 000 € et payer en plus 1 000 € d’honoraires d’avocat.
B. dispose de 10 jours pour faire appel.

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