Les éleveurs de Dordogne autorisés à piéger les sangliers

Les éleveurs de Dordogne autorisés à piéger les sangliers
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Des années de « confrontation » entre chasseurs et agriculteurs. Le sanglier, qui ravage les prairies et les cultures de maïs ou de tournesol, fait sans le savoir l’objet de polémiques et de « ras-le-bol généralisé ». Photos à l’appui, des agriculteurs montrent comment ces cochons sauvages se régalent de jeunes pousses de maïs ou racontent comment ils dévastent les champs de blé. « Beaucoup ne déclarent plus les dégâts car c’est trop contraignant », constate Yannick Frances, élu à la Chambre d’agriculture de Dordogne et responsable des dégâts liés au gros gibier. C’est mon cas car ce n’est pas de l’argent que nous voulons, mais la fin des dégâts. »

Depuis trois ans, les agriculteurs travaillent discrètement pour trouver des « moyens complémentaires » à la chasse afin de mieux réguler la population de sangliers. « Les chasseurs en tuent 20 000 par an dans le département, il faudrait monter à 30 000 pour revenir à un niveau correct, d’autant que la population de sangliers a évolué. Les femelles se reproduisent plus tôt et ont beaucoup plus de porcs qu’avant », observent les agriculteurs.

« De grands débats »

Face à ce constat, les opérateurs ont réussi à mettre autour de la table les chasseurs et les différentes institutions liées à l’État. Pendant trois ans, de 2021 à 2023, ils ont mené une expérimentation de piégeage de sangliers dans différentes fermes afin d’agir sur la période de non-chasse, du 1er avril au 15 août.

«Nous avons commencé avec trois bénévoles», explique Alexis Cornuez, employé de la Chambre, responsable des dégâts liés au gros gibier. Il n’y a pas eu beaucoup de retours sur le sujet et il a fallu générer des connaissances. » Les pièges ont été prioritaires dans les zones les plus impactées. Un processus qui a créé de « grands débats avec les chasseurs ».

Jusqu’à 13 sangliers piégés en même temps

Supervisée par la Direction Départementale Territoriale, l’opération de piégeage a été réalisée les lieutenants de louveterie chargés de la mise à mort des animaux. En 2022, cinq trappeurs se sont portés volontaires, ils seront 10 en 2023. Au total, une quinzaine d’agriculteurs ont participé à cette expérimentation qui a permis de capturer une centaine d’animaux au total.

« Au total, il y a 97 communes où nous sommes autorisés à piéger »

« J’ai installé un filet et, une fois, j’ai pu en piéger jusqu’à 13 à la fois », remarque Laurent Dufour, éleveur de vaches limousines, sur un terrain situé notamment à Fraisse, dans le Bergeracois. Pour Jérôme Raymondaud, le piège circulaire qu’il a installé dans son exploitation de Mareuil-en-Périgord a permis de « sauver une récolte de blé ». Lui-même chasseur, Jérôme Raymondaud estime que, notamment en raison de la pyramide des âges, les chasseurs ne pourraient pas répondre seuls au défi de la régulation. « Il y a eu beaucoup de troubles parmi les chasseurs, certains sont partis mais, aujourd’hui, tout va bien », constate-t-il.

L’expérience a été suffisamment concluante pour conduire à la rédaction d’un nouvel arrêté préfectoral qui autorisera le piégeage du 1er avril au 15 août. Pour l’instant, seuls les secteurs qui concentrent le plus de dégâts liés au gros gibier sont concernés. « Au total, il y a 97 communes où nous sommes autorisés à piéger, auxquelles il faut ajouter celles où un foyer de tuberculose bovine est apparu », précise Yannick Frances. Durant cette période, les chasseurs peuvent être appelés à tirer à l’approche ou à l’affût.

Préfecture de la Dordogne

Bras de fer

Depuis mars dernier, neuf chasseurs ont été formés. Pour être agréé, vous devez suivre une formation de trappeur mais également un module d’une demi-journée sur le sanglier dispensé par la Fédération Départementale des Chasseurs de Dordogne. « Il y a un bras de fer au sein de la Fédération des chasseurs car ce module coûte 180 euros. En Corrèze, c’est la Chambre d’agriculture qui forme les agriculteurs», précise Yannick Frances, qui espère, comme ses confrères, que la mesure sera étendue à l’ensemble du département. Pour faire bouger les choses, il appelle également les agriculteurs à signaler les dégâts. « On sait qu’on a raison trop tôt, car dans dix ans, il n’y aura plus assez de chasseurs. »

Différents pièges

Il existe différentes formes de pièges. Le plus simple et le moins coûteux est l’autoconstruction. C’est une cage de trois mètres de long et d’un mètre de haut et de large.
Plus sophistiqué mais bien plus cher, il y a le net. «On tend le filet avec des caméras pour observer les animaux que l’on attire avec l’odeur du goudron et du maïs», explique Laurent Dufour, à Fraisse. Les animaux s’habituent à la présence du filet et s’enferment à l’intérieur. » Pour ce type de piège, il faut compter 1 000 euros. Les agriculteurs conseillent de mutualiser ces investissements afin d’augmenter le nombre de zones de piégeage.

 
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