un projet d’usine XXL en bord de rivière pour alimenter la production de batteries électriques en France

EMME ou Electro Mobility Materials Europe. Inconnu du bataillon pour l’instant, ce sigle désigne à la fois une entreprise et le projet qu’elle porte, à savoir la création d’une unité industrielle de conversion de nickel et de cobalt à grande échelle dans la métropole bordelaise. Intéressé, le Grand Port Maritime de Bordeaux (GPMB) est prêt à mettre à disposition son terrain. En l’occurrence, une superficie de 32 hectares comprenant les 6 hectares du terminal portuaire de Blanquefort-Parempuyre (ou Grattequina) et 26 autres, situés derrière la zone du quai.


Le quai et les terrains prévus pour une implantation industrielle sont situés principalement à Parempuyre. La commune de Blanquefort est marginalement concernée.

Sud-Ouest

Pour ce faire, une compatibilité du plan local d’urbanisme intercommunal (PLUi) de Bordeaux Métropole est nécessaire. Menée par le GPMB, cette procédure s’accompagnera d’une concertation, prévue du 2 au 30 avril. « Aujourd’hui, ces terrains sont classés « à urbaniser à long terme ». Comme il s’agit d’y implanter une entreprise, il faut les faire transférer en « urbanisable immédiatement » pour être dans les délais », résume Philippe Renier, directeur accès et aménagement au GPMB. En tant qu’établissement public, le propriétaire foncier est habilité à réaliser ce type de démarche adaptée aux grands projets. Car sur le papier, EMME en est une.

L’équivalent de 500 000 véhicules

L’unité de conversion du nickel et du cobalt doit être considérée comme une unité intégrée. « Il comprend une zone de manutention portuaire, un laboratoire spécialisé en sciences des matériaux et une usine de transformation de produits métallurgiques en sulfates par des procédés de chimie minérale », explique Antonin Beurrier, PDG de l’entreprise bordelaise. Une fois transformés en Gironde, les matériaux (sulfate de nickel et sulfate de cobalt) seront acheminés (principalement par voie maritime) vers les acteurs de la chaîne de production de batteries pour véhicules électriques.


Le Grand Port Maritime de Bordeaux mènera la démarche de mise en compatibilité du plan local d’urbanisme avec les terrains destinés à un développement industriel.

EMME

Dès sa mise en service, prévue en 2028, l’usine de Bordeaux prévoit de convertir 20 000 tonnes de nickel et 1 500 tonnes de cobalt par an. Pour donner un ordre de grandeur, « cette capacité permet de couvrir l’équivalent de 500 000 véhicules, soit près d’un tiers du marché national d’ici 2030 », évalue Antonin Beurrier, qui cherche prioritairement des débouchés en France et en Europe. Le traitement des matériaux recyclés des batteries sera envisagé dans un deuxième temps.

A ce stade, les contrats d’approvisionnement en matières premières ne sont pas finalisés. « Des sites de production situés en Australie, en Nouvelle-Calédonie, au Brésil et en Indonésie sont en cours d’évaluation, sur la base de critères industriels et environnementaux », souligne le dirigeant qui compte vingt-cinq ans d’expérience professionnelle dans l’industrie à différents postes de direction générale (Michelin , Sandvik, Xstrata, Vale).

Environnement

Electro Mobility Materials Europe assurera la construction et l’exploitation du site industriel de Bordeaux. La décision finale d’investissement est prévue avant l’été 2024. Les travaux sont annoncés pour une durée prévisionnelle de trente mois à compter de l’obtention des différents permis et autorisations. Le projet mobilisera jusqu’à un millier de personnes en phase de pointe. Qu’en est-il des impacts sur le trafic routier, le bruit et la pollution environnementale ? « Une attention particulière sera portée à ces points », argumente l’entrepreneur. La conception du site fera appel aux bonnes pratiques pour préserver le respect de l’environnement : sol, air, eau. » Il promet en outre une intégration paysagère, visuelle et sonore de l’architecture de l’usine. De plus, le site visera un « zéro carbone net ». », c’est-à-dire aucune émission directe de gaz à effet de serre sur son périmètre.

Les coûts directs de construction devraient s’élever à environ 300 millions d’euros. Les chiffres sont en cours de finalisation. Un consortium d’investisseurs industriels et financiers franco-suisse renforcés par des institutions bancaires publiques et privées travaille sur ce projet. L’État va-t-il mettre la main au porte-monnaie ? « L’instruction du dossier est en cours par les services du ministère de l’Économie et des Finances, dans le cadre du dispositif instauré par la loi industries vertes du 22 octobre 2023 », répond l’entrepreneur. Localement, Antonin Beurrier dit avoir présenté son projet à la Région Nouvelle-Aquitaine et à Bordeaux Métropole. Elle se positionne en soutien à la filière régionale Battena (plan de formation approfondi dans le domaine des batteries).

200 emplois directs

Dès le démarrage de l’activité, EMME prévoit de créer 200 emplois directs, dont 60% à haut niveau de technicité, sans compter les emplois induits. « Le site sera classé Seveso de par la nature de sa production et les réactifs utilisés via le procédé de chimie minérale », informe l’entreprise dans sa déclaration d’intention. Autre élément, la priorité donnée aux routes maritimes et fluviales devrait augmenter le trafic de conteneurs du Port de Bordeaux d’environ 20 %. Le fret ferroviaire depuis Bassens sera très demandé.

« Grâce à ce type d’usine, nous maîtrisons les matières critiques et la technologie de leur transformation »

« Ce projet industriel est considéré comme stratégique par l’Etat en termes de renforcement de la souveraineté industrielle du pays. Grâce à ce type d’usine, nous maîtrisons les matériaux critiques et la technologie de leur transformation tout en divisant par cinq l’empreinte carbone du nickel et du cobalt entrant dans la composition des batteries”, explique Antonin Beurrier, qui devra faire face à la concurrence asiatique. .

Béatrice de François, maire de Parempuyre, considère cette éventuelle implantation comme une « opportunité de développement » pour la métropole et une « chance » pour sa commune, plutôt pauvre en foncier industriel. En effet, la majeure partie des terrains visés par le GPMB est située dans sa ville, Blanquefort n’étant que marginalement concernée. « C’est un dossier porté par l’État et le Port de Bordeaux, avec un enjeu fort de souveraineté industrielle et de transition énergétique. En termes d’emploi et de recettes fiscales via la taxe foncière, les perspectives sont également intéressantes », commente l’élu.

 
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