La France a-t-elle de quoi s’inquiéter ? – .

La France a-t-elle de quoi s’inquiéter ? – .
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Quatre jours plus tard [l’élection à la présidence de la République de Bassirou Diomaye Faye], nous ne cessons d’admirer la vitalité de la démocratie sénégalaise qui, une fois de plus, a enseigné une bonne leçon que de nombreux pays africains gagneraient à méditer et à assimiler. Certes, les résultats officiels provisoires n’ont pas encore été annoncés, encore moins les résultats définitifs, qui doivent être annoncés par le Conseil constitutionnel, mais déjà, le vainqueur prend progressivement ses fonctions en attendant son investiture officielle.

Bassirou Diomaye Faye, qui vient de troquer sa tenue de prisonnier contre le costume de président, est scruté et ses moindres paroles scrutées pour jauger ses premiers pas et voir le chemin qu’il compte emprunter. Si, au niveau local, il est bien placé pour savoir que les Sénégalais l’attendent particulièrement sur le plan social, notamment le chômage des jeunes, l’émigration, le pouvoir d’achat et bien d’autres choses, on se demande déjà quelle sera sa ligne d’action. être en termes de politique étrangère.

Une « avance confortable », selon les premiers résultats officiels

Les résultats provisoires de l’élection présidentielle sénégalaise ont été communiqués, mercredi 27 mars, par le président de la Commission nationale du recensement des votes. Comme le suggèrent des chiffres non officiels, Bassirou Diomaye Faye a largement remporté le scrutin du dimanche 24 mars, en recueillant 54,28% des voix au premier tour.

Il devance le candidat de la majorité présidentielle, Amadou Ba, et ses 35,79%. Arrivé troisième, Aliou Mamadou Dia n’a recueilli que 2,8% des voix. Le taux de participation était de 61,30 %, un chiffre inférieur à celui de l’élection de 2019 mais supérieur à celui de 2012.

L’hebdomadaire britannique L’économiste souligne le bon déroulement du scrutin. « Les Cassandre en ont pour leur argent. Le 24 mars, les électeurs ont été particulièrement nombreux à se rendre aux urnes pour sanctionner les douze années mouvementées de la présidence de Macky Sall. Le vote s’est déroulé sans le moindre incident. Les Sénégalais élus à une large majorité Bassirou Diomaye Faye […]. Quelques heures après les premiers résultats, le candidat du parti au pouvoir, Amadou Ba, a reconnu de bonne grâce sa défaite.»

Bassirou Diomaye Faye devrait être investi avant le 2 avril, date de la fin du mandat de son prédécesseur, Macky Sall.

Courrier international

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Il a déjà laissé entendre, concernant la CEDEAO, qu’il œuvrerait à consolider les acquis et à corriger les faiblesses de l’organisme régional. Reste à savoir s’il parviendra, comme il l’a promis, à faire entrer son désormais homologue Assimi Goïta dans la famille de la Cédéao. [président de la transition au Mali]Ibrahim Traoré [président de la transition au Burkina Faso] et Abdourahamane Tchiani [président du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie au Niger], qui ont décidé de manière concertée de claquer la porte et qui ont tous affirmé que leur décision était irrévocable. Le nouveau magistrat sénégalais aura besoin de beaucoup d’imagination, de persévérance et de persuasion pour revenir sur sa position.

S’il y a un divorce…

S’il y a aussi un domaine de la politique étrangère qui sera suivi de près, c’est bien celui des relations entre la France et le Sénégal. Depuis de nombreuses années, Pastef [parti des Patriotes africains du Sénégal pour le travail, l’éthique et la fraternité] de Ousmane Sonko n’a jamais caché sa volonté de reconstruire la relation franco-sénégalaise, au point d’être qualifié d’antifrançais. Il est vrai qu’il a souvent sonné la même trompette que ceux qui méprisent aujourd’hui l’ancienne puissance coloniale, mais il a toujours nié être anti-français.

Dans un entretien accordé à France 24 et RFI en janvier 2023, il déclarait “n’avoir rien contre la France”, appelant Paris à « partenariat gagnant-gagnant avec l’Afrique ». Sur certains points, Ousmane Sonko est dans une certaine mesure d’accord avec les Etats de l’AES [Alliance des États du Sahel qui regroupent le Mali, le Burkina Faso et le Niger], même si on imagine qu’ici le divorce, s’il y a divorce, ne sera pas aussi brutal et violent. Une chose est de faire des discours quand on est opposant, une autre est de gouverner comme un homme d’État une fois le pouvoir acquis. Et on imagine que les nouveaux dirigeants du pays de la Teranga jaugeront un peu la situation avant de se lancer dans des aventures qui pourraient s’avérer périlleuses.

C’est le cas de la sortie du franc CFA. La position de Pastef était jusqu’ici de créer une monnaie locale, mais la réalité pourrait très vite rattraper les vainqueurs de l’élection présidentielle, qui commencent déjà à mettre un bémol à leur position en favorisant désormais la création de l’ECO, cette monnaie commune. aux pays membres de la CEDEAO qui est en gestation depuis de nombreuses années et qui devrait voir le jour en 2027. La monnaie sénégalaise devrait donc être une solution alternative au cas où le serpent de mer de la CEDEAO ne verrait finalement pas le jour.

Pas question de se jeter dans les bras de l’ours russe

Dans l’immédiat, la France n’a peut-être pas grand chose à craindre, même si elle doit anticiper pour éviter de se retrouver dans une position délicate comme celle qu’elle connaît actuellement au Sahel.

En tout cas, on peut déjà être sûr d’une chose : même si le nouveau locataire du palais présidentiel voulait couper le cordon ombilical qui relie le pays de Senghor à l’ancienne métropole, ce ne serait certainement pas abandonner le coq gaulois pour se jeter éperdument dans les bras d’un autre partenaire, en l’occurrence l’ours russe, qui a occupé les terrains laissés vacants par Paris au Mali, au Burkina et au Niger. Dans cet entretien cité précédemment, Ousmane Sonko a indiqué que ce que l’on attend de la Russie n’est pas « un partenariat de guerre » mais « des partenariats plus larges qui englobent toutes les questions de développement ». Cependant, a-t-il souligné, « Ce que l’on voit dans certains pays africains ne semble pas aller dans ce sens ». « Nous sommes en train de procéder à un remplacement. Ce que nous remplaçons est-il meilleur que ce que nous remplaçons ? Je ne suis pas entièrement sûr, » il ajouta.

Au total, s’il devait y avoir un changement de camp, ce ne serait pas une révolution qui détruit tout sur son passage mais une posture beaucoup plus modérée, et nul doute que toutes les composantes de la société sénégalaise auront leur mot à dire, contrairement à ce qui s’est passé dans les trois Etats où les décisions étaient souvent prises au sommet sans aucune consultation des forces vives de la nation.

 
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