Bidenomics contre Trumponomics | Retour vers le futur pour le Canada ? – .

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Chaque jeudi, nous revenons sur un sujet marquant dans le monde, grâce au regard et à l’expertise d’un chercheur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal ou de la Chaire Raoul-Dandurand de l’Université du Québec à Montréal.


Publié à 1h09

Mis à jour à 9h00

Arthur Argent

Professeur agrégé au Département d’économie de l’Université Laval, directeur des études à l’École supérieure d’études internationales et membre associé de l’Observatoire de géopolitique de la Chaire Raoul-Dandurand

L’élection présidentielle américaine de 2024 opposera deux candidats dont les acquis et programmes économiques sont bien identifiés : coopération internationale et renforcement du lien social contre un protectionnisme assumé et des baisses d’impôts pour les entreprises. À la veille de la revanche Trump-Biden, y a-t-il des problèmes économiques à suivre pour le Canada ?

Au Canada, le suspense est tenable.

Depuis deux mandats, le maître mot de la gestion présidentielle de l’économie est le protectionnisme. L’L’Amérique d’abord de Trump a survécu sous Biden, expressions polies en plus. La renégociation de l’ALENA par Donald Trump, qui a abouti à la création de l’ACEUM en 2020, n’a pas radicalement modifié la structure de l’accord initial de 1994 liant le Canada, les États-Unis et le Mexique.

Joe Biden s’est bien gardé de revenir à l’héritage protectionniste de son prédécesseur. Il a même intensifié certaines pressions, en menaçant par exemple d’augmenter les droits de douane sur le bois d’œuvre canadien. Par ailleurs, les subventions massives déployées sous sa présidence, dans le cadre du Loi sur la réduction de l’inflation de 2022, ont plongé le Canada dans une sorte de « guerre des subventions ».

Ces dynamiques suggèrent une continuité plutôt qu’une rupture du protectionnisme économique.

Le résultat de l’élection ne surprendra donc personne au sein de l’Équipe Canada, mise sur pied par le premier ministre Justin Trudeau pour défendre les intérêts canadiens en prévision des élections chez les voisins du Sud.

Le 45e et 46e Les présidents ont également affiché la même volonté de rapatrier les investissements et les bénéfices sur le sol américain. Si l’objectif est similaire, les stratégies diffèrent néanmoins sensiblement. Sous l’impulsion de Donald Trump, la réduction de la fiscalité du capital visait à attirer les capitaux vers les États-Unis, mais l’effet sur les flux d’investissement restait hypothétique.

L’administration de Joe Biden, pour sa part, a soutenu un accord international visant à établir un taux d’imposition mondial minimum dans le but d’éviter une concurrence fiscale excessive et un nivellement par le bas en matière d’imposition des entreprises. Cette initiative, louable pour son ambition de coopération internationale, autorise cependant des exceptions et laisse place à des niches fiscales, ce qui pourrait limiter son impact.

Dans aucun des deux cas, le Canada ne semble touché par l’évolution de la politique fiscale américaine.

L’expérience des administrations Trump et Biden nous fait donc relativiser les implications commerciales et financières de l’élection de novembre pour le Canada – sans même évoquer les contre-pouvoirs du système politique américain et la complexité des équilibres internationaux qui limitent le pouvoir réel. Du président.

D’un autre côté, le retour de Trump affecterait lourdement les relations bilatérales et l’économie canadienne à travers les politiques environnementales et les questions migratoires.

De réelles divergences

Du retrait des États-Unis de l’Accord de Paris sur le climat sous Trump à leur réintégration demandée par Biden dès le premier jour de son mandat, les divergences entre les deux présidents sont réelles sur le plan environnemental. Ils s’étendent aux combustibles fossiles, favorisés par Trump, tandis que Biden se concentre sur les véhicules électriques. Pour le Canada, la question est cruciale.

D’un côté, le soutien de Trump à l’industrie des énergies fossiles répond aux intérêts canadiens en matière d’exportation, notamment à travers des projets comme Keystone XL, avortés par son successeur – mais au détriment des ambitions canadiennes en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Serre.

D’un autre côté, une administration Biden ouvre des perspectives à l’industrie canadienne des énergies propres, qui espère redevenir compétitive face aux entreprises américaines moins contraintes par les réglementations environnementales et fiscales.

C’est toutefois dans le domaine de la migration que l’élection présidentielle pourrait avoir l’impact économique le plus perceptible pour le Canada.

Après la victoire de Donald Trump en 2016, le site d’Immigration Canada s’est retrouvé saturé de demandes provenant du sud de la frontière – Américains, résidents, potentiels immigrants ou demandeurs d’asile. Si peu de ces mesures ont abouti, elles ont néanmoins révélé l’aspiration à un modèle de société que l’Amérique de Trump ne semblait plus offrir.

Dans ce contexte, le Canada est potentiellement une destination attractive, tant pour ceux qui risquent d’être dépeints comme « indésirables » par une présidence Trump que pour les personnes qualifiées en quête de qualité et d’un milieu de vie en adéquation avec leurs croyances et valeurs sociales.

Paradoxalement, une victoire de Trump en 2024 offrirait au Canada l’opportunité d’élargir son bassin de talents, notamment dans les secteurs clés de l’économie. Cet effet doit encore avoir été planifié : l’adaptation stratégique des politiques canadiennes d’immigration et d’intégration pour capter ces flux potentiels est la clé.

L’élection présidentielle américaine génère de nombreuses incertitudes, limitées dans les domaines commerciaux ou financiers, mais bien plus importantes pour notre politique environnementale et migratoire. Face à cela, l’heure n’est pas à l’inquiétude, mais à la mobilisation. Devant nous, deux scénarios, finalement hautement prévisibles, nous disent de ne pas rater le tournant.

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