après l’attentat de Moscou, faut-il craindre la résurgence en France d’un risque d’attentat préparé depuis l’étranger ? – .

après l’attentat de Moscou, faut-il craindre la résurgence en France d’un risque d’attentat préparé depuis l’étranger ? – .
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“L’État islamique est désormais capable de lancer des attaques à distance.” Pour Gérald Darmanin, la menace terroriste en France est une nouvelle fois “exogène” : elle vient aussi “de l’extérieur, comme le Bataclan”. Par ces mots, prononcés lundi 25 mars sur le plateau de 20 heures de France 2, le ministre de l’Intérieur a fait revenir le spectre des attentats meurtriers du 13 novembre 2015, lorsqu’un commando armé du groupe État islamique, dont certains membres étaient français, venus de Syrie pour frapper Paris et Saint-Denis.

En effet, dimanche soir, deux jours après l’attentat perpétré dans une salle de concert de la banlieue de Moscou, revendiqué par une branche de l’Etat islamique, l’État islamique du Khorasan (EI-K), l’exécutif a décidé de relever le plan Vigipirate. son niveau maximum. « La menace terroriste islamiste est réelle, elle est forte » Et “elle n’a jamais faibli”a déclaré le Premier ministre, Gabriel Attal, lors d’un déplacement à la gare Saint-Lazare, à Paris, lundi après-midi, avant d’enfoncer le clou devant les députés.

« Nous devons nous préparer à tous les scénarios et n’en exclure aucun. Nous devons être partout et tout le temps.

Gabriel Attal, Premier ministre

à l’Assemblée nationale

Pour dresser un bilan précis de l’état de la menace terroriste en France, le ministre de l’Intérieur a prévu jeudi une réunion avec la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et les services concernés. Selon Gérald Darmanin, cela “menace” Est “très haut” Et « touche toute l’Europe et tout l’Occident »bien au-delà de la Russie.

Faut-il craindre, en France, une attaque préparée depuis les zones contrôlées par l’EI-K ? Dans son dernier rapport sur la menace que représente l’État islamique, l’ONU confirme que cette branche « cherche à mener des attaques violentes dans les pays occidentaux ». De son côté, Emmanuel Macron a révélé lundi que cette branche avait « a mené plusieurs tentatives ces derniers mois » d’attaques « sur notre propre sol ». Selon Jenny Raflik, professeur d’histoire contemporaine à l’Université de Nantes et auteur de Le terrorisme en France, une histoire, XIXe-XXIe siècleEI-K est la branche de l’IE « le plus actif aujourd’hui » et celui qui a « ambitions internationales ».

A ce stade, selon nos informations, il n’existe qu’une seule procédure judiciaire en cours en France concernant un attentat déjoué susceptible d’être lié à EI-K. Elle a été initiée par deux hommes, l’un russe, l’autre tadjik, arrêtés à Strasbourg en novembre 2022. Les premières investigations ont confirmé leurs liens avec les branches centrasiatique et caucasienne de l’EI, selon le parquet national du mouvement antiterroriste, qui a pas arrêté, depuis dix-huit mois, « pour rappeler la gravité de la menace terroriste émanant de réseaux composés d’individus originaux » de ces zones.

En revanche, aucune action réussie n’a été guidée à distance par EI-K en France. Si Armand Rajabpour-Miyandoab, l’auteur de l’attentat du pont Bir-Hakeim, à Paris, le 2 décembre 2023, a évoqué « ses frères du Khorasan » dans sa vidéo de protestation, “Nous ne pouvons pas dire, compte tenu de l’état des enquêtes, que cette attaque a été ordonnée par EI-K, ni commise au nom de EI-K”, observe sur franceinfo une Source proche du dossier, reliant cette mention aux origines iraniennes de l’assaillant – Khorasan est le nom médiéval de l’Afghanistan, qui comprenait le nord de l’Iran.

Pour Alexandre Rodde, consultant en sécurité et chercheur spécialiste du terrorisme, l’attaque du pont de Bir-Hakeim illustre plutôt une menace endogène : celle des terroristes qui sortent de prison, ce qui fut le cas d’Armand Rajabpour-Miyandoab, condamné à cinq ans de prison pour un attentat planifié en 2016 à La Défense. « Par rapport au terrorisme endogène, le risque d’une attaque planifiée [depuis l’étranger] reste limité et minime en France depuis 2018. Seuls quelques groupes sont capables de mener des attaques depuis l’étranger »analyse celui qui a écrit Le Jihad en France, 2012-2022.

Le ministère de l’Intérieur confirme cette tendance à franceinfo, prenant en compte le profil des auteurs des derniers attentats commis en France, notamment ceux visant le milieu éducatif. L’assassinat de l’enseignant Dominique Bernard à Arras (Pas-de-Calais) par un jeune homme d’origine tchétchène, Mohammed Mogouchkov, semble, à ce stade, être un attentat commis en réponse aux instructions générales de l’Etat islamique, souligne une Source judiciaire. Il en va de même pour celui du professeur Samuel Paty, en octobre 2020. Les investigations n’ont pas permis de démontrer que le terroriste Abdoullakh Anzorov, également d’origine tchétchène, avait agi en lien avec un quelconque commanditaire. Huit adultes seront jugés à la fin de l’année dans cette affaire, dont deux pour complicité.

Il n’en demeure pas moins que la menace est protéiforme et évolutive. Si la capitulation de l’EI à Baghouz (Syrie), le 23 mars 2019, a été perçue comme le signal de la fin du groupe terroriste, l’organisation conserve des poches d’activité dans la zone irako-syrienne. Elle a également étendu son influence à d’autres régions du monde, grâce aux événements géopolitiques actuels. Le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan à l’été 2021 a favorisé le développement de l’EI-K. Au Sahel, l’instabilité politique a donné naissance à des groupes terroristes. Comme le soulignait le procureur antiterroriste Jean-François Ricard en janvier, lors de l’audience solennelle de rentrée, chacun « le creux de la vague de l’action terroriste a toujours constitué une période de repli permettant aux djihadistes de reconstituer leurs forces et de s’investir profondément dans la société ».

Ainsi, on assiste, avec l’attentat de Moscou, au retour de la menace intermédiaire, dite « télécontrôlée », avec des instructions précises données depuis une zone tenue par des combattants jihadistes, analyse Vincent Nouzille, journaliste d’investigation spécialisé dans le terrorisme, sur franceinfo. Parmi les suspects arrêtés en Russie, certains étaient de nationalité tadjike, mais résidaient sur le territoire russe.

« L’État islamique a mis en place des cours de formation militaire à distance et en ligne. Cela permet aux gens (…) d’acquérir plus d’expérience avant d’agir.”

Vincent Nouzille, journaliste spécialisé dans le terrorisme

sur franceinfo

Un scénario confirmé au sommet de l’Etat. “Selon nos services de renseignement, des personnes à l’extérieur, dans d’autres pays, ont pu donner des ordres à des personnes à l’intérieur d’un pays pour qu’elles accomplissent l’acte d’une manière coordonnée avec le massacre auquel nous avons assisté. C’est très nouveau et nous devons être particulièrement prudents., a déclaré Gérald Darmanin sur le plateau de France 2. L’attentat déjoué en France en novembre 2022 pourrait relever de ce type de menace, tout comme d’autres projets d’attentats en Europe. En juillet 2023, dans la région allemande de Rhénanie du Nord-Westphalie, la police a arrêté sept membres d’un groupe terroriste en contact avec des membres de l’Etat islamique.

Pour l’historienne Jenny Raflik, l’alternance entre attentats à grande échelle et « attaques à faible coût »initiée par Al-Qaïda dans les années 2000, est toujours d’actualité aujourd’hui : “Attaque planifiée, inspirée, télécommandée… Ce n’est pas nouveau, c’est la stratégie des 1 000 coupures, expression de la stratégie prônée par Al-Qaïda, puis ISIS.”“En fonction de l’opportunité et de la situation, les organisations terroristes privilégieront l’une ou l’autre, elles essaieront de développer les deux voies”elle explique.

Cette menace diffuse, qui s’appuie tantôt sur les réseaux de propagande de l’État islamique, tantôt sur une organisation logistique plus structurée, s’est renforcée grâce à l’actualité internationale. « Le djihadisme en Europe occidentale connaît un regain d’activité depuis début mars, sans raison claire ni évidente, mais les signaux sont inquiétants », observe Alexandre Rodde. Le chercheur souligne qu’en mars, de nouvelles arrestations ont eu lieu en Europe, notamment en France, en Belgique et en Italie.

“L’attaque de Moscou pourrait motiver des jihadistes qui n’ont pas de lien direct avec les assaillants, mais qui envisageaient d’agir.”

Alexandre Rodde, chercheur spécialiste du terrorisme

sur franceinfo

C’est dans ce contexte inflammable que doivent se tenir les Jeux olympiques et paralympiques en juillet et août en France. La directrice de la DGSI, Céline Berthon, a elle-même alerté sur le risque que représente la tenue de cet événement mondial en matière de terrorisme. « Sans aucun doute, les organisations terroristes ciblant l’Occident tenteront de saisir l’opportunité des Jeux Olympiques pour agir »a-t-elle déclaré à la commission des lois du Sénat début mars.

Le ministre de l’Intérieur a assuré lundi que les services de police et de renseignement seront « prêts ». Mais comme le souligne la spécialiste Jenny Raflik, la présence visible d’hommes en uniforme – 45 000 policiers et gendarmes seront déployés – peut elle-même donner lieu à des actes de violence. La menace cyberterroriste et technologique, via l’utilisation de drones, est aussi particulièrement redoutée. “Nous sommessouligne-t-elle, dans une séquence où la menace est continue et, malheureusement pour nous, nous poursuivons toujours l’évolution du terrorisme.

 
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