Ancien journaliste de Ouest-France et du Marin, Yann Bessoule nous quitte

Ancien journaliste de Ouest-France et du Marin, Yann Bessoule nous quitte
Descriptive text here

D’excellents « papiers » et de grands et immenses éclats de rire. C’est ce souvenir que ses amis et collègues garderont de Yann Bessoule. Ce journaliste à la joie si contagieuse avait gardé secret jusqu’au bout le cancer qui l’a emporté à l’âge de 65 ans, samedi 23 mars, à l’hôpital de Saint-Brieuc.

Peut-être parce que gâcher l’ambiance n’était pas son genre… Exubérant, grand amateur de chaussures flashy et de tee-shirts qui ne l’étaient pas moins, conteur intarissable, Yann, entre collègues ou entre amis, faisait de tout un spectacle, une farce, sans sans jamais laisser un instant s’effacer.

Entré dans le journalisme par la porte dérobée

Un article non plus. Et il en a écrit des milliers. D’abord et avant tout pour Le marin. Entré par la petite porte, après avoir quitté la pêche en 1984, il débute par des contrats à la rédaction parisienne, après un bref passage à Europe 1.

Il est mis en selle par notre confrère Daniel Hillion. Ce dernier croit au potentiel du jeune marin qui rêve de journalisme, est curieux et débrouillard. Entre deux petits boulots indépendants, il a même travaillé un temps pour le Paris-Dakar, course marquée par la mort tragique de son fondateur, Thierry Sabine, et du chanteur Daniel Balavoine, en 1986. Et c’est Yann lui-même qui a annoncé leur décès au médias.

Rapidement, il intègre le marinl’hebdomadaire maritime du groupe Ouest de la France, en 1985. Il est là comme un poisson dans l’eau. Il vient de la pêche… Avec fierté, Yann rappelle volontiers qu’en guise de diplôme, il n’avait que son brevet d’apprentissage maritime, obtenu à l’école de pêche de Cherbourg en 1975.

Pendant dix ans, il embarque sur une demi-douzaine de navires depuis Port-en-Bessin et Trouville, où il a grandi. Parmi eux, la « Sylvie Françoise », l’« Albatros », la « Sancta Maria », la « Marilou », l’« Alice », le « Gros Loulou ».

Sur son apprentissage à ses dépens, sur ces marées fatigantes, au chalut ou à la drague à coquillages, Yann ne l’a pas ramenée. Il en parlait de temps en temps, avec fierté, c’est tout.

Nous nous confiions à lui, que nous soyons marin ou amiral.

Assoiffé de lecture, de culture, de musique, de vie, Yann avait aussi soif de gens. C’était sa grande force. Nous lui faisions confiance, que nous soyons marin, ouvrier, PDG, amiral ou ministre.

Yann était aussi un chasseur de scoops. Quitte à contrarier les puissants lorsqu’il a révélé des révélations sur les conditions douteuses du rachat d’une grande compagnie maritime de Lorient par une multinationale espagnole. Ou lorsqu’il a annoncé avant tout le monde la mise en examen des militaires en service à la préfecture maritime de Brest lors du naufrage de l’« Erika ».

Amoureux d’histoires et d’écriture, il a le sens de l’information et du travail en équipe. Alors que la crise de la pêche fait rage en 1994, jusqu’à l’incendie du Parlement de Bretagne à Rennes, dans la nuit du 4 au 5 février, il demande et obtient la réalisation, en petit comité, d’un numéro spécial, rédigé et assemblé en un quelques jours… et quelques nuits.

En 2000, il succède à Claude Tarin comme rédacteur en chef de Marin. Une belle réussite pour quelqu’un qui n’a pas beaucoup étudié, mais qui dévore à la fois la presse et la littérature.

Il occupe ce poste avec brio pendant neuf ans, ajoutant à ses talents l’animation de «Assises de la mer» créé par Infomer, la maison d’édition de Marin.

Yann Bessoule s’était retiré avec son épouse Isabelle dans les Côtes-d’Armor. | RD
Afficher en plein écran
Yann Bessoule s’était retiré avec son épouse Isabelle dans les Côtes-d’Armor. | RD

Avant de rejoindre Ouest de la France, il réalise de jolis clichés. Un magnifique reportage à bord de la « Jeanne d’Arc », l’ancien porte-hélicoptères de la Marine qui s’apprête à faire ses adieux. De la cale à la passerelle, des vieilles turbines à vapeur à la table du capitaine, il enchaîne les rencontres. C’est ce qui caractérise l’être humain, quel que soit le nombre de rayures ou d’étoiles sur ses épaules.

Il a également entrepris la traversée finale du sous-marin lanceur de missiles « Inflexible ». “Ce qui l’intéressait, ce n’était pas le sous-marin, c’était les sous-mariniers”. se souvient de sa femme, Isabelle.

Dans ses temps personnels, Yann réalise également une œuvre de commande. Le sujet : les chantiers du Piriou. Ce n’est pas un livre d’affaires comme les autres. Non, pas un livre bateau comme les autres. Mais un livre sur les gens. Pas seulement la famille Piriou, qui le fascine, car elle a su transformer le petit site originel de Concarne en un groupe implanté dans une demi-douzaine de pays. Mais aussi les ingénieurs, les ouvriers et la myriade de sous-traitants, cette ruche dédiée à la construction navale qui fait de Concarneau une place à part dans le monde maritime. Le résultat, élégamment présenté par Marine Cau, directrice artistique d’Infomer, maison d’édition de Marinest superbe.

La « Jeanne », l’« Inflexible », les chantiers Piriou…

En 2009, Yann rejoint Ouest de la France, la « société mère », au service de la Direction Economique et Sociale. Là encore, tout le passionne : l’aéronautique, même s’il déteste voler, l’automobile, même s’il n’a pas de permis.

Car Yann a certainement embarqué sur tout ce qui flotte, du chalutier au sous-marin, du ferry au porte-hélicoptère. Mais sur terre, il voyageait en train, en taxi ou dans les voitures d’autres personnes. C’était bon. Avec lui, les voyages semblaient plus courts et la vie plus légère.

Les obsèques auront lieu le vendredi 29 mars, à 15h30, au crématorium de Saint-Brieuc. Un verre sera servi à partir de 17 heures au Mix Café de Tressignaux (Côtes-d’Armor), dont Yann était devenu président.

À sa mère Thérèse, ses frères Pascal et Alain, son épouse Isabelle, son fils Kévin et sa belle-fille Cerian, ses deux petits-enfants Milo et Cléo, et leurs proches, « Ouest-France » et « le marin » présents leurs très chaleureuses condoléances.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV Détenu évadé en fuite
NEXT Le Canada bloque toujours l’aide à l’Afghanistan, déplorent les ONG