Aléas climatiques extrêmes, parasites… Les arbres souffrent en Haute-Loire

La forêt, endommagée par les effets de la chaleur, disparaît rapidement en Haute-Loire. Les arbres soumis aux ravageurs sont fragilisés et beaucoup plus sensibles au vent et à la neige. La tempête que nous avons connue il y a quelques jours, bien que limitée, a causé de nombreux dégâts.

Le temps est révolu où l’arbre « bravait l’effort de la tempête » se moquant du roseau de la fable… La Haute-Loire a récemment connu un épisode orageux, la neige, le vent et les dégâts causés à la forêt par la tempête Monica sont loin d’être le cas. ayant tous été évalués encore. La forêt est en effet fragmentée, et certains secteurs étaient encore inaccessibles à cause de la neige. Les forestiers privés ont recensé les arbres abattus presque partout. Philippe Beignier, président du syndicat des forestiers privés de Haute-Loire, Fransylva 43, parle de 1.200 dégâts recensés il y a deux semaines dans le département : des chutes d’arbres sur des canalisations, dans une propriété voisine, sur des véhicules, parfois une simple grosse branche qui pourrait ont eu des conséquences.Lignes électriques ou téléphoniques au sol comme à Bellevue-la-Montagne après des chutes d’arbres.

« À Bellevue-la-Montagne nous avons été privés d’internet pendant trois jours », témoigne le président de Fransylva 43. Lorsqu’un arbre tombe sur une ligne téléphonique, Orange le répare, replante un poteau, trace un trait. Plusieurs mois plus tard, le propriétaire reçoit la facture et la facture peut être salée. Les membres du syndicat bénéficient d’une responsabilité civile et d’une protection juridique. Philippe Beignier donne un exemple :

Le propriétaire de bois non assuré prend un risque énorme. Pour la fibre, si un arbre endommage le réseau, le préjudice est estimé à 15 000 euros.

Assurer cela coûte moins de 28 euros pour 3,5 hectares et 1,66 euros par hectare supplémentaire, auprès d’une entreprise proche de Fransylva 43.
« Avec le changement climatique, le risque est accentué. Les arbres sont devenus fragiles, ils meurent. Un coup de vent suffit à les renverser », analyse Philippe Beignier.À la sortie de l’hiver, il est fréquent d’observer des rougeurs (arbres morts) comme ici à Josat.

Cette situation a été parfaitement analysée par Olivier Baubet, qui dirige le centre de santé forêt à la Direction régionale de l’agriculture et de la forêt (Draf) en Auvergne-Rhône-Alpes. Les menaces sont de plusieurs types : parasites invasifs comme les scolytes, aléas climatiques extrêmes avec un stress hydrique très marqué l’année dernière, modifications des pratiques sylvicoles comme le compactage des sols par des engins.

« La révolution silencieuse est en marche »

« La révolution silencieuse est en marche ». L’expression est chère à Philippe Beignier. « L’ampleur des dégâts sera très visible d’ici une demi-douzaine d’années », prévient le représentant de Fransylva 43. Lorsqu’un épicéa est touché, une coupe s’impose rapidement. « Une coupure subie », précise Philippe Beignier. L’arbre ne perd pas sa résistance mécanique. Les bois doivent alors être évacués tout aussi rapidement. Officiellement, la Haute-Loire n’est pas reconnue comme « scolyte », contrairement au Cantal ou au Puy-de-Dôme. “Pour nous, en raison des petites parcelles et parce que l’épicéa n’arrive qu’en troisième position après le sapin et le pin sylvestre, le phénomène n’est pas aussi visible que dans certains départements”, explique Philippe Beignier qui espère malgré tout une reconnaissance par la préfecture d’ici la fin. du mois prochain. Cette reconnaissance pourrait permettre d’obtenir des subventions plus importantes pour le reboisement (il faut 6 000 €/hectare pour reboiser).
Le syndicat des propriétaires privés recommande également d’éviter la monoculture et le reboisement avec quatre espèces différentes. Et Philippe Beignier recommande :

Les feuillus ont aujourd’hui leur place en Haute-Loire

D’autres espèces sont également malades. Le dépérissement du sapin argenté est extrêmement rapide entre la mi-juin et la mi-septembre. Le stress climatique conduit à l’embolie gazeuse. L’enjeu est de taille dans le département qui va se retrouver confronté à un renouvellement important des forêts de sapins. « Peut-être les verra-t-on encore à la fin du siècle sur les hauts plateaux de La Chaise-Dieu, mais guère au-delà », estime Philippe Beignier qui cite le cas de Josat où ce déclin est spectaculaire avec des massifs entiers « tout rouge ». Les forestiers fondent de grands espoirs sur l’introduction du sapin turc ou de Bornmüller, capable de résister aux chaleurs extrêmes en été et au gel en hiver. «Nous réfléchissons à une éventuelle hybridation avec celui de Haute-Loire», remarque le président des forestiers privés. Il en planta lui-même notamment autour de Félines.
Le pin sylvestre, très répandu dans tout le département, est également victime de rougissement, notamment sur les contreforts du Livradois. Le réchauffement explique le dépérissement, tout comme le champignon Sphaeropsis des pins. Le pin corse Laricio en cours de repeuplement le remplacerait avantageusement. Le président du syndicat cite encore des cèdres qui offriraient de bons résultats : « À un certain stade, dit-il, il faut les éclaircir. En dessous, un véritable tapis de jeunes pousses apparaît naturellement. Un pin noir d’Autriche peut également être utilisé. Philippe Beignier ajoute : « Le bon sens paysan doit primer. Lors d’une replantation, mieux vaut ne pas mettre tous ses œufs dans le même panier. »

Philippe Suc

Prendre soin des arbres, c’est regarder vers l’avenir

Plusieurs problématiques d’actualité sont discutées avec les propriétaires forestiers. Ils tendent à faciliter la gestion des parcelles dans un département qui souffre d’un morcellement des espaces boisés.Les jeunes sont invités à planter des arbres. Photo d’illustration

L’enfant qui a planté des arbres.

Fin octobre 2022, après un été marqué par d’importants incendies, Emmanuel Macron annonce vouloir planter 1 milliard d’arbres en dix ans. Le Syndicat des forestiers privés de Haute-Loire, Fransylva 43, prévoit de réaliser des plantations avec des collégiens (6e) de Saint-Jacques-de-Compostelle début avril.

Repenser le plan France 2030.

Le plan de reconquête France 2030 appliqué à la forêt a connu jusqu’à présent peu de succès puisque seuls seize dossiers avaient été déposés en début d’année dans le département, concernant des parcelles mourantes à replanter. Les coopératives examinent les dossiers pour le compte des forestiers. Le ministère de l’Agriculture a indiqué qu’un « fonds pérenne » prendra le relais dès cette année des mesures du plan France 2030 pour contribuer au financement. « Ce plan devrait être plus généreux pour aider les propriétaires souffrant, par exemple, d’attaques de scolytes ou d’incendies. J’espère que nous pourrons annoncer ces nouvelles mesures début juin », indique Philippe Beignier, président de Fransylva 43.

Propriétaires, à quelles aides pouvez-vous prétendre ?

D’ici un mois, Fransylva doit mettre en place un simulateur d’aides qui sera présenté aux adhérents lors de l’assemblée générale, vendredi 14 juin au Crédit Agricole de Vals-près-le-Puy.
Le gros problème en Haute-Loire, en matière de gestion forestière, concerne le foncier. Philippe Beignier observe : « Longtemps, lors des héritages, le bois était partagé entre les enfants, ce qui se traduit aujourd’hui par l’existence de parcelles minuscules. Comment faire une gestion durable quand on possède 0,25 acre ? De plus, les scieries sont souvent spécialisées. Les chargements se font par spécialités. Le syndicat souhaite introduire dans la loi d’orientation agricole une incitation fiscale aux regroupements parcellaires avec fusion de parcelles, au même titre que la défiscalisation de la taxe foncière lors des reboisements. « On ne parle pas de remembrement foncier, qui est considéré comme un gros mot en Haute-Loire », tient à souligner Philippe Beignier.

Réglementez les cerfs.

La Cour des comptes vient d’alerter sur les ravages des cerfs, dont elle juge la population « trop importante » pour diminuer.
« Assurer un équilibre sylvicole partout sur le territoire permettrait de régénérer la forêt sans mettre en place de protections et donc de réaliser des économies comprises entre 225 et 375 millions d’euros », estime l’institution.
Les propriétaires privés réclament davantage de bracelets lors de l’établissement des plans de chasse qui seront discutés. « Nous sommes capables de protéger les jeunes arbres contre les cerfs. Pour les cerfs, c’est plus compliqué. L’animal gagne du terrain en Haute-Loire et s’attaque aux arbres âgés de 30 ou 40 ans », précise Philippe Beignier.

 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV PRONOS PARIS RMC Le buteur du jour du 28 avril – Ligue 1 – .
NEXT Les murmures de lundi : les adieux prodigieux d’Eric Frechon au Bristol, Benjamin Collombat au Château de Courcelles, les Gautier et leur Auberge de la Give, les nouveaux Relais & Châteaux de Drisco à Tel Aviv et l’ascension de Tomer Tal, les débuts de Philippe Mille nouvelle façon