Les entreprises se penchent sur la fécondité des employés

Les entreprises se penchent sur la fécondité des employés
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Ces entreprises qui regardent la fécondité de leurs salariés

Erik Freudenreich – RH aujourd’hui

Publié aujourd’hui à 8h31

L’âge moyen des femmes à la naissance de leur premier enfant continue de baisser en Suisse. Ils avaient en moyenne 32 ans en 2022, contre 29 ans en 2000, selon les données de l’Office fédéral de la statistique (OFS). La part des mères âgées de 35 ans et plus continue d’augmenter pour atteindre près de 35 % en 2022.

L’OFS constate également que de plus en plus de femmes ont recours à la congélation d’ovules et de tissus ovariens, que ce soit pour des raisons médicales ou non. 2 502 personnes ont opté pour cette procédure en 2021, dont 1 574 pour des raisons « autres que médicales ». Ce chiffre représente une augmentation de 50% par rapport à l’année précédente.

Gel social

Les motivations du recours à la congélation « sociale » des ovules (congélation sociale des œufs) sont variées et souvent complexes, note Nolwenn Bühler, anthropologue et responsable de recherche à Unisanté, qui a écrit plusieurs articles sur la médecine de la reproduction.

Certaines femmes choisissent de congeler leurs ovules parce qu’elles n’ont pas encore trouvé de partenaire avec qui elles souhaitent fonder une famille, mais souhaitent préserver la possibilité d’avoir un enfant dans le futur. D’autres peuvent être engagées dans des études avancées, des projets personnels ou une carrière et souhaitent retarder la maternité jusqu’à ce qu’elles aient atteint leurs objectifs.

« Plusieurs études montrent que les femmes qui se tournent vers cette solution se retrouvent souvent dans une situation critique du point de vue de la fécondité », indique la chercheuse. Ces traitements sont par ailleurs souvent très coûteux (environ 10’000 francs en Suisse) et n’offrent aucune garantie de succès, mais peuvent apporter une certaine tranquillité d’esprit.

Méta, Apple ou Google

Un sujet qui a également été repris il y a une dizaine d’années par de grandes entreprises technologiques comme Meta, Apple et Google. Ils ont mis en place des programmes de prestations de fertilité pour leurs employées.

Cette pratique se répand désormais ailleurs dans le monde. La société pharmaceutique Merck a annoncé il y a quelques mois le lancement d’un programme complet d’avantages sociaux pour offrir à ses employés un soutien financier pour les traitements de fertilité dans huit pays où l’entreprise est présente. Il s’agit du premier projet de ce type en Suisse.

Désir d’un enfant en retard

«Avec notre programme Prestation de fertilité, nous entendons soutenir financièrement les collaborateurs qui ont un désir inassouvi d’avoir un enfant», explique Florian Schick, président de Merck Suisse. En outre, nous souhaitons mener un travail d’information générale sur le thème de la fertilité et du planning familial, où subsistent encore aujourd’hui de nombreux malentendus et tabous.»

Il souligne que la réalité est que le désir de fonder une famille vient de plus en plus tard. «Aujourd’hui, un tiers des personnes ont leur premier enfant après 35 ans. En Suisse, un couple sur cinq éprouve des difficultés à avoir des enfants. Notre programme est une solution pour apporter un soutien financier dans ce cas.

Un soutien financier sans restriction

Merck Suisse compte aujourd’hui 2’600 collaborateurs, répartis dans neuf filiales (dont six sites de production), spécialisées dans les secteurs de la santé et des sciences de la vie.

« Cette offre s’adresse à tous nos collaborateurs, sans aucune restriction quant à l’orientation sexuelle, au sexe ou au choix de traitement », poursuit le dirigeant. Il s’agit d’un soutien financier confidentiel destiné aux personnes souhaitant bénéficier de notre allocation de fertilité. La confidentialité est importante, car il existe encore beaucoup de réticences à parler de vouloir avoir des enfants. A travers cette offre, nous souhaitons permettre aux salariés de planifier leur parentalité comme ils le souhaitent. »

Le projet a émergé parmi les collaborateurs de l’entreprise. Elle permet de répondre aux besoins et préoccupations de la génération Z et des millennials, souligne Florian Schick : « Nous souhaitons être à l’écoute de nos collaborateurs actuels et futurs, et avoir un impact positif sur leur vie en abordant les questions importantes et en mettant en place des solutions adaptées. politiques internes.

Problème aux multiples facettes

Des problèmes sociaux complexes peuvent-ils être résolus à l’aide d’une solution technologique ?

« Questions liées à solution technologique, ou l’idée que tous les problèmes peuvent trouver leur solution dans les nouvelles technologies, a été très débattue lorsque les entreprises américaines se sont emparées du sujet de la fertilité et n’est toujours pas résolue, constate Nolwenn Bühler. Aussi, derrière l’apparente liberté de choix et l’ouverture qu’offrent ces programmes, on remarque qu’on évite de remettre en question la norme d’une carrière pour laquelle il faut être totalement investi et disponible.

Pression sur les femmes

Une telle offre peut ainsi accroître la pression sur certaines femmes, estime l’anthropologue. Comme l’essor des méthodes contraceptives. « Celles-ci ont promu une dimension émancipatrice, mais paradoxalement ont aussi durci les normes procréatrices, en renforçant la responsabilité des femmes face à une grossesse accidentelle ou au « bon » moment pour avoir un enfant.

Ces questions dépassent le cadre de l’entreprise, souligne le chercheur. « Mais les ressources humaines ont tout intérêt à voir plus large que la question de la congélation sociale des ovules, en favorisant une culture inclusive et flexible qui facilite les aménagements personnalisés, en consultant autant que possible les salariés eux-mêmes.

Les retours enregistrés par Merck depuis l’annonce de son programme ont été extrêmement positifs, indique Florian Schick. «Nous sommes la première entreprise en Suisse à proposer ce programme. Nous pensons qu’à l’avenir, cette offre deviendra la norme parmi les grandes entreprises suisses.»

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