après le départ de la France, l’échec de la méthode douce américaine

après le départ de la France, l’échec de la méthode douce américaine
Descriptive text here

Si la France a immédiatement condamné le coup d’État de juillet 2023 au Niger, les États-Unis se sont montrés moins critiques, privilégiant le dialogue avec les nouvelles autorités. Washington espérait ainsi peser sur les choix stratégiques du pays et maintenir sa base militaire à Agadez. Mais quelques mois après le départ des derniers soldats français, les soldats américains se voient à leur tour chassés. Décryptage.

Les discussions à Niamey ont été « franches », affirment les Etats-Unis. Un peu trop au goût des militaires nigériens au pouvoir. Samedi 16 mars, quelques jours après le départ d’une délégation américaine pour rencontrer les autorités de la transition, le porte-parole du régime a annoncé la fin « avec effet immédiat » de l’accord militaire entre les deux pays, régissant la présence des forces américaines au Niger.

Lors de son allocution télévisée, le colonel Amadou Abdramane a formulé une série de critiques sévères à l’encontre de Washington, fustigeant la présence militaire « illégale » des États-Unis, fruit d’un accord « imposé » au pays, la « condescendance » du leader des Etats-Unis. délégation, la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines Molly Phee, ainsi que la volonté américaine « de refuser au peuple souverain du Niger le droit de choisir ses partenaires ».

Cette annonce de rupture intervient après huit mois de négociations difficiles entre les autorités nigériennes, arrivées au pouvoir le 26 juillet 2023 en renversant le président Mohamed Bazoum, et Washington sur la coopération militaire entre les deux pays ainsi que sur la voie des élections.

Les Etats-Unis avaient déployé d’importants efforts diplomatiques, espérant éviter le même sort que la France, poussée vers la sortie et qui a achevé le retrait de ses 1.500 soldats en décembre. Ils avaient opté pour une approche plus conciliante envers la junte que celle de Paris et des alliés régionaux du président déchu, espérant ainsi trouver un terrain d’entente avec les nouvelles autorités. En vain.

Réticence à parler de coup d’État

Cette différence d’approche est apparue d’abord sur le plan sémantique. Alors que Paris et la CEDEAO (Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest) avaient vigoureusement dénoncé le putsch et appelé à la réintégration immédiate de Mohamed Bazoum dans ses fonctions, les États-Unis qualifiaient encore, le 8 août 2023, la situation de « tentative de prise de pouvoir ». par les militaires ».

Une approche pour le moins prudente qui s’explique d’abord par le cadre juridique qui encadre les aides accordées par Washington aux pays tiers. La loi de crédits annuelles du Département d’État restreint sévèrement l’aide fournie à un pays « dont le chef de gouvernement dûment élu est destitué par un coup d’État militaire ».

Or, ces dernières années, Washington a alloué plusieurs centaines de millions de dollars au pays, via des programmes d’aide au développement, mais aussi pour renforcer le partenariat militaire avec Niamey, jusqu’ici considéré comme le pilier de la lutte antiterroriste américaine dans la région.

Symbole de cet ancrage, l’ouverture en 2019 de la base militaire américaine 201 à Agadez, principal hub américain de renseignement et de surveillance au Sahel. Cette base, équipée de drones et dont le coût est estimé à 100 millions de dollars à Washington, abrite la plupart des quelque 1 100 soldats américains encore présents dans le pays.

Changement de vitesse

Conscients qu’ils ne pourraient pas maintenir longtemps une position ambiguë, les États-Unis avaient entamé des négociations en vue du retour rapide au pouvoir d’un gouvernement civil. Sans succès.

Dépêchée à Niamey début août, l’envoyée américaine Victoria Nuland avait alors reconnu des discussions « assez difficiles » avec les nouvelles autorités. Elle n’a pu voir ni le chef des putschistes, Abdourahamane Tiani, ni le président déchu, Mohamed Bazoum.

Le 10 octobre, les États-Unis ont durci le ton, reconnaissant pour la première fois le « coup d’État » de Niamey et, dans le même temps, suspendant la plupart de leurs programmes de soutien au pays, dont l’assistance et la formation des forces nigériennes. , pour un montant d’environ 500 millions de dollars.

Malgré ce net changement de braquet, Washington n’entend pas abandonner le partenariat avec Niamey. Aucun des deux pays n’évoquait alors le départ des forces américaines du pays.

En décembre, à la suite d’une première visite de la secrétaire d’État adjointe aux Affaires africaines, Molly Phee, dans la capitale nigérienne, les États-Unis ont même annoncé vouloir reprendre leur coopération en matière de sécurité et de développement avec le Niger, à condition que le Le pays prend des mesures pour restaurer la démocratie.

« L’ingérence » américaine

Lors de son discours du samedi 16 mars, le colonel Amadou Abdramane a réaffirmé la « ferme volonté » du gouvernement de transition d’organiser « dans les plus brefs délais le retour à une vie constitutionnelle normale ». Ni la pression de la CEDEAO ni celle des Etats-Unis n’ont permis d’obtenir un quelconque calendrier pour l’organisation des élections.

Lire aussiLe Mali, le Niger et le Burkina Faso quittent la CEDEAO : les transitions démocratiques « enterrées »

Mais c’est un autre point des discussions qui semble être à l’origine de la rupture des relations : la question des partenaires diplomatiques et stratégiques du Niger.

Car outre les négociations sur la préservation de la base militaire américaine d’Agadez, les Etats-Unis, très inquiets de la progression russe en Afrique et notamment des milices Wagner, tentaient depuis des mois de convaincre le Niger de ne pas suivre l’exemple malien. . Le rapprochement du pays en septembre avec le Mali et le Burkina Faso, tous deux menés par des militaires, au sein de l’Alliance des États du Sahel, a été perçu d’un mauvais œil par Washington, tout comme la rupture en décembre par le Niger de deux accords de défense avec l’UE, même si le les autorités de transition ont accueilli une délégation russe.

« Les militaires au pouvoir et leurs partisans ont semblé apprécier la position américaine lorsqu’elle appelait à privilégier les voies pacifiques face au projet d’intervention militaire de la CEDEAO » analyse un chercheur spécialiste du Niger, sous couvert d’anonymat. “Mais visiblement les Etats-Unis n’ont pas compris que Niamey, comme Bamako et Ouagadougou, est désormais dans une logique de refus de tout diktat et de tout alignement.”

Le porte-parole de la junte a critiqué samedi Molly Phee pour ses « fausses allégations » concernant un accord secret sur l’uranium avec la République d’Iran. Il a également défendu la coopération avec la Russie, qualifiée de « partenariat d’État à État » pour « acquérir les équipements nécessaires à la lutte contre le terrorisme ».

Un accord militaire déséquilibré ?

Enfin, Amadou Abdramane a critiqué le caractère « illégal » et « injuste » de l’accord de défense liant les deux pays. Une simple « note verbale », selon le porte-parole de la junte, « imposée unilatéralement » au Niger. Ce document, daté du 6 juillet 2012 et disponible sur le site du Département d’État américain, est néanmoins accompagné de lettres du ministère nigérien des Affaires étrangères, dirigé à l’époque par Mohamed Bazoum, qui exprime son accord « sur l’ensemble du le contenu du projet.

« Les militaires nigériens n’ont jamais été satisfaits de l’apport tactique des 1 100 militaires de la base américaine dont ils jugeaient l’appui en renseignement insuffisant », souligne l’expert. Mais le départ des forces américaines n’est pas sans risque car Niamey pourrait s’exposer à « des mesures de représailles économiques et politiques et se priver de formation et de soutien en matériel », poursuit-il, rappelant que les avions C130 Hercules, utilisés par l’armée nigérienne pour le transport de troupes , sont des dons américains.

En réalité, « le différend ne porte pas sur le caractère prétendument déséquilibré de l’accord de défense, car des soldats américains ont entraîné les forces nigériennes et participé à l’équipement des troupes », analyse le journaliste nigérien Seidik Abba. « Les Etats-Unis avaient choisi de rester en misant sur une diplomatie du dialogue et de la persuasion, tant sur la question de la démocratie que sur celle du choix des partenaires. Mais les autorités estiment être allées trop loin dans leur ingérence qui les expose aujourd’hui au même sort que la France. Reste à savoir si les États-Unis partiront immédiatement ou opposeront une résistance comme Paris », précise le journaliste, auteur du livre « Crise interne au Conseil militaire suprême du Niger » (Ed. L’Harmattan, mars 2024).

En août 2023, la junte nigérienne exige le départ des forces françaises puis celui de l’ambassadeur de France à Niamey. Emmanuel Macron a initialement rejeté ces demandes, affirmant que seul le gouvernement élu du pays pouvait prendre de telles décisions. Fin septembre, il annonce enfin le départ des troupes ainsi que le rapatriement du diplomate français.

« Nous avons pris note de la déclaration du CNSP (NDLR : Conseil national pour la protection de la patrie) au Niger » a réagi dimanche Matthew Miller, porte-parole du département d’État américain. “Nous sommes en contact avec le CNSP et fournirons de nouvelles mises à jour si nécessaire”, a-t-il conclu dans un bref message sur le réseau social X.

type="image/webp">>
 
For Latest Updates Follow us on Google News
 

PREV PRONOS PARIS RMC Le buteur du jour du 28 avril – Ligue 1 – .
NEXT quelques embauches prévues cet été pour les PME