“J’ai vu mon bras tomber, mon poignet se détacher, juste la peau le retenait” témoigne Christelle attaquée par un Rottweiler

“J’ai vu mon bras tomber, mon poignet se détacher, juste la peau le retenait” témoigne Christelle attaquée par un Rottweiler
“J’ai vu mon bras tomber, mon poignet se détacher, juste la peau le retenait” témoigne Christelle attaquée par un Rottweiler

L’image d’un grand Rottweiler noir, debout, se jetant brutalement vers elle, hantera longtemps les jours et les nuits de Christelle. Sortie promener son chien, avant de partir en famille fêter le réveillon de Noël 2023 chez sa mère, la jeune femme, âgée de 41 ans, habitant Bages, est tombée le 24 décembre entre les puissants crocs de ce chien. Très grièvement blessée au bras, elle a été opérée d’une double fracture ouverte déplacée du radius et du cubitus. Une enquête est ouverte, le Rottweiller a été saisi pour être euthanasié.

Les chiens ont arrêté d’aboyer et les enfants ont arrêté de jouer dehors, rue de Catalogne à Bages, qui abrite elle-même un nouveau quartier de voisins solidaires. Tous propriétaires de toutous, dont un couple nouvellement installé, maître de deux redoutables Rottweiler. Depuis leur arrivée, ces chiens, réputés dangereux, effraient les riverains qui préfèrent faire un détour plutôt que de passer devant leur clôture. « On ne compte plus les fois où ces deux chiens ont sauté la clôture, se sont enfuis et ont effrayé les habitants », dénonce le mari de la victime, David Mateo. Lui-même avait le cœur brisé. Pire encore, récemment, sa femme est devenue Saiyan promenant son Golden Retriever et s’est fait pincer le doigt par un de ses animaux. Le plus grand, noir ardent, avec un collier rouge.

Par flash, je ressens encore la chaleur de sa bouche et la force de sa mâchoire qui m’a écrasé le bras

Malheureusement, ce dimanche 24 décembre 2023, vers 19 heures, Christelle Mateo se retrouve à nouveau face à l’attaquant. Et ce soir de Noël, la rencontre tourne au cauchemar. La quadragénaire promène Saiyan lorsqu’elle voit le danger. « Le Rottweiler, debout sur ses pattes, se tient droit au bout de la rue, debout devant moi. Comme s’il me défiait. »évoque la femme blessée dont l’attention est alors attirée par « une charmante petite famille » qui vient de se garer. Après, c’est le trou noir. Coupure électrique. “J’ai perdu la mémoire mais Mickaël, la personne qui m’a aidé, m’a tout dit.” La scène est effrayante. Le temps de courir vers Christelle, le Rottweiler s’attaque au Golden Retriever avant de retomber tout aussi brutalement et violemment sur la jeune femme. Il lui attrape le bras gauche, la piétine sans jamais la lâcher. « J’ai des flashs pendant lesquels je sens la chaleur de sa bouche et la force de sa mâchoire qui écrase mon membre supérieur. Comme si le chien avait verrouillé ses crocs sur mon bras. », décrit la mère. Elle a l’impression “qu’une voiture lui roule dessus.” En réalité, alors qu’elle perd connaissance et tombe au sol, son chien se jette à son tour sur le Rottweiler pour défendre sa maîtresse. Un témoin et son père, alertés par les cris, tentent d’intervenir et de sauver Christelle. Ils alertent parallèlement les pompiers et la police qui interviennent en urgence.

Deux épingles, quatorze vis, cinquante agrafes et trente points de suture pour un double fracture ouverte déplacée du radius, du cubitus et des muscles pelucheux

Christelle vient à peine de reprendre conscience. “J’ai vu mon bras tomber, mon poignet se détacher, il était juste retenu par la peau”, elle panique. D’autant plus que les deux chiens continuent de se disputer pour elle. “C’est là que, je pense, mes os ont bougé.” Avec des béquilles, immobilisé chirurgicalement, David, son mari, et Romain, son fils aîné, assistent impuissants au carnage. Gravement touchée, Christelle a été évacuée vers la clinique du Médipôle Saint-Roch où elle a été immédiatement opérée. « Je souffre d’une fracture ouverte double déplacement du radius et du cubitus, mon bras est cassé en deux, mes muscles sont en lambeaux », déplore la Bagéenne qui a quitté l’établissement ce jeudi avec deux épingles installées, 14 vis, 50 agrafes et une trentaine de points de suture. Sans oublier une ITT initiale d’au moins trois mois. Et une douleur de vingt sur une échelle de dix. « C’est plus fort que tous les analgésiques du monde. J’ai accouché deux fois, je n’ai jamais eu autant de douleur”confie Christelle, le bras en écharpe, coincé dans un demi-plâtre.

J’ai pardonné au Rottweiler, je ne veux pas qu’il soit euthanasié, j’en veux au destin

Elle reste cependant sans ressentiment contre le Rottweiller. «Je lui ai déjà pardonné. Je suis choqué mais je ne veux pas que ce chien soit mordu. Je blâme le destin. Avec tout l’amour que j’ai pour les animaux, perdre mon bras dans la gueule de l’un d’eux, c’est vraiment pas de chance” elle se console, persuadée que les morsures auraient pu être mortelles. “Il aurait pu m’attaquer à la gorge”estime l’employé “historique” auprès de l’office de tourisme de Perpignan. Elle y travaille depuis 19 ans et espère retrouver bientôt son poste. Autrement dit, « d’ici trois mois à un an », lui rappelle tendrement son mari, professionnel du padel. Christelle consacrera ce temps à sa guérison. « J’ai besoin de remettre de l’ordre dans mes idées. Je vais voir un thérapeute et un comportementaliste pour Saiyan. C’était un chien adorable, depuis l’incident, il est devenu un peu agressif. Il m’a sauvé la vie, je vais lui rendre la sienne encore plus belle”insiste-t-elle, laissant l’enquête suivre son cours.

La veille de Noël, la police s’est rendue au domicile des propriétaires du Rottweiler, ordonnant la saisie du chien mordeur et son euthanasie. «Quand j’étais au sol, j’ai entendu le couple se disputer. Le mari criait après sa femme, il lui reprochait de ne pas avoir tué l’animal plus tôt. », confirme la victime qui envisage de porter plainte contre eux. Leurs deux chiens, dont les mâchoires déploient chacune une puissance de 300 à 400 kg par centimètre carré, n’ont, selon les riverains, jamais ligotés, jamais muselés.

Le quartier mobilisé par une solidarité extraordinaire

Les Mateos n’arrivent pas à y croire. Depuis l’attaque de Christelle, 41 ans, tous les habitants de la rue de Catalogne se sont mobilisés. “C’est incroyable. Certains proposent de faire les courses puisque mon mari ne sait pas encore conduire, d’autres de s’occuper des enfants Romain et Cédric, ou de venir me shampouiner, cuisiner… d’autres encore nous envoient des messages de soutien et de courage, les gens sont super », merci Christelle et David qui ne s’attendaient pas à un tel élan. L’effet d’un baume sur une plaie profonde qui, une fois complètement cicatrisée, disparaîtra sous un tatouage. «C’était le cadeau de Noël de mon mari. Je le garde soigneusement », glisse la mère qui, entre-temps, vit des jours et des nuits d’insomnie en se tordant de douleur. Fidèle à ses pieds Saiyan et Eden, le petit chat de la maison.

 
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