Qu’il s’agisse d’activités industrielles, logistiques ou de transport, l’écosystème breton s’apprête à développer les usages liés à l’hydrogène vert. Dans un contexte de transition énergétique, cet hydrogène produit à partir d’énergies renouvelables, solaire, éolienne ou hydroélectrique, fait partie des voies alternatives d’avenir pour certains secteurs d’activité.
Rénovation hydrogène sur autocar Transdev
Soutenus par des acteurs publics ou privés, une cinquantaine de projets retenus, dont la moitié à vocation maritime ou portuaire, sont actuellement en développement, a indiqué l’agence économique Bretagne Développement Innovation à l’issue de la première journée dédiée à l’hydrogène. Le BrittanHy Cette journée s’est en effet tenue le 22 septembre à Saint-Brieuc, réunissant plus de 300 comédiens bretons. A l’échelle régionale, l’objectif serait d’atteindre 10 à 15 % d’hydrogène vert dans la consommation finale en 2050.
” Nous n’en sommes plus seulement au stade du démonstrateur. Les solutions hydrogène commencent à être commercialisées Les pure player de l’hydrogène consolident leur phase d’industrialisation » explique Élodie Boileux, responsable de la mission hydrogène renouvelable et déléguée à la protection des données chez BDI. La jeune entreprise, EHM, acronyme de Efficient Hydrogen Motors, fait partie des acteurs dont les projets, soutenus notamment par les fonds FEDER, voient le jour.
Basée à Châteaulin (Finistère), l’entreprise vient de formaliser plusieurs nouveaux contrats pour l’intégration en retrofit de son moteur à combustion à hydrogène comprimé à haut rendement (55 %). D’ici fin 2023, ce moteur de 265 KW (360 chevaux) sera notamment monté sur un autocar appartenant à Transdev en remplacement d’un moteur diesel.
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Bus, poids lourds et benne à ordures,
” Il s’agit d’une première mondiale car le retrofit consiste généralement à remplacer un moteur thermique par un moteur électrique et une batterie. » précise Bertrand Savatier, le consultant Finances et Affaires de la société présidée par Didier Arénal. « Le moteur sera également installé sur deux autres prototypes d’applications » il ajoute.
Ce premier autocar à combustion d’hydrogène modernisé devrait fonctionner à partir du premier trimestre 2024. Il circulera pendant un an sans passagers, avant son homologation au premier semestre 2025, sur une ligne passant par Rennes et s’arrêtant à la station de recharge hydrogène de Vannes.
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Selon l’accord conclu avec Transdev, la société Alliance Automotive Group (220 garages poids lourds en France) se chargera du démontage du moteur diesel pour remonter à sa place le moteur EHM, couplé à la boîte de vitesses existante. AAG installera également les réservoirs fournis dans le kit EHM.
Le moteur, dont la durabilité est estimée à un million de kilomètres pour les camions et à 15 ans si l’on considère les autocars selon EHM, équipera également un camion poubelle d’une commune bretonne qui produira son propre hydrogène à partir de déchets. du bois (biomasse) et un poids lourd de 44 tonnes appartenant au groupe bourguignon Schiever (199 magasins sous l’enseigne).
Vers des applications militaires autonomes avec Novakamp
Très engagé dans l’utilisation de l’hydrogène, ce spécialiste de la distribution prévoit d’ouvrir une station d’hydrogène vert utilisant des panneaux solaires, et de moderniser 13 de ses 64 poids lourds d’ici trois ans.
” Le retrofit hydrogène cible également les équipements portuaires et les groupes électrogènes, un segment de marché qui devrait devenir une réalité commerciale à la fin du deuxième trimestre 2024, car l’homologation est plus simple. Notre moteur sera ainsi monté sur un générateur destiné aux applications militaires via un partenariat avec la société Novakamp (équipement opex) » explique Bertrand Savatier.
A A terme, EHM espère obtenir des commandes en sous-traitance pour 1 000 à 1 500 moteurs avant de lancer la construction d’une usine de 20 000 m2 à Châteaulin en 2026. Représentant un investissement de 120 millions d’euros, elle sera financée par une levée de fonds, dont une première de 10 millions d’euros pour pré-industrialisation courant 2024, aides publiques et prêts. En 2027-2028, cette usine automatisée de 40 à 50 personnes pourrait construire 3 000 moteurs tournant en équipes.
Plus de 80% d’autoconsommation à domicile
Si l’hydrogène vert représente une alternative autonome pour les armées en opérations, la technologie apparaît également comme une solution énergétique pour l’habitat. Adaptable en neuf ou en rénovation, l’offre modulaire développée à Edern (Finistère) par la société H2Gremm vise plus de 80 % d’autoconsommation bas carbone à la maison.
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La jeune entreprise technologique a également noué un partenariat avec le constructeur Trecobat pour intégrer l’hydrogène solaire dans les habitations individuelles, d’ici quatre ans.
” La solution repose sur un modèle hybride de stockage de l’énergie photovoltaïque produite par les panneaux solaires de la maison. Le stockage par batterie, qui retient l’énergie solaire pendant trois mois, est couplé au générateur H2Gremm (électrolyse) qui transforme et stocke l’énergie en hydrogène » expliquent les deux partenaires finistériens.
Optimiser le stockage de l’énergie permettrait au foyer d’en disposer toute l’année », notamment en hiver lorsque la production photovoltaïque est insuffisante pour couvrir les besoins. » Actuellement en phase d’évaluation, cette technologie sera installée dans la maison expérimentale « villa E-Roise » à Brest du projet national Comepos.