En France, l’hiver social s’annonce rude. Alors que le pays est plongé dans l’incertitude politique et que les finances publiques sont dans le rouge, l’état de l’économie est très préoccupant. La chute a été marquée par une vague de plans sociaux et de faillites d’entreprises. Si les fermetures annoncées par de grands groupes comme Michelin, Auchan ou ArcelorMittal ont retenu l’attention, les petites entreprises ne sont pas épargnées par la crise, bien au contraire.
De notre envoyé spécial à Marseille,
Fin novembre, François Asselin, le président de la Confédération des petites et moyennes entreprises, tirait la sonnette d’alarme. Il dénonce le « plus grand plan social » en cours dans les petites entreprises. A Marseille, au sud de FrancePascale Clergue connaît bien ce problème : « Lorsque vous êtes sur un chantier, cela signifie que vous êtes aux côtés de votre entreprise et donc cela signifie que vous n’êtes pas mort… », déclare ceci cchef d’entreprise, qui nous accueille dans l’un des projets qu’elle gère, celui du futur collège jésuite de Loyola, situé dans un quartier de la ville en pleine mutation.
En mars 2023, sa société d’ingénierie de construction est placée en redressement judiciaire alors qu’elle est insolvable. ” La cessation de paiement, c’est lorsque vous arrivez en début de mois et que vous ne pouvez plus payer les salaires de vos salariés, explique Pascale Clergue. J’avais 11 ans, donc c’était très compliqué. »
Pour sauver l’entreprise, ébranlée par des crises répétées, il a fallu licencier tout le monde. « Les raisons sont multiples. Bien sûr, il y a eu le Covid-19. Pendant deux mois, les chantiers se sont arrêtés, ma trésorerie est devenue catastrophique, elle se lamente. Après le Covid-19, nous avons eu la chance d’avoir beaucoup de travail en 2021, alors nous avons embauché. Mais nous avons été trop justes et quand, en 2022, l’immobilier a commencé à baisser, les taux d’intérêt [ont augmenté]les permis n’ont pas été délivrés, etc. nous avons plongé. Nous n’avions pas suffisamment de ressources pour pouvoir garder les salariés dans l’entreprise. »
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« Nous avons des plans sociaux qui sont monumentaux »
Anne Jegat est chef d’entreprise et juge au tribunal de commerce de Salon-de-Provence. Elle est donc en première ligne de la crise actuelle. « Le tribunal de commerce est un tribunal de patrons, géré par les patrons, bénévolement. Nous jugeons, mais nous conseillons beaucoup. »Elle explique que les plans sociaux touchent moins les TPE et PME que les grandes entreprises : « On les appelle encore PME, mais ce sont de grosses PME. Nous avons des plans sociaux qui sont monumentaux, auxquels nous n’étions pas habitués, des entreprises qui ont fait vivre beaucoup de gens et qui s’effondrent. »
Désormais seule et lourdement endettée, Pascale Clergue regarde avec inquiétude la tourmente actuelle, mais elle veut croire qu’elle est désormais mieux préparée à affronter la tempête. « Cette traversée sur deux ans est ce qui m’a le plus appris en tant que chef d’entreprise, elle assure. Je ne dis donc pas que tous les chefs d’entreprise devraient déclarer faillite et créer une entreprise. Mais je crois que Steve Jobs a dit : « Pour être un excellent chef d’entreprise, il faut faire couler son entreprise trois fois. » »
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