jeIl ne faut pas longtemps pour enlever ses gants pour caresser les fixations. Mais malgré le froid qui démange et les doigts engourdis, les amateurs de livres se sont retrouvés à l’Espace Mably ce samedi 18 janvier. Entre l’église baroque Notre-Dame et la coupole de verre des Grands-Hommes, le site, qui abritait autrefois la bibliothèque municipale, accueille 17 exposants venus de toute la France à l’occasion du 18e Salon du livre ancien. Organisée par l’association Les Amis du livre ancien et moderne (Alam) et le Syndicat national des libraires et brocants (SNBB), avec le concours de la Ville, la manifestation se poursuit ce dimanche.
Parmi les visiteurs ce samedi, certains déambulent au hasard, avec « l’envie de se laisser surprendre », comme Cédric. Et d’autres vont droit au but avec un objectif bien précis en tête. Avec les bouquinistes dans la cour et les bouquinistes dans la salle capitulaire, ils n’ont que l’embarras du choix.
« Bureau à ciel ouvert »
Exemple avec Franck Morant, qui vend de tout à partir de 1 euro. Et Antoine Fleury, qui ne vend du Jules Verne original qu’à partir de 200 euros. Le premier est libraire depuis trente-trois ans à Bordeaux où il tient son « bureau à ciel ouvert » les mardis, mercredis et samedis place Jean-Moulin ; Les jeudis et vendredis à La Victoire. « Les gens nous confondent parfois avec les déballeurs de vide-greniers. Je n’ai rien contre, je suis le premier à voir ce qu’ils ont à vendre. Mais nous ne vivons que de notre activité. C’est une activité difficile en termes de revenus, mais le fait d’aimer les livres, d’aimer ce qu’on fait, compense les fins de mois qui ne sont pas toujours faciles. »
Son stand regorge de tentations pour les bibliophiles, avec de belles éditions, et pour les bibliophages, avec des pochettes à prix cassés. « Sans nous, que feraient les enfants qui lisent sans fin : ces nouveaux livres valent 8 ou 9 euros ? » Bien qu’ils vendent des trésors, les bouquinistes ne font pas fortune. Et pourtant, le métier continue d’attirer. Aux côtés de Franck Morant, Luc Martin explique avoir franchi le pas il y a quatre ans. « Avant, je travaillais dans l’édition. Et j’ai réalisé que la vie de bureau ne me convenait plus et que ce que je préférais, c’était le contact sur les salons. J’ai donc eu ma crise de la quarantaine pour changer de vie. C’est difficile mais je ne regrette rien», confie celui qui, à 50 ans, est considéré comme un «petit jeune» parmi les bouquinistes.
“Le fait d’aimer les livres, d’aimer ce qu’on fait, compense les fins de mois qui ne sont pas toujours faciles”
Même passion mais modèle très différent dans la salle capitulaire. Originaire de Chartres, Antoine Fleury vend du Jules Verne, rien que du Jules Verne. Le nom même de sa librairie, Aux Deux Éléphants, est un hommage au maître de l’anticipation. « J’étais collectionneur avant d’être libraire. Et aujourd’hui, je pense avoir le plus gros stock au monde. » Sur son stand, uniquement des cartons Hetzel originaux avec des prix allant de 200, 300 euros jusqu’à des montants à cinq chiffres. « Il y a des pépites », commente Jean-Bernard en désignant un volume d’un doigt expert. « Tout ce qui n’est pas rouge est très recherché », explique Antoine Fleury, dont le stand se transforme rapidement en conférence d’experts. « J’aime dire que je dirige un salon », sourit l’homme chartrain. Il récidivera ce dimanche de 10h à 18h aux côtés des 16 autres exposants.