Il est une figure de l’artisanat et du commerce chinois en général. Dominique Dagault a ouvert son atelier au 20, rue du Commerce à Chinon le 13 mars 2006. « Je cherchais une ville en lien avec le métier de relieur et d’enlumineur, et à l’époque, mon petit garçon faisait de l’escrime. Puis c’était un retour aux sources, mes parents sont de Cravant et Panzoult. » précise-t-elle.
D’aussi loin qu’elle se souvienne, l’artisane a « J’ai toujours aimé les livres, l’histoire et la peinture ». La passionnée a effectué un CAP à Paris, travaillé dans l’édition, passé des années à voyager et à apprendre les langues étrangères pour enfin ouvrir son atelier Incipit Liber (là où commence le livre). « J’ai toujours vécu dans les livres. Le livre est ce qui est le plus important. Grâce à Gutenberg, nous avons déployé des connaissances », explique-t-elle.
Le travail de relieur est un métier qui évolue lentement. « Il y a beaucoup d’opérations. Un temps de séchage, de mise sous presse, est un temps incompressible, assure-t-elle. Nous ne pouvons pas venir la veille pour le lendemain. » Après quarante ans d’expérience, elle confie avoir encore des surprises : « C’est une remise en question perpétuelle pour trouver des solutions. »
« Un relieur est comme un médecin de famille »
Grâce à son savoir-faire et son expérience, elle sait redonner vie à un livre, même avec des pages détruites. Comme un médecin, elle soigne. « On trouve presque toujours une solution » » partage Dominique Dagault.
Elle travaille sur commandes de particuliers pour réaliser des reliures d’art, des enluminures ou des calligraphies. Ces clients sont des bibliophiles (y compris des amateurs de beaux livres), pour la plupart propriétaires de résidences secondaires à Chinon. De beaux livres anciens, mais aussi des livres plus modestes et contemporains à grande valeur sentimentale, comme le livre de recettes de grand-mère ou l’album de mariage.
Elle peut compter sur une clientèle fidèle : « Un relieur est comme un médecin de famille. Une fois que vous l’avez, vous ne le quittez plus. Je connais les goûts et les attentes des clients, une relation de confiance s’établit dans la durée. »
Restauration d’une bible de 1551
Récemment, Dominique Dagault a restauré une bible de 1551. « On touche à l’histoire, c’est un plaisir de travailler sur de telles pièces. Il pourra partir encore 200 ans”explique celui qui est un conteur d’histoire.
Elle transmet régulièrement son savoir-faire aux stagiaires. Comme Benoît, que nous avons rencontré lors de notre venue. Originaire du Pas-de-Calais, il a passé trois jours à apprendre les bases de la reliure pour imiter son grand-père, bibliophile et relieur amateur.
À 63 ans, Dominique Dagault n’envisage pas de prendre sa retraite, au grand soulagement de ses clients. «Je pense que j’aurai jusqu’à 70 ans. J’aime ce que je fais, je travaille à mon rythme : je suis désormais fermé le lundi, si je veux fermer, je ferme. Qui veut aller loin prend soin de son cheval”elle a souri.
Voici notre quatrième et dernier volet de notre série dédiée aux artisans de Chinon.