Stop aux clichés
L’Andennais Jacques Duchateau et sa compagne Valérie « Lily » Vernimmen ont démarré ce projet au début de leur relation. Alors que Jacques cherchait à s’installer à Hastière, Lily, qui y vivait depuis 2016 (elle tient une maison d’hôtes axée sur le jeu : meurtre party, Cluedo, etc.), lui a proposé d’aller à la rencontre des locaux. Journaliste de formation (Jacques travaille aux Editions de l’Avenir), l’idée d’une collection est née.
La première réunion s’est tenue à la Villa 1900 à Waulsort (vendue depuis). C’est le début d’un voyage qui les mènera sur les traces de 50 personnalités, issues des sept villages de l’entité. “Chacun était invité à proposer trois autres noms, souligne l’auteur. Michel Rémy, le dernier passeur d’eau, homme d’une culture et d’un humour extraordinaires, futsouvent cité. Tout comme Jonathan Porignaux. Tout le monde le connaît. L’auteur confie : «Certains se sont vraiment livrés, avec pudeur bien sûr. Ils nous ont raconté leur vie . C’est drôle de voir comment les gens se réinventent vers 40-50 ans. Beaucoup ont changé de vie à cette époque.»
La personnalité qui les a le plus marqués : Rudi Jacques, facteur d’orgues décédé peu après la rencontre. “Nous nous sommes posé la question : faut-il le laisser dans le livre ou pas ? C’était dommage de l’enlever : c’était un des plus beaux portraits. Nous l’avons laissé écrit au présent. Sans lui, il y aurait eu un chaînon manquant.»
L’ouvrage redonne ses lettres de noblesse à l’entité des bords de Meuse. “Hastière a une mauvaise réputation de ville pauvre. Arrêtez les clichés. Si la richesse n’est pas économique, elle est humaine ! Il faut redonner de la fierté aux Hastièrois.»
Deauville belge
Au fil des échanges, si les problèmes de propreté, d’incivilités et d’isolement liés au manque de transports en commun sont régulièrement évoqués, c’est surtout la beauté de cette perle de la Meuse qui ressort. « Nous sommes dans un cadre incroyable, murmure Lily, qui ne bougerait pour rien au monde. « Et il déjà de tout : bouchers, boulangers, restaurants, écoles, centre culturel, etc. Il y a aussi beaucoup d’artistes et d’artisans. Il y a vraiment moyen de redonner du dynamisme. Les habitants parlent d’Hastière avec tant d’étoiles dans les yeux…“
À l’époque, beaucoup s’en souviennent, la ville mosane était un pôle touristique majeur. “Waulsort était le Deauville belge de l’entre-deux-guerres. Nous avons aussi beaucoup entendu parler de la plage. Malheureusement, depuis 40 ans, Hastière est en déclin.»
Ce livre, pour Jacques et Lily, est un projet de couple. “Cela nous a rapproché encore plussourit Lily. Et cela a permis à Jacques de s’intégrer quelque part, avant même d’occuper son nouveau logement..» Au-delà de la couverture, le livre est une pépite pour les habitants d’Hastière, de la région et au-delà (vous reconnaîtrez certainement certains visages). C’est aussi une mine d’or pour les décideurs locaux. Positif, il pousse à l’évasion et incite à l’audace. Une délicate attention sous le sapin.
BREF
Une auto-édition inabordable
Au départ, le couple souhaitait auto-éditer le livre de 300 pages. Cela s’est vite révélé inabordable. Après avoir frappé à plusieurs portes sans succès pour obtenir un soutien financier, c’est finalement la Région wallonne qui leur a ouvert les bras. “Philippe Gémis, directeur des archives et des publications, a déclaré : nous allons publier le livre», précise Jacques Duchateau. Il a été publié dans le cadre de la série « Identity ».Un premier numéro sur Milo Dardenne est paru l’année dernière. Notre livre est le numéro 2.» L’éditeur de la Région wallonne, Ediwall, a édité 500 exemplaires du livre.
Exposition du 11 au 26 janvier
Une exposition photos se tiendra du 11 au 26 janvier dans la grande salle du centre culturel Hastière. Nous découvrirons 52 portraits et 8 photos de paysages. “Tous les samedis et dimanches de janvier, nous organiserons une visite commentée de l’exposition.»
Une ouverture est également prévue, pour réunir les 50 participants. “Ce qui est drôle c’est que le 4ème habitant ne connaît pas le 26 et ainsi de suite. C’est l’occasion pour eux de se rencontrer.» Jacques Duchateau est l’auteur de deux autres ouvrages, plutôt photographiques, consacrés aux cimetières de Wallonie et de Bruxelles.
Le livre « Hastière, visages et rives » est vendu 15 € en librairie et sur le site de l’éditeur https://ediwall.wallonie.be