Quel est le point commun entre « Providence Canyon » de Corinne Cotereau, « Flashbulb Memories » de Cécilia Saint-Denis et « Japan Rhapsody » d’Adama Sissoko ? Tous les trois ont été écrits et publiés en 2023 et 2024 par FemmExpats avec des parcours vraiment originaux et feront de très jolis cadeaux de Noël !
Canyon de la Providence de Corinne Cotereau
La genèse de ce roman, publié chez Albin Michel en 2024, pourrait ressembler à un conte de fées… Mais ce serait minimiser la qualité et le travail derrière Providence Canyon. Corinne a écrit ce roman au début de la pandémie. Pour vous les expatriés, un contexte qui vous rappellera des souvenirs : fraîchement arrivée avec son mari à San Diego en février 2020, enfants partis étudier en Europe et au Canada, mère décédée quelques - auparavant, nid vide, frontières fermées… Des émotions en abondance. Partir ou pas ? Ce qu’il faut faire? Peindre, comme le prévoyait le plan initial ? Les galeries ferment. Colère… et puis, cette pensée qui persiste malgré tout. Les expatriés appellent cette résilience : « Vous vivez au paradis, essayez d’en faire quelque chose… ».
Un pont en bois découvert sur Google Earth…
Comme beaucoup d’entre nous, Corinne est au téléphone et se souvient d’un week-end passé en camping dans le désert. Elle y retourne, virtuellement, sur Google Earth, zoome, dézoome… et décide de suivre une voie ferrée abandonnée, qui la mène jusqu’à un pont de bois. Une photo s’affiche : « Et là, comme par miracle, dans ce décor que je ne connais pas, j’imagine une histoire, les personnages prennent vie. Avec eux, je vais échapper à la réalité et passer mes journées cachée dans mon désert préféré. »
L’écriture n’est pas une nouveauté pour Corinne, qui avait même envoyé quelques années plus tôt un manuscrit à des éditeurs parisiens. Là, elle s’est inscrite à un atelier en ligne et s’est lancée sans relâche dans l’écriture pendant 18 mois. « Écrire devient une drogue, pour mon plaisir, mon bien-être, sans penser à l’édition. » Une fois le manuscrit terminé, elle repère un auteur parmi les followers de son compte Instagram. Gérard de Cortanze. Elle le contacte un peu effrontément, se fait gronder par ses enfants, se rend compte qu’il fait partie du comité de lecture d’Albin Michel. « Avec le recul, je me rends compte que ce sont les USA qui permettent d’oser. L’optimisme général de la société et de mon entourage m’a vraiment soutenu dans ce projet. » Une persévérance qui l’emporte, puisque Corinne reçoit un avis favorable de l’éditeur et deux ans plus tard, alors qu’elle s’apprête à terminer un deuxième roman, Providence Canyon est entre ses mains. “Une sensation étrange, c’est un peu une exposition…”
Une invitation au voyage…
A vous de découvrir comment Corinne a réhabilité ce pont, cette voie ferrée, donnant un peu de chaleur humaine à ce désert grâce à la présence de personnages aux destins étranges mais auxquels on finit par s’attacher. On se demande parfois si nous ne lisons pas la traduction d’un roman américain… Mais non, la double narration, portée par Stéphanie, une étudiante française dont nous lisons le journal, rappelle que c’est bien un regard français qui nous emporte. Car oui, on voyage, on bouge, on creuse, on transpire. On dit que l’expatriation nourrit notre esprit de résilience et de courage. Dans Providence Canyon, c’est dans l’écriture qu’on les vit !
Providence Canyon a reçu le Prix des Lecteurs du mensuel Notre-- 2025
Corinne sera en dédicace à New York, chez French Wink ce vendredi 13 décembre de 15h à 17h
Flashbulb Souvenirs, de Cécilia Saint-Denis
Flashbulb Memories pourrait se résumer ainsi : « Quand les montagnes russes de la parentalité rencontrent celles de l’expatriation… ». Un livre qui parlera sans aucun doute à plus d’une famille expatriée !
Cécilia Saint Denis est expatriée aux USA depuis 2009. Mère de 3 puis 4 enfants, elle part avec son compagnon, travaillant tous deux respectivement pour L’Oréal et Danone. Elle finit par lancer son entreprise en 2018. En 2020, grâce au confinement qui lui offre un peu plus de - libre, elle prend sa plume et écrit, en anglais, quelques histoires issues de souvenirs familiaux, sous forme de nouvelles. .
Parler de montagnes russes de l’expatrié avec douceur et poésie
Tous s’inspirent d’abord de faits réels, de sa vie de famille expatriée, puis s’envolent souvent vers l’imaginaire et la poésie. Cela va de la petite enfance, jusqu’à l’adolescence puis au départ des enfants. « Vous savez, on dit souvent de certaines situations : on aurait dû les noter !‘ ils sont tellement drôles et appropriés. Eh bien, c’est dans cet esprit que j’ai commencé à écrire ces nouvelles. J’avais des flashs très précis de certaines scènes de nos vies et j’avais envie de les écrire. D’où ce titre de souvenirs flash… ».
Mais ce qui fait la particularité de ce livre, c’est le dialogue entre les textes de Cécilia et les très jolies illustrations de Stéphanie Weppelmann, qui vit désormais en Allemagne après avoir également voyagé plusieurs pays avec sa famille. L’ensemble crée un univers doux, poétique, voire parfois philosophique. Dans laquelle les mots « cartons », « interculturel », « bilinguisme » ou encore « adolescents » sonnent comme de jolies mélodies.
Comme le résume très bien Alexis Milcent, expatrié aux USA : « On prépare souvent une expatriation avec la tête : la littérature pourrait permettre de la préparer aussi avec le cœur, ce qui est loin d’être inutile… »
Flashbulb Memories est publié par Apprentice House Press et disponible sur Amazon
Japan Rhapsody d’Adama Sissoko
C’est déjà le deuxième roman d’Adama, qui parcourt le monde depuis plusieurs années. Son premier livre, The Insignificant, suit le parcours d’une jeune femme dans les coulisses de l’hôtellerie de luxe aux USA. Un roman largement inspiré de sa propre expérience de jeune diplômée arrivant à Baltimore.
Japan Rhapsody retrace l’expérience d’Adama au Japon. « Je suis venu au Japon parce que je voulais de nouvelles aventures. J’ai répondu à une annonce pour devenir professeur d’anglais, j’avais encore la possibilité de partir en vacances-travail, j’ai emmené mon copain avec moi et voilà, la page japonaise de ma vie était ouverte ! » Adama écrit des pages chaque jour, dans un journal de bord qu’elle remplit quotidiennement.
Un journal de bord intime et sincère
C’est à son arrivée en Suède, quelques années plus tard, que lui vient l’envie de le publier. « J’avais besoin de faire ressortir toutes ces émotions que j’avais vécues au Japon, et je savais que mon expérience pouvait être utile à d’autres voyageurs ou expatriés comme moi. »
Parce qu’elle a connu des surprises. « Mon premier choc a été de découvrir la place qu’occupent les femmes dans la société japonaise. Je me souviens qu’ils ne voulaient pas que je signe le bail de notre appartement parce que c’était mon conjoint qui avait le « pouvoir », par exemple. Ajoutez à cela mes origines africaines… il y a eu des moments drôles pour moi. » Et de grands moments de solitude en tant que femmece qu’Adama évoque discrètement, les contraintes liées à l’accès à l’avortement, l’autorisation nécessaire du partenaire, le coût de l’intervention… entre 800 et 3000 euros selon les cliniques….
Bref, un carnet d’expatriation de 245 pages, et pour Adama, le sentiment d’avoir clos un beau chapitre de sa vie, qu’elle continue aujourd’hui en Suède. « Le problème, c’est que je m’ennuie vite. Je veux bouger tout le -, apprendre des autres tout le -. Pour voyager… » En attendant, c’est Adama qui donne des cours, puisqu’elle intervient régulièrement dans des établissements universitaires pour sensibiliser les étudiants à la francophonie.
Le livre d’Adama Sissoko sur Amazon.
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