Par
Editorial Coulommiers
Publié le
16 novembre 2024 à 7h26
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« Presque tout ce que je plie et assemble est écrit par des hommes, Bastiaan. Quand maman m’a dit que George Eliot était en fait une femme, j’ai décidé de changer mon nom pour Edward. Pendant une semaine entière, je n’ai pas répondu à un autre nom. »
Collectionneur de mots oubliés
Si comme moi, vous êtes amateur de livres, vous adorerez lire The Oxford Bookbinder écrit par Pip Williams, paru ce 26 septembre aux éditions Fleuve. L’auteur a trouvé l’idée de ce roman alors qu’elle fouillait dans les archives d’Oxford University Press pour écrire The Collector of Forgotten Words. Forte de ses trouvailles et de son imaginaire, Pip Williams nous propose un roman historique féministe inspiré d’une histoire vraie, celle des femmes relieuses d’Oxford Press et de leurs implications pendant la Grande Guerre.
J’ai été profondément touchée par le personnage de Peggy, cette femme relieuse inventée de toutes pièces par l’auteur. Amoureuse des livres, mais dont le métier consiste uniquement à les plier, elle lit et mémorise autant de mots qu’elle le peut. Lorsque les livres sont mal reliés et jugés « sans valeur », elle les récupère et les récupère sur son bateau qui lui sert de maison, à elle et à sa sœur. Peggy aimerait être plus qu’une relieuse, être étudiante ou écrivaine.
Mais elle refuse de tenter de s’élever, car elle doit être là pour sa sœur jumelle Maude que l’on dit « différente » – alors qu’aujourd’hui, on penserait directement à un handicap cognitif.
Depuis que la guerre mobilise les hommes de presse et que les réfugiés belges sont accueillis à Oxford, de nombreuses opportunités s’offrent à Peggy pour espérer devenir quelqu’un. Elle se porte volontaire pour lire aux soldats blessés, elle rencontre un étudiant de Somerville qui lui ouvre les portes de l’université et elle trouve l’amour.
Reliure et conception
Les passages concernant la reliure et la conception du livre sont pour moi les plus fascinants. Nous pénétrons dans les coulisses des différents métiers de la chaîne du livre de cette époque. Le travail est organisé de cette manière : les hommes effectuent le travail visible, c’est-à-dire l’impression et la fixation des couvertures de livres, tandis que les femmes plient, assemblent et cousent. J’ai été étonné de lire que les relieuses coordonnaient leurs mouvements pour une plus grande efficacité, comme une danse dont elles ont le secret.
Il m’a été impossible de lâcher ce roman tant il est complet et prenant. J’ai été enchanté par toute la documentation que l’auteur nous a fournie : techniques de chaîne de livres ; des citations de classiques publiés à l’époque ou de leurs rééditions ; la réalité de la guerre ; l’implication des femmes dans les usines pour remplacer les hommes mobilisés ; le traumatisme des survivants de la guerre ; les correspondances déchirantes. C’est la première fois que je suis autant transporté par un roman historique. C’est un livre que je continuerai de recommander car c’est une belle découverte pour moi.
Pip Williams, The Oxford Bookbinder, Éditions Fleuve, 464 pages, 22,90 €
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