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Un « lac insondable » à l’intérieur du « Je », un parking de voitures classées par couleurs, un gouffre : « L’ESPACE » est le premier roman caméléon d’un jeune écrivain également musicien.
À mesure que nous vieillissons, il est clair que les livres, du moins dans leur forme, deviennent standardisés. Pour s’en convaincre, il suffit de comparer une bibliothèque dédiée aux enfants (où tout est généralement à l’envers, dans des formats variés) et les étagères pour lecteurs adultes (où idéalement rien ne dépasse). Le narrateur de ESPACE (en majuscules, un titre qui prend de la place) montre une certaine nostalgie des albums d’enfance et comprend que les illustrations lui manquent. Il se souvient particulièrement de la fascination qu’il avait sur lui “livres en relief” où, quand on tournait une page, tout un monde se levait soudain, « se déployant dans l’espace des temples incas et des châteaux fortifiés, des forêts funéraires et des maisons hantées anglaises, une architecture de dentelle qui, la page tournée, restait là, s’évanouissait dans l’épaisseur disparue ». Désormais, parmi les grandes, “Aucun bâtiment ne s’élève dans les airs”. On peut se décider, ou pourquoi ne pas se demander : comment y remédier avec les moyens du bord ?
Pics d’intensité
Le premier roman de Gabriel Gauthier (né en 1992 sur une colline dominant Rouen, à Mont-Saint-Aignan, diplômé des Beaux-Arts, musicien, deux livres de poésie derrière lui) ne comporte ni illustration ni système de découpage.