Philippe Artières, Albert Londres, Christophe Boltanski – .

Philippe Artières, Albert Londres, Christophe Boltanski – .
Philippe Artières, Albert Londres, Christophe Boltanski – .
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« Les Peuples du Larzac. Une histoire de crânes, de sorcières, de croisés, de paysans, de prisonniers, de soldats, d’ouvriers, de militants, de touristes et de moutons… », de Philippe Artières, La Découverte, « Poche », 280 p., 12 €.

« Marseille, porte du Sud », d’Albert Londres, Arléa, « Poche », 124 p., 8 €.

« La Fermière tuée par sa vache et autres faits divers », de Christophe Boltanski, Autrement, « Zadig », inédit, 200 p., 15 €, numérique 11 €.

Ce n’est pas l’histoire du Larzac stricto sensu, causse calcaire situé à l’extrémité sud-est de ce triangle inversé formé par le Massif Central, terre rude, plateau rude, découpé de gouffres et fertile en rapaces et sangliers (capitale Millau), mais celui de « sa peuple », ou ses peuples, permanents et de passage, auxquels l’historien Philippe Artières s’attache magistralement Les habitants du Larzac. Car si le Larzac est une scène, c’est au sens le plus théâtral, voire cinématographique, du terme : un ring, un espace ouvert que l’homme réquisitionne pour jouer et rejouer son histoire, vider son sac ou régler ses comptes.

Si, dans les années 1970, le Larzac était le théâtre célèbre d’un grand happening rural, une sorte de Woodstock, une utopie paysanne où se heurtaient État pompidolien et contestation non-violente, Michel Debré (1912-1996) face à Lanza del Vasto (1901 -1981), tout ne commence pas là, mais avec Gemma, une sorcière gauloise dont un texte retrouvé tente de conjurer les pouvoirs. Sur ses traces furent les Templiers et les Hospitaliers de Jérusalem qui, expulsés de Terre Sainte, firent du Causse une ferme modèle.

Si les guerres de religion ont ensanglanté les lieux, c’est au XIXèmee et XXe siècles qui commencent “le temps du camp” ce qui donnera au Larzac son aspect historique et controversé. L’éloignement et la prétendue vacance des lieux (alors qu’une paysannerie industrieuse et infatigable s’y emploie) sont propices à l’implantation de fermes pénales pour adolescents au cou raide, de camps d’entraînement militaire, d’internement de républicains espagnols puis de dénazification d’officiers allemands. Ils furent remplacés par des militants du FLN puis des harkis exilés d’une ancienne Algérie française. En 1971, alors que la République veut augmenter la superficie du camp militaire de 3 500 à 17 000 hectares, le Larzac en colère atteint le rang de mythe contestataire et libertaire. C’est cette longue et séculaire cohorte de personnes marginalisées, exilées, vaincues et spoliées que nous restitue le livre de Philippe Artières, à la fois témoin et historien.

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