L’éditeur Haere Pō a choisi d’évoquer le thème du Salon 2024 « Te Mau Toa Heroes » avec quatre nouveautés, deux héros, une héroïne et un personnage à la fois héros et anti-héros.
Le premier personnage est légendaire, c’est Maui, le pêcheur de l’île (édition tête-bêche illustrée par Jean-François Favre, texte tahitien de Vahi Sylvia Tuheiava-Richaud). Le second est un humain à la frontière du naturel et du surnaturel dans «Kae et le pays des femmes » (Texte marquisien tiré du Field Notebook de Von den Steinen de 1897, transcription et traduction en français par Michael J. Koch et Denise et Robert Koenig). L’héroïne s’appelle Tini, elle apparaît dans “Tini, Petite méduse bleue”. Elle cherche à établir des contacts qui ne piquent pas avec les habitants du lagon et de l’océan (texte et illustrations de Mélodie Seybald, traduction tahitienne d’Emma Faua-Tufariua).
Enfin, il s’agit de Cabri. Il est un héros historique (1780-1822), marin corsaire puis baleinier (1793-1997), débarbeur aux Marquises (1799), guerrier à Nuku Hiva (1801-1804), kidnappé par une escadre russe et qui finit en Sibérie. ( 1804-1805) pour présenter ses tatouages et ses danses marquisiennes au tsar Alexandre 1erest à Saint-Pétersbourg (février 2007) puis auprès du roi Louis XVIII (18 juillet 1807). Il apparaît également dans les cabinets de curiosités en France, à Genève et en Belgique avec un catalogue adapté à ces différents publics (1817-1822). “Alors héros ou anti-héros ?», c’est aux lecteurs de répondre.
Cabri, Cabrit, Cabiche, Kabris (les noms de ce personnage hors du commun sont multiples, tout comme ses identités) ont mené longtemps une vie héroïque tant qu’il a été reconnu dans la société marquisienne pour ce qu’il était (un guerrier), dans la société européenne. société pour ce qu’il n’était plus (un guerrier marquisien). Mais lorsqu’il a joué sa vie héroïque devant un public qui l’a de plus en plus mal compris, «sa survie était plutôt antihéroïque ».
Un ouvrage de Christophe Granger, intitulé «Joseph Kabris ou les possibilités d’une vie” a été publié par Flammarion (2020). Il est “admirable et complet !» souligne Robert Koenig. “C’est pourquoi Granger a accepté de préfacer notre petit ouvrage de 144 pages illustré de gravures peu connues de Cabri.»
Pour leur livre intitulé «Nouveaux détails historiques et vrais, revus, augmentés et commentés sur le séjour de Joseph Kabris, natif de Bordeaux, dans les îles de Mendoça. »les éditions Haere Pō s’appuyaient sur les différentes versions des catalogues imprimés pour les expositions Cabri puis sur les témoignages directs et parfois inédits de ceux qui l’ont bien connu à bord de la frégate russe qui l’a amené de Nuku Hiva en Sibérie, et enfin de ceux qui ont pu assister à ses spectacles à Saint-Pétersbourg.