« Leo » de Deon Meyer, un roman violent et fleur bleue – Libération

« Leo » de Deon Meyer, un roman violent et fleur bleue – Libération
« Leo » de Deon Meyer, un roman violent et fleur bleue – Libération

L’auteur sud-africain continue de dénoncer la corruption et les violences qui gangrènent son pays tout en s’accordant quelques instants de romance.

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L’avocat Basie Small est allongé sur le dos, la bouche ouverte, s’étouffant avec de la mousse qui se dilate dans la gorge. Une mort effrayante et inédite, découverte par le duo de choc, Benny Griessel et Vaughn Cupido. Pour des raisons obscures et fausses (voir Avidité, publié en 2022 et réédité dans Police Folio), les deux policiers ont été rétrogradés. Ils ne font plus partie des Hawks, une unité d’élite sud-africaine dotée d’autorité, mais se retrouvent dans des policiers de base occupés à résoudre des vols de vélos. Après quelques mois au purgatoire, ils intègrent la cellule des crimes graves et violents et c’est déjà mieux. Justement, cette affaire de meurtre bizarre les remet sur les rails, car l’avocat Basie Small sortait avec d’anciens soldats des forces spéciales. Une autre victime, un homme politique, est tuée à son tour et de la même manière. Derrière tout ça, de l’argent, beaucoup d’argent.

Comme toujours avec Deon Meyer, les intrigues se multiplient, vols, corruption, millions de dollars en or et billets de banque, mafia russe… Mais le plus important reste quand même le mariage prochain de Benny Griessel, qui hésite et prend peur devant l’ampleur du défi. . Ce grand gaillard parle facilement avec ses poings mais ici, il tremble devant cette responsabilité et craint de replonger dans l’alcool par faiblesse. Quant au costume sur mesure proposé par sa fille, Benny n’y voit que une perte de temps et d’argent pour une cérémonie qui le paralyse. Pendant ce temps, Cupido continue son régime… il ne reste plus que dix kilos à perdre !

Il est comme ça, Deon Meyer, un parfait professionnel prêt à décrire une cascade de meurtres, à dénoncer l’injustice et à déplorer le manque de démocratie dans son pays, mais aussi une fleur en décrivant Benny tout ému devant Alexa, au moment de déclamer : « Tu es mon verre de soleil, mon petit seau… »

Cette nouvelle enquête, la quinzième, n’est pas forcément la meilleure et on se réjouira plutôt de la sortie de poche du génial l’âme du chasseur (Seuil, 2003) mais le romancier réussit à nous toucher avant de pointer la corruption endémique de son Afrique du Sud et sa violence aveugle. L’auteur capture les moindres détails et le lecteur sourit tandis que Chrissie, guide touristique et plus encore, explique aux Américains quoi faire lorsqu’un lion charge. En ce moment, nous sommes au coeur du Zimbabwe, la nuit tombe et « La Voie Lactée forme un dôme de cathédrale ». Conteur habile et sincère, l’auteur n’aura jamais fini de décrire son pays, et personne ne s’en plaindra.

Lion de Deon Meyer, traduit de l’afrikaans par Georges Lory, « Série Noire », Gallimard, 620 pp, 23 €.
 
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