ça fait toujours du bien de redécouvrir Jean Meckert

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Manifestation des salariés de Renault, à Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), en juin 1938, en pleine crise économique. IMAGES BRIDGEMAN

« La Lucarne », de Jean Meckert, édité et préfacé par Stéfanie Delestré et Hervé Delouche, éd. Joëlle Losfeld, « Arcanes. Les œuvres de Jean Meckert 9″, 246 p., 16,70 €, numérique 12 €.

Les placards des maisons familiales recèlent souvent de sombres secrets. Celui de Jean Meckert (1910-1995), auteur unique, célébré par la critique, puis oublié, redécouvert et passé à la postérité comme auteur de polars sous le pseudonyme de Jean Amila, contenait des chefs-d’œuvre en danger. En 2004, Laurent Meckert, son fils, ouvre les portes à Stéfanie Delestré, future directrice de la « Série Noire » chez Gallimard, et à Hervé Delouche, correcteur et spécialiste du détective. A l’intérieur, dans l’immeuble familial de Lorrez-le-Bocage-Préaux (Seine-et-Marne), des trésors sont exhumés : des ouvrages aux couvertures jaunies, des papiers personnels, et même un dactylographié inédit. Tel un véritable Lazare des lettres, Jean Meckert est sur le point de connaître une résurrection.

«C’est plutôt une redécouverte»s’amuse Joëlle Losfeld, dont les éditions ont publié, depuis 2005, neuf volumes des œuvres de Meckert, sauvées de l’oubli par le duo Delestré-Delouche : huit parus dans la collection « Blanche » chez Gallimard, entre 1941 et 1954, et un inédit (La marche au canon2005). La lucarne (1945) constitue l’avant-dernier volume de cette entreprise mémorielle.

Livre après livre, sous une élégante couverture en papier gaufré ornée d’un portrait au pochoir de Meckert, Hervé Delouche retrouve le même « l’authenticité littéraire, la grande force des dialogues, une voix et un style de réalisme lucide ». Toutes ces qualités ont fait pleuvoir sur l’ancien gamin de Belleville les louanges d’une kyrielle de parrains enthousiastes, Gide en tête, dès la parution d’un premier roman âpre, Coups (Gallimard, 1941). Malgré ces éloges, l’échec public ne s’est jamais démenti, et les nécessités de la vie quotidienne, associées à un désir farouche de préserver sa voix unique, ont poussé Meckert vers le roman policier, sous la bannière de la « Série noire ». Devenu Jean Amila, il s’impose comme l’un des auteurs français les plus marquants de la collection mythique tandis que son sosie originel, Jean Meckert, ne semble jamais connaître de reconnaissance au-delà d’un certain cercle. des initiés.

On parlait de le remettre au goût du jour depuis 1993, lorsque Jean-Jacques Pauvert (1926-2014) rééditait Coups édités par Terrain vague, rachetés après la faillite de leur fondateur, Eric Losfeld (1922-1979), son proche ennemi. Ironie de l’histoire : vingt ans plus tard, c’est Joëlle Losfeld, fille de ce dernier, qui parachève cette tentative infructueuse, après avoir publié l’intégralité de la période « Blanche » de Meckert, sous le patronage de Stéfanie Delestré et Hervé Delouche.

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